The Dead Weather

Dodge And Burn

Dodge And Burn

 Label :     Third Man 
 Sortie :    vendredi 25 septembre 2015 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Être persuadé d'avoir fait quelque chose et se rendre compte des années plus tard que ce n'était pas le cas... Voilà ce qui vient de m'arriver avec Dodge and Burn le 3è album des Dead Weather. Peut-être ai-je cru l'avoir chroniqué ici même parce que j'en ai souvent parlé avec mon frère de ce disque, ou peut-être que j'avais bel et bien commencé à l'écrire, l'ai mis de côté et l'ai supprimé par inadvertance (du vécu)... Je ne sais pas vraiment, pourtant il est plutôt bon cet album et il y en a des choses à en dire.

Il a été enregistré "quand les membres du groupe pouvaient se libérer" ; Jack White était en pleine tournée pour Lazaretto, Dean Fertita avec Queens Of The Stone Age, Alison Mosshart avec The Kills et Jack Lawrence... Il se faisait implanter un 6è doigt à la main droite si je me fie à la pochette.

Autant le dire dès le départ, le problème de Dodge and Burn c'est qu'il n'est pas sorti en 2011. Le groupe semblait être prêt à suivre le rythme d'un album par an, mais Alison est retournée avec son pote Jamie pour enregistrer Blood Pressures (2011) et Jack White a passé 2011 à composer son premier opus solo (Blunderbuss), il a donc fallu attendre 5 années avant d'avoir ce 3è volet. Et 5 ans pour un groupe à succès c'est long, quand on revient on peut très vite avoir envie d'aller vers la facilité en utilisant "la formule qui a fait ses preuves" – ce qui est en quelque sorte le cas ici. La différence/l'évolution entre les 2 premiers albums était clairement audible, le groupe se formait une image et un son assez personnel, là pour le coup on a souvent l'impression qu'ils se sont reposés sur leurs lauriers en proposant quelques surprises parsemées ici et là.

Pour le côté classique on a le single "I Feel Love (Every Million Miles)", efficace, mais loin d'être transcendant, vous bougez la tête parce que c'est un bon son, "Buzzkill(er)" avec un rythme assez classe, mais surtout sauvé par les petits gris-gris de White à la batterie, le riff sauvage et les cassures bienvenues ("Ah déjà fini ? Ah non c'est reparti !"), "Lose The Right" et ce son de batterie bien reconnaissable, toujours aussi entraînant (riff guitare/clavier), avec une Alison un peu moins inspirée vocalement et enfin, "Too Bad" encore une fois sauvé par le bon riff de guitare et la batterie de mister White. Ça c'est les titres si vous voulez être rassurés et vous dire que la bande est toujours capable d'écrire de bons morceaux agressifs dans l'esprit du "son Dead Weather".

Le côté un peu plus excité/psychopathe/schizophrène (faites votre choix) qu'Alisson et Jack White partagent est de retour : "Rough Detective" avec son riff intriguant, mais surtout cet échange entre Mr & Mme durant les couplets est une force (en même temps les titres où ils chantent tous les deux sont souvent les meilleurs) et ils rejouent la carte des bruits bizarres à la "I Cut Like A Buffalo" ; si comme moi vous êtes bon client de cette folie ambiante, faites vous plaisir. "Be Still" est aussi une piste où ils se répondent vocalement et donner à la basse la place de riff principal est une très bonne idée (qui sera suivi de près par le clavier) ; Alison prend sa voix mystique assez sexy, mais c'est surtout sur "Let Me Through" que cette voix s'imprègne dans notre esprit. Pour ce titre rempli de tension et d'excitation je retiens surtout le refrain hanté et le gimmick assez intéressant "I'll save all my best shots for you – BOOM BOOM BOOM", c'est con et pourtant ça marche. En terme de refrain bien con "Open Up" est un bon challenger, c'est simple et seulement fait pour être repris en chœurs (sont malins quand même), par contre ouvrir la Face B du vinyle par ce titre... Mon cœur ne vous dit pas merci ! Le merci c'est pour ces changements d'ambiance au sein du morceau.

Pour avoir de l'originale et du changement par rapport aux 2 précédents disques, il faut se tourner vers "Cop & Go" avec son synthé qui fait ti-ti-ti-ti-ti... Si si je vous assure il fait ti-ti-ti-ti-ti et on ne peut plus s'en passer. Un riff de guitare simple, mais ultra efficace, la voix d'Alison qui suit le rythme dans les instants semi-calmes et qui devient folle petit à petit jusqu'à ses "You cop like a cop & you go go go go" répétés et ce synthé qui fait toujours ti-ti-ti-ti-ti ; c'est la version améliorée de la folie Dead Weather. "Mile Markers" obtient (encore) une bonne batterie, un bon phrasé presque spoken-word d'Alison et une voix douce pour le refrain, c'est assez original et les changements de rythmes sont bien menés.
La très bonne surprise du disque intervient en 4è position : "Three Dollar Hat", voilà l'évolution sur laquelle il fallait un peu plus se reposer ! Ce schizo de Jack derrière ses fûts délivre une prestation de doux-dingue accompagné d'un schizo synthé (oui j'invente, je m'en fous) ; voilà l'originalité que je recherchais, ce titre est une pure réussite, une petite perle. Une basse amenant du suspense, une deuxième partie certes un peu plus classique, mais c'est ce contraste qui est le plus intéressant et la petite "comptine" à la fin, la touche Jack White. C'est sombre, c'est perché, c'est presque innovant, mais surtout ça change et ça ose !

Pour finir, petit mot sur le titre de fin "Impossible Winner", chanson bien casse gueule qu'ils ont sûrement foutu là pour tester leur public. Ce n'est pas du tout dans l'esprit du groupe, elle est trop calme, trop gentille, avec du piano et de la symphonie, on a plus du tout l'impression d'écouter le même groupe. Ce titre a été entièrement écrit par Alison Mosshart... Pour un album solo d'Alison OK, mais pour les Dead Weather c'est NON.

Dodge and Burn est un bon album, un très bon album même, malgré des paroles assez répétitives il faut le dire et pourtant il est loin d'être le meilleur de leur trilogie ; un peu trop classique, pas assez de surprises ni de véritable évolution, un faux pas, des titres à ajouter à leurs hits, un groupe toujours en forme capable d'enchaîner les bonnes compositions en suivant ou non une formule établie il y a quelques années en arrière. Le disque se situe juste entre le rassurant pour qui souhaite une continuité et le frustrant pour qui souhaite une évolution.


Très bon   16/20
par Beckuto


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