Squarepusher
Ultravisitor |
Label :
Warp |
||||
Jusqu'ici, la musique de Squarepusher ne m'avait jamais vraiment attiré : trop opaque, trop austère, trop... bref, un peu trop de choses pour susciter en moi plus qu'une curiosité polie mais limitée, envers celui qu'Aphex Twin, entre autres, considère comme un génie de l'electronica.
Oui mais voilà, alors que sort son 7eme (9eme ?) album, force est de constater que je dois réviser ma position, et, à mon tour, louer les langes de cet artiste, que l'on dit limite autiste.
Oui, mais qu'est ce donc Ultravisitor, direz-vous en vous demandant où je veux en venir ?
Eh bien, Ultravisitor, ce sont des beats énervés et déstructurés, sur lesquelles des guitares (free) jazz (vraies ?? simulées ??? impossible de le savoir, aucune indication n'est disponible sur la pochette) viennent faire et défaire une mélodie, quand il y en a une, ou apportent simplement une respiration dans de petites interludes, un peu à la manière du piano arrangé dans le Drukqs d'Aphex Twin. Bien sûr, autour, il y a quand même le chaos sonore, sans lequel un disque de Squarepusher, n'en serait pas vraiment un, cette drum'n'bass complètement folle et furieuse, comme sur "Steinbolt", à coté de laquelle, les morceaux les plus violents d'Atari Teenage Riot passent pour une innocente comptine enfantine. Il y a même du bruit sur cet album, du bruit tout ce qu'il y a de plus crade et d'irréfléchi, qui rappelle justement les actes les plus extrêmes auxquels se livrent ces guitaristes free (-jazz, -rock, et tout ce que l'on veut) envers lesquels Squarepusher semble avoir de l'admiration. Et il le leur rend bien.
Alors bien sûr, cette musique est un minimum exigeante, mais les efforts de l'auditeur ne sont rien comparés, à ce que Ultravisitor a à nous offrir: un espace de liberté, rien que pour nous, un de ceux que le jazz a toujours essayé de construire pour s'y réfugier, loin de toute convention.
Et ce que le jazz a commencé à construire, l'electronica le continue avec brio, en témoigne le passionnant catalogue du label Warp.
Oui mais voilà, alors que sort son 7eme (9eme ?) album, force est de constater que je dois réviser ma position, et, à mon tour, louer les langes de cet artiste, que l'on dit limite autiste.
Oui, mais qu'est ce donc Ultravisitor, direz-vous en vous demandant où je veux en venir ?
Eh bien, Ultravisitor, ce sont des beats énervés et déstructurés, sur lesquelles des guitares (free) jazz (vraies ?? simulées ??? impossible de le savoir, aucune indication n'est disponible sur la pochette) viennent faire et défaire une mélodie, quand il y en a une, ou apportent simplement une respiration dans de petites interludes, un peu à la manière du piano arrangé dans le Drukqs d'Aphex Twin. Bien sûr, autour, il y a quand même le chaos sonore, sans lequel un disque de Squarepusher, n'en serait pas vraiment un, cette drum'n'bass complètement folle et furieuse, comme sur "Steinbolt", à coté de laquelle, les morceaux les plus violents d'Atari Teenage Riot passent pour une innocente comptine enfantine. Il y a même du bruit sur cet album, du bruit tout ce qu'il y a de plus crade et d'irréfléchi, qui rappelle justement les actes les plus extrêmes auxquels se livrent ces guitaristes free (-jazz, -rock, et tout ce que l'on veut) envers lesquels Squarepusher semble avoir de l'admiration. Et il le leur rend bien.
Alors bien sûr, cette musique est un minimum exigeante, mais les efforts de l'auditeur ne sont rien comparés, à ce que Ultravisitor a à nous offrir: un espace de liberté, rien que pour nous, un de ceux que le jazz a toujours essayé de construire pour s'y réfugier, loin de toute convention.
Et ce que le jazz a commencé à construire, l'electronica le continue avec brio, en témoigne le passionnant catalogue du label Warp.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Burette |
Posté le 26 juillet 2011 à 15 h 22 |
Squarepusher est assimilé à cette scène electronica qui, il n'y a pas si longtemps, nous donnait des raisons d'y croire encore. L'autisme contagieux d'Aphex Twin, la quête du quark sonore avec Autechre, le lyrisme acidulé de Plaid, l'humour étriqué de Matmos. Miracle ! Les percées se multipliaient comme de petits pains tout chauds. La question : " jusqu'où peut aller la musique ? Ne semblait plus si idiote, et surtout si snob. L'art n'était finalement pas en train de croupir sur place. Les critiques n'avaient plus à nous convaincre que se contenter des restes n'était pas une situation si pénible. Des artistes s'occupaient de faire danser Dionysos à coup de pompe dans le fion, quitte à passer pour d'irrespectueux malades mentaux.
