Arkhon Infaustus
Passing The Nekromanteion |
Label :
Les Acteurs De L'Ombre |
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Dix ans que l'on attendait ça. Le retour d'Arkhon Infaustus, formation probablement autant décriée qu'adulée et qui, entre 2001 et 2007, a offert ce que le Black Death Métal peut proposer de mieux lorsqu'il se complait dans l'abject.
Aussi, impossible pour moi d'écrire sur Passing the Nekromanteion, le nouvel EP, sans revenir un instant sur la carrière du groupe. Certes ces quatre longs titres peuvent être appréciés sans avoir besoin de se référer au passé mais l'occasion est trop belle pour ne pas parler de l'évolution stylistique.
En 2001, le trio DK Deviant (chant, guitare), The 666 Torturer (basse, chant) et The Hellblaster sort Hell Injection. Artwork cradingue, satanisme mais surtout une collection de compositions sauvages comme du vieil Angel Corpse, portée par un ping-pong vocal où se mêlent les chants Black criards et Death ultra gutturaux : la marque de fabrique des Parisiens. Le son est encore approximatif et les influences se sentent peut-être trop mais il y a déjà un touché unique qui permet d'accoucher de tueries absolues telles que "Domination Xtasy" ou "Whorehouse Coven". Il se passe un truc et quand j'ai envie de sale, c'est souvent sur ce disque que je me rabats.
2003 : Filth Catalyst. Pour moi, l'arrivée en seconde guitare de Toxik Harmst (Diapsiquir) est déterminante dans l'évolution du son et de la vision musicale de la formation. Si les bases sont toujours présentes, la progression en termes d'écriture est, elle, faramineuse. La paire "Words of Flesh" - "Ravaging the Nine Pillars" reste selon moi l'une des meilleures qu'ils aient composée, le remplacement de The Hellblaster par Azk.6 à la batterie permettant des choses à la fois plus complexes et plus rapides. Sur la longueur, les titres s'essouflent parfois un peu mais c'est clairement cet album qui a fait passer Arkhon Infaustus dans une autre dimension.
A peine un an plus tard, Perdition Insanabilis enflonce le clou. La musique se fait plus poisseuse, plus urbaine, une succession de couches d'horreur bétonnées suintant la crasse des villes ("M33 Constellation", "Six Seals Salvation") : une originalité souvent copiée mais jamais égalée.
Alors que je croyais que la troupe avait atteint son apogée, la revoilà qui déboule en 2007 avec ce qui reste pour beaucoup le firmament de leur carrière : Orthodoxyn. Sur des tempos plus posés, le quatuor nous gratifie d'un sans-faute complètement aliénant : des rythmiques impressionnantes, des riffs énormes, un travail vocal parfait et un renforcement de ce sentiment d'opression citadine, notamment causé par des titres plus "atmosphériques" si l'on peut dire ("La Particule de Dieu", "Orthodoxyn").
Avec ces quatre albums, Arkhon Infaustus a démontré qu'il était capable d'abord de se renouveler, ensuite d'être innovant. Le groupe ne s'est jamais laissé enfermer dans un genre et même si le fond Black Death domine, je retiens surtout de cette époque une propension à transcender les origines afin de créer une musique en parfaite adéquation avec l'environnement social : pas de poses guerrières dans les bois, ce satanisme s'enracine dans les caves, sous les ponts, trône au milieu des séringues usagées.
Commençons par observer la pochette de ce Passing the Nekromanteion. De prime abord, elle me fait penser à Les Ténèbres Modernes de Neige et Noirceur : les couleurs fades, les formes, l'esprit, il s'en dégage un sentiment de domination, quelque chose de grandiose. L'espoir n'en est que plus grand, la peur de la déception également.
"Amphessatamine Nexion" débute, l'évidence est là : c'est un retour de très grande classe. Pesant, déterminé, imposant, gigantesque dans ses élancements vers le bas, toujours plus bas, vers Lui, on comprend mieux l'influence qu'a pu avoir la formation sur un groupe tel que Sektemtum, aujourd'hui fer de lance d'une nouvelle école plus esthétique chic et décadente.
L'autre très bonne surprise, c'est la durée des morceaux. Bien plus longs que par le passé (entre sept et dix minutes), ils laissent le temps aux ambiances de s'installer, aux riffs de s'insérer sournoisement dans votre esprit, le ralentissement général du tempo ne mettant que mieux en valeur l'excellence des idées développées (l'hallucinant "Yesh li el yadi").
Ce disque, ça fait dix ans que je l'attends, que je l'espère. Parfois, à trop avoir patienté, on est déçu, la réalité n'est pas la hauteur du fantasme. Mais non. Arkhon Infaustus reprend de force la place qu'il avait délaissée dix ans plus tôt, avec son style compact où chaque impact est un coup de barre de fer asséné dans une bagarre de rue. "Corrupted Epignosis" clôt le débat. Obscur, malsain, définitivement hors norme.
