Dave Phillips
Rise |
Label :
IDEAL |
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La Suisse possédait un des plus illustres faiseurs de monstres, Hans Ruedi Giger. Il a imaginé un univers torturé, vicieux et d'une noirceur peu commune, composé de créatures pour le moins inquiétantes, la plus connue étant bien sûr le célèbre Alien. Alors voilà, en 2014 l'artiste nous a quitté, et la Suisse s'est trouvée fort orpheline! Qui pour prendre le relais de cet imaginaire de cauchemar? Dave Phillips, helvète lui aussi, semble tout désigné pour remplir ce rôle.
Ce monsieur a commencé à sévir dans les années 80, dans des groupes de punk, hardcore et grindcore, et déjà son goût pour l'effrayant, le monstrueux était bien développé. Il suffira pour s'en convaincre d'écouter les immondes dégueulis grind-noise de Fear Of God. Bim bam boum, non ça ne plaisante pas, c'est radical, gore et sacrément violent. Rapidement, il quittera ce milieu du rock extrême pour s'engager sur un autre territoire l'étant tout autant: la musique noise expérimentale. Et c'est au début du second millénaire qu'il s'oriente surtout vers une carrière solo (si tant est que l'on puisse faire carrière dans la musique noise expérimentale, évidemment). Il évolue donc dans le contexte rugueux des musiques expérimentales, avec beaucoup de noise et pas mal de musique concrète, mais il a aussi enregistré du field recording. Tout ça pour dire que le disque qui nous intéresse n'est pas un disque forcément facile d'accès.
Rise est l'histoire d'un éveil. Et pour revenir au thème de mon introduction, l'éveil d'un monstre. Alors un monstre, qu'est-ce que c'est ? Etymologiquement, "monstre" vient du latin "mostrare" qui signifie "montrer". Un monstre, c'est celui que l'on montre. Et par extension, celui que l'on montre, le monstre, c'est celui qui est différent. Mais attention, c'est un constat qui ne doit pas être réduit à un sens négatif ! Littéralement, voyez-vous, un monstre peut être gentil. Dave Phillips nous présente donc une créature monstrueuse. Un monstre gentil? Putain non... Non, putain, son monstre il est putain de flippant !!!! Le genre que l'on devait croiser dans les tréfonds des délires les plus malsains de Giger ou de Lovecraft. La naissance d'un monstre absolument abominable, voué sans aucun doute à la destruction complète de...beh de tout en fait. Les sept pistes de ce disque nous raconte son éveil cauchemardesque, et nous voilà projeté dans le monde infernal qu'il nous réserve à tous.
La première piste est éloquente: une première respiration, une basse faisant office de battement de coeur, et un déluge sonore se met en route, lentement mais sûrement. Tout est bancale, tordu et chaotique, et d'une noirceur impénétrable. En tendant bien l'oreille on entend des bruits de crachat, des bruits de vomissement, des bruits de gorges révulsées... Et dans ce fatras dégueulasse, un organisme commence à se mouvoir, et pas vraiment pour notre plus grand bien. FLIPPANT je vous dis!!!
Musicalement, ce chaos pourrait presque s'apparenter à un free jazz au ralentis, ou encore à une piste expérimentale de Autechre, un peu comme le sublimement difforme "Parhelic Triangle" sur l'album Confield. S'en suit une série de morceaux basés sur l'ambient. Ambiance de cauchemar bien sûr, où des nappes très cinématographiques, lancinantes, se surperposent sur fond de vagissements haletants littéralement infernaux. Il se passe vraiment des sales choses par ici, c'est le moins que l'on puisse dire. Les desseins de cette bestiole ne laissent aucun doute.
Dave Phillips dit dans de récents entretiens qu'il écoute beaucoup de musique classique. C'est plutôt discret mais ça s'entend. Comme ces violons glaçants qui viennent dramatiser l'ambiance apocalyptique en arrière-plan, en de longs drones lugubres et perçants. Ou comme ce piano, reposant mais qui ne rassure pas pour autant, et qui n'est finalement que le calme avant la tempête. Lorsque le monstre se remet en route, les percussions sont toujours aussi brutales mais semblent plus ordonnées déjà. Elles sonnent comme autant de coups de fouets cinglants et destructeurs. Ce bordel sonore violent et brutal est franchement impressionnant. Pas forcément en puissance de feu, mais l'ambiance de terreur est hallucinante. Tout est tellement monstrueux qu'on se retrouve hors réalité: c'est très psychédélique en fait, mais au coeur du plus désespérément noir des bads trips. Et puis arrive le point d'orgue de son éveil sur le sixième morceau qui est le plus court, si on ne compte pas la conclusion du disque. Un orgasme bestial grindcore noise indus où se mêlent des hurlements gutturaux terrifiants, à une meute de chiens sans doute affamés de chair humaine...enfin à mon avis. Grotesque? Grand-guignolesque? Assurément! Et c'est le genre qui veut ça!