Squarepusher fait bien partie de ces malfrats à la rangers facile ; seulement, lui, perd en obsessionnel ce qu'il gagne en ampleur de champ. Son profil est moins net que la grimace de Richard D. James ou l'anonymat lisse d'Autechre. Il se présente plutôt comme un centre où convergent diverses influences : l'héroïsme des super-techniciens de Weather Report (Squarepusher est un bassiste d'exception),les polyphonies de Bach, la vitesse infinie de la drum'n'bass et les excès telluriques de la New Thing. Pour résumer (et en même temps, comment dire ça différemment), ça explose, ça explose dense et ça explose vite. Le matériau sonore sans cesse se fractalise, entre en excès par rapport à lui-même, tente jusqu'au bout de se mesurer à un chaos qui menace de faire voler en éclat la structure. Ce chaos, c'est le vrai sujet, ce qui est recherché : nous mettre en contact avec une force toujours en potentiel, qui gronde sous la musique, fait onduler son plan : Dionysos en personne ! Etrange hommage électronique aux forces démoniaques, aux métamorphoses incessantes.
Quand les crises sont trop extraordinaires, que tout entre en fusion, ce sont les étoiles glacées du lointain qui reprennent la ronde en une ritournelle délicatement suspendue, impassible, constellation cristalline au dessus des convulsions infernales de la matière. La batterie se perd, s'égare. Elvin Jones sous ecstasy. Et les claviers entonne un hymne universel, qui réunit joie et tragédie en un même mouvement. "Lambic 9 Poetry" est peut être le plus beau morceau que je n'ai jamais entendu. Avec lui, ce sont les multiples rumeurs de l'univers qui ricochent sur les murs de mon deux pièces. La batterie, au son cru, concret, tangible - bruits de baguettes, sueur sur la nuque, cannettes de bières pas bien loin - exécute un motif drum'n'bass entêtant avant de partir à vitesse infinie sur les fréquences moléculaires des cymbales.Montée des forces comme un excès de mousse. Encore et toujours. Et la basse se craquèle, gonfle son corps comme un étrange animal ; tout part en valse extraterrestre et Squarepusher invente la musique sacrée en colère.
Squarepusher fait bien partie de ces malfrats à la rangers facile ; seulement, lui, perd en obsessionnel ce qu'il gagne en ampleur de champ. Son profil est moins net que la grimace de Richard D. James ou l'anonymat lisse d'Autechre. Il se présente plutôt comme un centre où convergent diverses influences : l'héroïsme des super-techniciens de Weather Report (Squarepusher est un bassiste d'exception),les polyphonies de Bach, la vitesse infinie de la drum'n'bass et les excès telluriques de la New Thing. Pour résumer (et en même temps, comment dire ça différemment), ça explose, ça explose dense et ça explose vite. Le matériau sonore sans cesse se fractalise, entre en excès par rapport à lui-même, tente jusqu'au bout de se mesurer à un chaos qui menace de faire voler en éclat la structure. Ce chaos, c'est le vrai sujet, ce qui est recherché : nous mettre en contact avec une force toujours en potentiel, qui gronde sous la musique, fait onduler son plan : Dionysos en personne ! Etrange hommage électronique aux forces démoniaques, aux métamorphoses incessantes.
Quand les crises sont trop extraordinaires, que tout entre en fusion, ce sont les étoiles glacées du lointain qui reprennent la ronde en une ritournelle délicatement suspendue, impassible, constellation cristalline au dessus des convulsions infernales de la matière. La batterie se perd, s'égare. Elvin Jones sous ecstasy. Et les claviers entonne un hymne universel, qui réunit joie et tragédie en un même mouvement. "Lambic 9 Poetry" est peut être le plus beau morceau que je n'ai jamais entendu. Avec lui, ce sont les multiples rumeurs de l'univers qui ricochent sur les murs de mon deux pièces. La batterie, au son cru, concret, tangible - bruits de baguettes, sueur sur la nuque, cannettes de bières pas bien loin - exécute un motif drum'n'bass entêtant avant de partir à vitesse infinie sur les fréquences moléculaires des cymbales.Montée des forces comme un excès de mousse. Encore et toujours. Et la basse se craquèle, gonfle son corps comme un étrange animal ; tout part en valse extraterrestre et Squarepusher invente la musique sacrée en colère.
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