Suzanne Vega
Nine Objects Of Desire |
Label :
A&M |
||||
Cinquième album de Suzanne Vega, Nine Objects Of Desire pourrait être bien considéré comme son meilleur : le son est plus épanoui, la production, plus précise, a su tirer parti des petites erreurs de l'opus précédent, les ambiances sont diverses et variées, aérées pour chaque morceau, la liste des qualités pourrait être encore longue...
Il y a pourtant autant de défauts apparents ou de raisons de bloquer sur le statut de Suzanne Vega en tant qu'artiste " indé " et de sa présence ici: artiste pour fans du Festival De Montreux, chanteuse pour Bobos New Yorkais, son sans doute parfois trop commercial, un côté ayant tendance à faire du pied à la Country ou au Folk de mauvais genre, un sceau Pop-Rock lorgnant trop vers la Variété, la liste, là aussi, pourrait s'allonger...
C'est cependant et donc avec Nine Objects Of Desire que l'on pourrait fournir la meilleure défense de l'accusée : d'accord, la Dame fait dans la Variété. Citons alors quelques genres trouvables dans cette belle galette : Bossa Nova classieuse (" Caramel "), Jazz mystérieux (" Tombstone "), Pop enlevée et armée avec quelques touches d'Indus en lingerie fine (et pas celle que t'achètes chez les 3 Suisses) dans " Casual Match ", Pop aérée et dynamique (le single " Cheap Thrill "),élans Rock dans " Birth-Day (Love Made Real) " où la chanteuse est capable de débiter comme un Rappeur des paroles à la fois crues et harmonieuses sur la naissance de sa fille... Tout cela fait quand même un bel éventail, non ? Et à priori dans le même genre, on peut dire qu'Alanis Morissette peut aller se coucher et chialer sur ses journaux intimes.
En effet, l'amour (avec son producteur, Mitchell Froom) et la maternité ont permis à Suzanne Vega de se sentir comme le chantait autrefois Cookie Dingler, ce n'est plus la jeune fille timide cachée derrière des paroles pleines de Spleen observateur : à 37 ans, au moment où sort le disque, c'est désormais une femme mûre, assumant sa féminité et la savourant pleinement. Elle se laisse alors complètement à la sensualité (l'évocateur " Stockings ") tout en continuant à déposer lentement le voile du trouble dans ce que peuvent être les relations amoureuses.
Question production, une étape supplémentaire est franchie par rapport à 99.9F°, les idées balancées parfois avec maladresse dans l'opus précédent sont traitées ici avec plus de fluidité, parsemant dans chaque morceau des touches discrètes et novatrices pour la chanteuse. Les effets de machines et les programmations sont moins rustres et permettent de confirmer cette impression d'harmonie ou de liquidité, tout cela au service des chansons.
Et pour ceux qui continueraient à l'enfermer dans la case " commercial ", Nine Objects Of Desire cultive ce superbe paradoxe où chaque titre a le potentiel d'être un " Single " tout en posant les barrières nécessaires pour ne pas l'être. Ce sont des chansons qui se désirent, se convoitent, qui savent être aguicheuses et provocantes sans s'offrir aveuglément. C'est beau, c'est chaud.
Bon, oui, il y a bien un ou deux titres qui peuvent un peu embêter avec par exemple ce " Lolita " voulant chercher le soufre de Nabokov , mais qui évoque trop Santana musicalement; pour continuer le plaidoyer, on va dire que ce n'est pas sa faute et que sa version du mythe est tout de même nettement supérieure à celle d'Alizée.
Enfin, niveau crédibilité, cet album soutient aisément la comparaison avec des plus jeunes telles que Shivaree ou Fiona Apple, qui deviendront les favorites des critiques à la fin des années 90 (la maturité n'était pas encore à la mode...) et on pourrait même dire que ces dernières s'en sont plus ou moins largement inspiré (" Goodnight Moon " pouvant renvoyer à " Caramel " par exemple).
En définitive, Nine Objects Of Desire est un album où la féminité sous toutes ses formes se fait épanouie et assurée, et permet à la Suzanne de s'affranchir de toutes les étiquettes qu'on peut lui coller. Le tout en restant fidèle à elle-même, l'introspection étant toujours de mise, bien que plus détachée. Oui, c'est un peu tout ça, les forces de Vega. Et si certains pourraient arguer de son statut de meilleur album de la chanteuse, c'est incontestablement le plus séduisant.
Il y a pourtant autant de défauts apparents ou de raisons de bloquer sur le statut de Suzanne Vega en tant qu'artiste " indé " et de sa présence ici: artiste pour fans du Festival De Montreux, chanteuse pour Bobos New Yorkais, son sans doute parfois trop commercial, un côté ayant tendance à faire du pied à la Country ou au Folk de mauvais genre, un sceau Pop-Rock lorgnant trop vers la Variété, la liste, là aussi, pourrait s'allonger...
C'est cependant et donc avec Nine Objects Of Desire que l'on pourrait fournir la meilleure défense de l'accusée : d'accord, la Dame fait dans la Variété. Citons alors quelques genres trouvables dans cette belle galette : Bossa Nova classieuse (" Caramel "), Jazz mystérieux (" Tombstone "), Pop enlevée et armée avec quelques touches d'Indus en lingerie fine (et pas celle que t'achètes chez les 3 Suisses) dans " Casual Match ", Pop aérée et dynamique (le single " Cheap Thrill "),élans Rock dans " Birth-Day (Love Made Real) " où la chanteuse est capable de débiter comme un Rappeur des paroles à la fois crues et harmonieuses sur la naissance de sa fille... Tout cela fait quand même un bel éventail, non ? Et à priori dans le même genre, on peut dire qu'Alanis Morissette peut aller se coucher et chialer sur ses journaux intimes.
En effet, l'amour (avec son producteur, Mitchell Froom) et la maternité ont permis à Suzanne Vega de se sentir comme le chantait autrefois Cookie Dingler, ce n'est plus la jeune fille timide cachée derrière des paroles pleines de Spleen observateur : à 37 ans, au moment où sort le disque, c'est désormais une femme mûre, assumant sa féminité et la savourant pleinement. Elle se laisse alors complètement à la sensualité (l'évocateur " Stockings ") tout en continuant à déposer lentement le voile du trouble dans ce que peuvent être les relations amoureuses.
Question production, une étape supplémentaire est franchie par rapport à 99.9F°, les idées balancées parfois avec maladresse dans l'opus précédent sont traitées ici avec plus de fluidité, parsemant dans chaque morceau des touches discrètes et novatrices pour la chanteuse. Les effets de machines et les programmations sont moins rustres et permettent de confirmer cette impression d'harmonie ou de liquidité, tout cela au service des chansons.
Et pour ceux qui continueraient à l'enfermer dans la case " commercial ", Nine Objects Of Desire cultive ce superbe paradoxe où chaque titre a le potentiel d'être un " Single " tout en posant les barrières nécessaires pour ne pas l'être. Ce sont des chansons qui se désirent, se convoitent, qui savent être aguicheuses et provocantes sans s'offrir aveuglément. C'est beau, c'est chaud.
Bon, oui, il y a bien un ou deux titres qui peuvent un peu embêter avec par exemple ce " Lolita " voulant chercher le soufre de Nabokov , mais qui évoque trop Santana musicalement; pour continuer le plaidoyer, on va dire que ce n'est pas sa faute et que sa version du mythe est tout de même nettement supérieure à celle d'Alizée.
Enfin, niveau crédibilité, cet album soutient aisément la comparaison avec des plus jeunes telles que Shivaree ou Fiona Apple, qui deviendront les favorites des critiques à la fin des années 90 (la maturité n'était pas encore à la mode...) et on pourrait même dire que ces dernières s'en sont plus ou moins largement inspiré (" Goodnight Moon " pouvant renvoyer à " Caramel " par exemple).
En définitive, Nine Objects Of Desire est un album où la féminité sous toutes ses formes se fait épanouie et assurée, et permet à la Suzanne de s'affranchir de toutes les étiquettes qu'on peut lui coller. Le tout en restant fidèle à elle-même, l'introspection étant toujours de mise, bien que plus détachée. Oui, c'est un peu tout ça, les forces de Vega. Et si certains pourraient arguer de son statut de meilleur album de la chanteuse, c'est incontestablement le plus séduisant.
Très bon 16/20 | par Machete83 |
En ligne
381 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages