Suzanne Vega
Solitude Standing |
Label :
A&M |
||||
Deuxième album de Suzanne Vega, Solitude Standing est celui de la consécration commerciale et radiophonique, le plus " RTL2 -Friendly ", comme on pourrait dire aujourd'hui, de notre New Yorkaise, et sans doute les plus emblématique de sa carrière pourtant plus riche qu'il n'y paraît.
Restant fidèle à son équipe, Lenny Kaye et Steve Addabo continuent d'officier à la production, tandis que son Backing Band sur la tournée prend part aux nouvelles compositions (le premier album avait été signé intégralement de la chanteuse), excepté les chansons datant d'avant les sessions d'enregistrement (certaines ayant été composées près de dix ans auparavant ou du temps où Vega n'était encore qu'une étudiante en Littérature se produisant dans les cafés, bars ou petites salles confidentielles pour travailler sa musique et son écriture, " Tom's Diner " étant de celles-ci).
Forte d'un bon succès d'estime de son premier opus (le single " Marlene On The Wall " ayant reçu une bonne exposition sur les radios et les chaînes musicales), et d'un single sur la Bande Originale du film pour ados Pretty In Pink contribuant à la populariser davantage, Suzanne Vega a, en ce début 1987, toutes les cartes en main pour grimper les dernières marches du succès.
Une instrumentation plus riche aidant à se rapprocher des codes Pop de l'époque (batterie plus forte, caisses claires plus percutantes et marquées, basse plus appuyée et... synthés...), le Spleen Folk original de Suzanne Vega se retrouve maintenant teinté de New Wave et de sensibilité que l'on pourrait quelque peu rapprocher de The Smiths (toutes proportions gardées, mais un peu quand même...). Peu importe au final ces ajustements ou ces différences de style, l'écriture est toujours de qualité.
La meilleure preuve en est l'ouverture à capela de " Tom's Diner ", la voix suffit à imprimer le rythme, à nous balader dans cette tranche de vie, dans cette pensée baladeuse dans une suspension matinale (les profs d'anglais remercieront la dame pour permettre une étude facile en compréhension orale du Présent Continu, dit " Présent BE+ING ", celui-là même servant à décrire ce que l'on fait sur le moment).
Autre chanson beaucoup utilisée dans les cours d'anglais, notamment pour traiter de la thématique de la violence faite aux enfants, et autre tube, " Luka " (ici on aura davantage du " Present Simple ", notamment pour traiter de l'habitude et de la constante de la chose.. (malheureusement pour le petit ici concerné) n'est plus à présenter : single Pop par excellence du disque, il pourra toujours émerveiller, émouvoir ou énerver (voire les 3 en même temps) avec les années et les multiples diffusions en radio.
Passé ces deux tubes, on peut enfin plonger dans l'album et en apprécier son charme à la fois désuet, doux et discret. En cela " Ironbound / Fancy Poultry " est typique de l'écriture Vega : observation, métaphores ( prostitution et soumission au désir carnal, sous fond social contrastant avec l'innoncence et la douceur de la voix) et spleen urbain musicalement traduits par des alternances entre Folk et Pop, la guitare servant de guide pour le passage entre les deux mondes.
Pour la suite, on aura au choix une séparation, une juxtaposition ou une fusion de ces deux styles : par exemple, " In The Eye " se cantonnant au domaine Pop et " Night Vision " restant dans des sillages Folk. Quelque soit le mode d'expression utilisé, la sincérité est toujours de mise.
On en arrive au troisième single, et autre joyau du disque, qui donne son titre à l'album. " Solitude Standing " bénéficie d'une très belle structure Pop, avec ce rythme en introduction repartant comme un soldat blessé au combat, se relevant une dernière fois. La magie entre amertume, douceur et mystère opère une nouvelle fois pour conter cette ombre dont l'auteure ne parvient à se détacher, à la fois répulsive et charmante, cette solitude qui, de George Moustaki à Black Sabbath, en aura travaillé plus d'un. Un très beau morceau, en tout cas.
" Calypso " qui suit, restera un incontournable du répertoire " live " de Suzanne Vega durant toute sa carrière. Bien sûr inspiré de L'Odyssée d'Homère, et laissant la marque des études littéraires de Vega (et aurait été composé à ce moment-là, dix ans auparavant, la musique se veut un doux rêve ou songe, tel que le personnage d'Ulysse aurait pu le subir dans ses multiples errances. " Language " et " Gypsy " suivent ces mêmes douceurs Folk et peuvent finir par lasser, bien qu'on ne puisse pas leur reprocher grand chose.