Aussi, impossible pour moi d'écrire sur Passing the Nekromanteion, le nouvel EP, sans revenir un instant sur la carrière du groupe. Certes ces quatre longs titres peuvent être appréciés sans avoir besoin de se référer au passé mais l'occasion est trop belle pour ne pas parler de l'évolution stylistique.
En 2001, le trio DK Deviant (chant, guitare), The 666 Torturer (basse, chant) et The Hellblaster sort Hell Injection. Artwork cradingue, satanisme mais surtout une collection de compositions sauvages comme du vieil Angel Corpse, portée par un ping-pong vocal où se mêlent les chants Black criards et Death ultra gutturaux : la marque de fabrique des Parisiens. Le son est encore approximatif et les influences se sentent peut-être trop mais il y a déjà un touché unique qui permet d'accoucher de tueries absolues telles que "Domination Xtasy" ou "Whorehouse Coven". Il se passe un truc et quand j'ai envie de sale, c'est souvent sur ce disque que je me rabats.
2003 : Filth Catalyst. Pour moi, l'arrivée en seconde guitare de Toxik Harmst (Diapsiquir) est déterminante dans l'évolution du son et de la vision musicale de la formation. Si les bases sont toujours présentes, la progression en termes d'écriture est, elle, faramineuse. La paire "Words of Flesh" - "Ravaging the Nine Pillars" reste selon moi l'une des meilleures qu'ils aient composée, le remplacement de The Hellblaster par Azk.6 à la batterie permettant des choses à la fois plus complexes et plus rapides. Sur la longueur, les titres s'essouflent parfois un peu mais c'est clairement cet album qui a fait passer Arkhon Infaustus dans une autre dimension.
A peine un an plus tard, Perdition Insanabilis enflonce le clou. La musique se fait plus poisseuse, plus urbaine, une succession de couches d'horreur bétonnées suintant la crasse des villes ("M33 Constellation", "Six Seals Salvation") : une originalité souvent copiée mais jamais égalée.
Alors que je croyais que la troupe avait atteint son apogée, la revoilà qui déboule en 2007 avec ce qui reste pour beaucoup le firmament de leur carrière : Orthodoxyn. Sur des tempos plus posés, le quatuor nous gratifie d'un sans-faute complètement aliénant : des rythmiques impressionnantes, des riffs énormes, un travail vocal parfait et un renforcement de ce sentiment d'opression citadine, notamment causé par des titres plus "atmosphériques" si l'on peut dire ("La Particule de Dieu", "Orthodoxyn").
Avec ces quatre albums, Arkhon Infaustus a démontré qu'il était capable d'abord de se renouveler, ensuite d'être innovant. Le groupe ne s'est jamais laissé enfermer dans un genre et même si le fond Black Death domine, je retiens surtout de cette époque une propension à transcender les origines afin de créer une musique en parfaite adéquation avec l'environnement social : pas de poses guerrières dans les bois, ce satanisme s'enracine dans les caves, sous les ponts, trône au milieu des séringues usagées.
Commençons par observer la pochette de ce Passing the Nekromanteion. De prime abord, elle me fait penser à Les Ténèbres Modernes de Neige et Noirceur : les couleurs fades, les formes, l'esprit, il s'en dégage un sentiment de domination, quelque chose de grandiose. L'espoir n'en est que plus grand, la peur de la déception également.
"Amphessatamine Nexion" débute, l'évidence est là : c'est un retour de très grande classe. Pesant, déterminé, imposant, gigantesque dans ses élancements vers le bas, toujours plus bas, vers Lui, on comprend mieux l'influence qu'a pu avoir la formation sur un groupe tel que Sektemtum, aujourd'hui fer de lance d'une nouvelle école plus esthétique chic et décadente.
L'autre très bonne surprise, c'est la durée des morceaux. Bien plus longs que par le passé (entre sept et dix minutes), ils laissent le temps aux ambiances de s'installer, aux riffs de s'insérer sournoisement dans votre esprit, le ralentissement général du tempo ne mettant que mieux en valeur l'excellence des idées développées (l'hallucinant "Yesh li el yadi").
Ce disque, ça fait dix ans que je l'attends, que je l'espère. Parfois, à trop avoir patienté, on est déçu, la réalité n'est pas la hauteur du fantasme. Mais non. Arkhon Infaustus reprend de force la place qu'il avait délaissée dix ans plus tôt, avec son style compact où chaque impact est un coup de barre de fer asséné dans une bagarre de rue. "Corrupted Epignosis" clôt le débat. Obscur, malsain, définitivement hors norme.
Parfait 17/20 | par Arno Vice |
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