Notre monstre s'est levé, et c'est très certainement le début d'une ère de ténèbres qui s'annonce. Sur le bref morceau de conclusion, on se retrouve à nouveau chez Autechre ou encore Otto Von Schirach : nous avons droit à une sorte de funk de détraqué complètement gore mais qui réussit la prouesse d'être presque dansant. La bête semble satisfaite. Elle se met alors en route vers son destin, notre destin.
Ce monsieur a commencé à sévir dans les années 80, dans des groupes de punk, hardcore et grindcore, et déjà son goût pour l'effrayant, le monstrueux était bien développé. Il suffira pour s'en convaincre d'écouter les immondes dégueulis grind-noise de Fear Of God. Bim bam boum, non ça ne plaisante pas, c'est radical, gore et sacrément violent. Rapidement, il quittera ce milieu du rock extrême pour s'engager sur un autre territoire l'étant tout autant: la musique noise expérimentale. Et c'est au début du second millénaire qu'il s'oriente surtout vers une carrière solo (si tant est que l'on puisse faire carrière dans la musique noise expérimentale, évidemment). Il évolue donc dans le contexte rugueux des musiques expérimentales, avec beaucoup de noise et pas mal de musique concrète, mais il a aussi enregistré du field recording. Tout ça pour dire que le disque qui nous intéresse n'est pas un disque forcément facile d'accès.
Rise est l'histoire d'un éveil. Et pour revenir au thème de mon introduction, l'éveil d'un monstre. Alors un monstre, qu'est-ce que c'est ? Etymologiquement, "monstre" vient du latin "mostrare" qui signifie "montrer". Un monstre, c'est celui que l'on montre. Et par extension, celui que l'on montre, le monstre, c'est celui qui est différent. Mais attention, c'est un constat qui ne doit pas être réduit à un sens négatif ! Littéralement, voyez-vous, un monstre peut être gentil. Dave Phillips nous présente donc une créature monstrueuse. Un monstre gentil? Putain non... Non, putain, son monstre il est putain de flippant !!!! Le genre que l'on devait croiser dans les tréfonds des délires les plus malsains de Giger ou de Lovecraft. La naissance d'un monstre absolument abominable, voué sans aucun doute à la destruction complète de...beh de tout en fait. Les sept pistes de ce disque nous raconte son éveil cauchemardesque, et nous voilà projeté dans le monde infernal qu'il nous réserve à tous.
La première piste est éloquente: une première respiration, une basse faisant office de battement de coeur, et un déluge sonore se met en route, lentement mais sûrement. Tout est bancale, tordu et chaotique, et d'une noirceur impénétrable. En tendant bien l'oreille on entend des bruits de crachat, des bruits de vomissement, des bruits de gorges révulsées... Et dans ce fatras dégueulasse, un organisme commence à se mouvoir, et pas vraiment pour notre plus grand bien. FLIPPANT je vous dis!!!
Musicalement, ce chaos pourrait presque s'apparenter à un free jazz au ralentis, ou encore à une piste expérimentale de Autechre, un peu comme le sublimement difforme "Parhelic Triangle" sur l'album Confield. S'en suit une série de morceaux basés sur l'ambient. Ambiance de cauchemar bien sûr, où des nappes très cinématographiques, lancinantes, se surperposent sur fond de vagissements haletants littéralement infernaux. Il se passe vraiment des sales choses par ici, c'est le moins que l'on puisse dire. Les desseins de cette bestiole ne laissent aucun doute.
Dave Phillips dit dans de récents entretiens qu'il écoute beaucoup de musique classique. C'est plutôt discret mais ça s'entend. Comme ces violons glaçants qui viennent dramatiser l'ambiance apocalyptique en arrière-plan, en de longs drones lugubres et perçants. Ou comme ce piano, reposant mais qui ne rassure pas pour autant, et qui n'est finalement que le calme avant la tempête. Lorsque le monstre se remet en route, les percussions sont toujours aussi brutales mais semblent plus ordonnées déjà. Elles sonnent comme autant de coups de fouets cinglants et destructeurs. Ce bordel sonore violent et brutal est franchement impressionnant. Pas forcément en puissance de feu, mais l'ambiance de terreur est hallucinante. Tout est tellement monstrueux qu'on se retrouve hors réalité: c'est très psychédélique en fait, mais au coeur du plus désespérément noir des bads trips. Et puis arrive le point d'orgue de son éveil sur le sixième morceau qui est le plus court, si on ne compte pas la conclusion du disque. Un orgasme bestial grindcore noise indus où se mêlent des hurlements gutturaux terrifiants, à une meute de chiens sans doute affamés de chair humaine...enfin à mon avis. Grotesque? Grand-guignolesque? Assurément! Et c'est le genre qui veut ça!
Notre monstre s'est levé, et c'est très certainement le début d'une ère de ténèbres qui s'annonce. Sur le bref morceau de conclusion, on se retrouve à nouveau chez Autechre ou encore Otto Von Schirach : nous avons droit à une sorte de funk de détraqué complètement gore mais qui réussit la prouesse d'être presque dansant. La bête semble satisfaite. Elle se met alors en route vers son destin, notre destin.
Excellent ! 18/20 | par Pab |
En écoute : https://dave-phillips.bandcamp.com/album/rise
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