Heureusement arrive le véritable chef-d'oeuvre du disque avec " Wooden Horse (Caspar Hauser's Song)", sublime balade finale mortuaire au rythme armé et percutant, où Suzanne Vega se permet danger et renoncement. Les instruments laissés pour compte sur les titres précédents (batterie, guitares plus prononcées, basse électrique) font enfin leur retour. Les claviers restent atmosphériques et mystérieux. Toutes ces combinaisons et cette cohésion de groupe finissent par emmener le morceau vers une très belle conclusion, entre mélancolie et espoir (et là encore, le professeur d'anglais trouvera un bel exemple, autre que " When I'm Sity Four " pour parler de l'arrangement des temps dans les subordonnées du futur. Nous rappellerons ici donc que la proposition principale contient l'auxiliaire " will " de mise, tandis que la subordonnée introduite par " when " verra son verbe demeurer au présent simple. Et encore, on ne mentionnera pas le reste du texte pouvant aussi se prêter à l'étude des structures avec " If " suivies du prétérit...)
Le disque se termine par une reprise instrumentale de " Tom's Diner ", offrant une autre perception du morceau, et concluant l'album de manière logique et bienvenue. Il faudra finalement attendre 1990 et le remix par D.N.A. pour que ce morceau atteigne la popularité qu'on lui connaît aujourd'hui.
Solitude Standing pourrait être facilement l'album préféré, vous l'aurez compris, de votre prof d'anglais un peu Pop-Rock , un peu intello, un peu bohème et lettrée, dans un lycée de campagne des années 80 ou 90 (celle qui pouvait éventuellement vous payer des clopes en culpabilisant face à ses devoirs républicains).
Plus simplement, il reste un disque charnière dans la carrière de Suzanne Vega, de par son succès et la renommée atteinte depuis. Cependant, on pourra lui préférer d'autres travaux (le premier album contenant moins de fioritures et à l'écriture plus sèche, ou les albums plus expérimentaux des années 90) quand le côté F.M. reprend un peu parfois le dessus malgré la qualité intrinsèque des chansons. Pour le reste, nous sommes quand même en présence d'un bon album qui ne vole pas non plus sa place dans les Dictionnaires de Rock ou autres ouvrages de référence (que votre prof d'anglais aurait sûrement dans un coin de sa bibliothèque si ceux-là avaient été publiés à l'époque...).
Restant fidèle à son équipe, Lenny Kaye et Steve Addabo continuent d'officier à la production, tandis que son Backing Band sur la tournée prend part aux nouvelles compositions (le premier album avait été signé intégralement de la chanteuse), excepté les chansons datant d'avant les sessions d'enregistrement (certaines ayant été composées près de dix ans auparavant ou du temps où Vega n'était encore qu'une étudiante en Littérature se produisant dans les cafés, bars ou petites salles confidentielles pour travailler sa musique et son écriture, " Tom's Diner " étant de celles-ci).
Forte d'un bon succès d'estime de son premier opus (le single " Marlene On The Wall " ayant reçu une bonne exposition sur les radios et les chaînes musicales), et d'un single sur la Bande Originale du film pour ados Pretty In Pink contribuant à la populariser davantage, Suzanne Vega a, en ce début 1987, toutes les cartes en main pour grimper les dernières marches du succès.
Une instrumentation plus riche aidant à se rapprocher des codes Pop de l'époque (batterie plus forte, caisses claires plus percutantes et marquées, basse plus appuyée et... synthés...), le Spleen Folk original de Suzanne Vega se retrouve maintenant teinté de New Wave et de sensibilité que l'on pourrait quelque peu rapprocher de The Smiths (toutes proportions gardées, mais un peu quand même...). Peu importe au final ces ajustements ou ces différences de style, l'écriture est toujours de qualité.
La meilleure preuve en est l'ouverture à capela de " Tom's Diner ", la voix suffit à imprimer le rythme, à nous balader dans cette tranche de vie, dans cette pensée baladeuse dans une suspension matinale (les profs d'anglais remercieront la dame pour permettre une étude facile en compréhension orale du Présent Continu, dit " Présent BE+ING ", celui-là même servant à décrire ce que l'on fait sur le moment).
Autre chanson beaucoup utilisée dans les cours d'anglais, notamment pour traiter de la thématique de la violence faite aux enfants, et autre tube, " Luka " (ici on aura davantage du " Present Simple ", notamment pour traiter de l'habitude et de la constante de la chose.. (malheureusement pour le petit ici concerné) n'est plus à présenter : single Pop par excellence du disque, il pourra toujours émerveiller, émouvoir ou énerver (voire les 3 en même temps) avec les années et les multiples diffusions en radio.
Passé ces deux tubes, on peut enfin plonger dans l'album et en apprécier son charme à la fois désuet, doux et discret. En cela " Ironbound / Fancy Poultry " est typique de l'écriture Vega : observation, métaphores ( prostitution et soumission au désir carnal, sous fond social contrastant avec l'innoncence et la douceur de la voix) et spleen urbain musicalement traduits par des alternances entre Folk et Pop, la guitare servant de guide pour le passage entre les deux mondes.
Pour la suite, on aura au choix une séparation, une juxtaposition ou une fusion de ces deux styles : par exemple, " In The Eye " se cantonnant au domaine Pop et " Night Vision " restant dans des sillages Folk. Quelque soit le mode d'expression utilisé, la sincérité est toujours de mise.
On en arrive au troisième single, et autre joyau du disque, qui donne son titre à l'album. " Solitude Standing " bénéficie d'une très belle structure Pop, avec ce rythme en introduction repartant comme un soldat blessé au combat, se relevant une dernière fois. La magie entre amertume, douceur et mystère opère une nouvelle fois pour conter cette ombre dont l'auteure ne parvient à se détacher, à la fois répulsive et charmante, cette solitude qui, de George Moustaki à Black Sabbath, en aura travaillé plus d'un. Un très beau morceau, en tout cas.
" Calypso " qui suit, restera un incontournable du répertoire " live " de Suzanne Vega durant toute sa carrière. Bien sûr inspiré de L'Odyssée d'Homère, et laissant la marque des études littéraires de Vega (et aurait été composé à ce moment-là, dix ans auparavant, la musique se veut un doux rêve ou songe, tel que le personnage d'Ulysse aurait pu le subir dans ses multiples errances. " Language " et " Gypsy " suivent ces mêmes douceurs Folk et peuvent finir par lasser, bien qu'on ne puisse pas leur reprocher grand chose.
Heureusement arrive le véritable chef-d'oeuvre du disque avec " Wooden Horse (Caspar Hauser's Song)", sublime balade finale mortuaire au rythme armé et percutant, où Suzanne Vega se permet danger et renoncement. Les instruments laissés pour compte sur les titres précédents (batterie, guitares plus prononcées, basse électrique) font enfin leur retour. Les claviers restent atmosphériques et mystérieux. Toutes ces combinaisons et cette cohésion de groupe finissent par emmener le morceau vers une très belle conclusion, entre mélancolie et espoir (et là encore, le professeur d'anglais trouvera un bel exemple, autre que " When I'm Sity Four " pour parler de l'arrangement des temps dans les subordonnées du futur. Nous rappellerons ici donc que la proposition principale contient l'auxiliaire " will " de mise, tandis que la subordonnée introduite par " when " verra son verbe demeurer au présent simple. Et encore, on ne mentionnera pas le reste du texte pouvant aussi se prêter à l'étude des structures avec " If " suivies du prétérit...)
Le disque se termine par une reprise instrumentale de " Tom's Diner ", offrant une autre perception du morceau, et concluant l'album de manière logique et bienvenue. Il faudra finalement attendre 1990 et le remix par D.N.A. pour que ce morceau atteigne la popularité qu'on lui connaît aujourd'hui.
Solitude Standing pourrait être facilement l'album préféré, vous l'aurez compris, de votre prof d'anglais un peu Pop-Rock , un peu intello, un peu bohème et lettrée, dans un lycée de campagne des années 80 ou 90 (celle qui pouvait éventuellement vous payer des clopes en culpabilisant face à ses devoirs républicains).
Plus simplement, il reste un disque charnière dans la carrière de Suzanne Vega, de par son succès et la renommée atteinte depuis. Cependant, on pourra lui préférer d'autres travaux (le premier album contenant moins de fioritures et à l'écriture plus sèche, ou les albums plus expérimentaux des années 90) quand le côté F.M. reprend un peu parfois le dessus malgré la qualité intrinsèque des chansons. Pour le reste, nous sommes quand même en présence d'un bon album qui ne vole pas non plus sa place dans les Dictionnaires de Rock ou autres ouvrages de référence (que votre prof d'anglais aurait sûrement dans un coin de sa bibliothèque si ceux-là avaient été publiés à l'époque...).
Sympa 14/20 | par Machete83 |
En ligne
411 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages