Hercules & Love Affair
Omnion |
Label :
BMG |
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Il y a trois ans, Andy Butler, à la tête du projet Hercules & Love Affair, nous faisait danser par tous les moyens sur The Feast Of The Broken Heart. Malgré la lourdeur de certains des thèmes abordés (l'incommunicabilité, la rupture amoureuse, etc.), on bougeait sur les sonorités légères et les boucles électro-house sautillantes. Omnion, lui, est beaucoup plus introspectif, à l'image de sa plage titulaire et de sa pochette, sobre, mystérieuse. La soirée en boîte avec les amis s'achève, on rentre chez soi au milieu de la nuit, on n'a pas sommeil, on pense à plein de choses, on met Omnion : disque nocturne, froid, solitaire, mélancolique, méditatif.
Si Omnion est l'album de l'introspection, il est aussi disque d'ouverture aux artistes de différents horizons. Sur chaque album, Andy Butler s'efforce à dénicher plusieurs artistes pour chanter sur ses compositions ; contrairement aux autres disques, les talents invités ne sont pas nécessairement issus du monde LGBT ou apparenté, comme Antony Hegarty, John Grant ou Kele Okereke. En effet, on retrouve sur Omnion quelques apparitions surprenantes, telles que celles de Sharon Van Etten sur la plage titulaire, Faris Badwan, le chanteur de The Horrors, sur deux titres ou encore Sísý Ey, un groupe électro-house islandais composé notamment de trois sœurs. Et pour fermer la liste des nouvelles collaborations, citons les Libanais de Mashrou' Leila, un groupe pop-rock qui s'est notamment fait remarquer au Moyen-Orient pour avoir brisé le tabou de l'homosexualité dans quelques chansons – comme quoi les couleurs arc-en-ciel n'ont pas complètement pâli.
Les collaborations sont toutes très réussies et font clairement partie des meilleurs morceaux. "I'm running, my feet won't touch the ground" chantent les sœurs de Sísý Ey sur "Running" : à l'image des paroles, on se croit voler sur ce superbe titre deep house évoluant vers quelque chose plein de soul au fil des minutes. "Are You Still Certain ?", véritable ovni, accueille Mashrou' Leila qui chante en arabe sur une musique mêlant house 80s et légères influences orientales. "Controller", le premier single avec Faris Badwan, est quant à lui certainement le morceau le plus classique pour le groupe : une house vintage un peu dark et terriblement dansante. On est très, très loin du rock garage de The Horrors, mais quel plaisir d'entendre Badwan sur ce genre de titre, qui finalement lui va très bien. Interprété par Sharon Van Etten, "Omnion", la ballade électro en ouverture, est une autre belle réussite. Aérien et poétique, le titre est sublimé par le chant mélancolique et juvénile de Van Etten. Le morceau s'achève sur des cuivres qui ne sont pas sans rappeler le premier album de Hercules & Love Affair, eux qui étaient si présents sur ce disque.
À part ces quelques noms de "prestige", on retrouve les deux chanteurs déjà présents sur le précédent opus, Rouge Mary et Gustaph, sur respectivement deux et trois titres. On retiendra particulièrement "Rejoice", "Lies" et le bien nommé "Epilogue", qui referme le disque - "Wildchild" et "My Curse And Cure" sont, eux, sans être mauvais plus anecdotiques. "Rejoice" tout d'abord est avec "Controller" le morceau le plus pêchu du disque ; on pourrait d'ailleurs ajouter qu'il est beaucoup plus lourd que les autres chansons. Une île d'exubérance dans un océan de tranquillité. Rouge Mary assure sur ce très bon titre qui s'achève, là encore, sur des cuivres. "Lies" forme avec "Fools Wear Crows" une espèce de diptyque : les deux morceaux sont liés par une atmosphère sombre et downtempo commune et agrémentés de jolies cordes. "Lies" est le meilleur titre parmi les deux : Gustaph répète sans cesse "they tell me lies", passant d'un chant presque murmuré à un chant rageur qui ne peut plus être contenu. Enfin, "Epilogue" est à nouveau interprété par Gustaph, lui-même accompagné d'un chœur d'enfants de la région de Gand, en Belgique. La présence d'enfants fait directement écho au titre d'ouverture, l'enfantin "Omnion". Le titre, à nouveau, tout à fait inédit dans la discographie du groupe referme le récit sur une note apaisante, vaporeuse. Si on reprend l'image de la nuit que j'évoquais au début, "Epilogue" est l'aube et la promesse qui lui est associée.
Depuis le début du projet Hercules & Love Affair, Andy Butler a l'habitude de prendre son public à contre-pied : "Classique #2", le tout premier single techno/house taillé pour les boîtes de nuit, était finalement très différent du style nu-disco assez léché qui sera choisi sur le premier album, Hercules & Love Affair (2008) et le single phénomène "Blind". Blue Songs, trois ans plus tard, surprendra lui aussi : nocturne, froid, entre house vintage et expérimentations, le disque éloignera ceux qui voulaient retrouver Antony Hegarty et la dance de salon. En 2014, The Feast Of The Broken Heart mettra surtout l'accent sur l'immédiateté dance/house, les sonorités un peu plus chaudes, rondes et estivales, exit la froideur de Blue Songs. Omnion, enfin, se détourne à nouveau des bases jetées par le dernier album et renoue avec la froideur d'un Blue Songs mais, contrairement à ce dernier, privilégie surtout les ambiances les plus aériennes. Hercules & Love Affair est, avant tout, le projet personnel d'Andy Butler : qui l'aime le suive.
Si Omnion est l'album de l'introspection, il est aussi disque d'ouverture aux artistes de différents horizons. Sur chaque album, Andy Butler s'efforce à dénicher plusieurs artistes pour chanter sur ses compositions ; contrairement aux autres disques, les talents invités ne sont pas nécessairement issus du monde LGBT ou apparenté, comme Antony Hegarty, John Grant ou Kele Okereke. En effet, on retrouve sur Omnion quelques apparitions surprenantes, telles que celles de Sharon Van Etten sur la plage titulaire, Faris Badwan, le chanteur de The Horrors, sur deux titres ou encore Sísý Ey, un groupe électro-house islandais composé notamment de trois sœurs. Et pour fermer la liste des nouvelles collaborations, citons les Libanais de Mashrou' Leila, un groupe pop-rock qui s'est notamment fait remarquer au Moyen-Orient pour avoir brisé le tabou de l'homosexualité dans quelques chansons – comme quoi les couleurs arc-en-ciel n'ont pas complètement pâli.
Les collaborations sont toutes très réussies et font clairement partie des meilleurs morceaux. "I'm running, my feet won't touch the ground" chantent les sœurs de Sísý Ey sur "Running" : à l'image des paroles, on se croit voler sur ce superbe titre deep house évoluant vers quelque chose plein de soul au fil des minutes. "Are You Still Certain ?", véritable ovni, accueille Mashrou' Leila qui chante en arabe sur une musique mêlant house 80s et légères influences orientales. "Controller", le premier single avec Faris Badwan, est quant à lui certainement le morceau le plus classique pour le groupe : une house vintage un peu dark et terriblement dansante. On est très, très loin du rock garage de The Horrors, mais quel plaisir d'entendre Badwan sur ce genre de titre, qui finalement lui va très bien. Interprété par Sharon Van Etten, "Omnion", la ballade électro en ouverture, est une autre belle réussite. Aérien et poétique, le titre est sublimé par le chant mélancolique et juvénile de Van Etten. Le morceau s'achève sur des cuivres qui ne sont pas sans rappeler le premier album de Hercules & Love Affair, eux qui étaient si présents sur ce disque.
À part ces quelques noms de "prestige", on retrouve les deux chanteurs déjà présents sur le précédent opus, Rouge Mary et Gustaph, sur respectivement deux et trois titres. On retiendra particulièrement "Rejoice", "Lies" et le bien nommé "Epilogue", qui referme le disque - "Wildchild" et "My Curse And Cure" sont, eux, sans être mauvais plus anecdotiques. "Rejoice" tout d'abord est avec "Controller" le morceau le plus pêchu du disque ; on pourrait d'ailleurs ajouter qu'il est beaucoup plus lourd que les autres chansons. Une île d'exubérance dans un océan de tranquillité. Rouge Mary assure sur ce très bon titre qui s'achève, là encore, sur des cuivres. "Lies" forme avec "Fools Wear Crows" une espèce de diptyque : les deux morceaux sont liés par une atmosphère sombre et downtempo commune et agrémentés de jolies cordes. "Lies" est le meilleur titre parmi les deux : Gustaph répète sans cesse "they tell me lies", passant d'un chant presque murmuré à un chant rageur qui ne peut plus être contenu. Enfin, "Epilogue" est à nouveau interprété par Gustaph, lui-même accompagné d'un chœur d'enfants de la région de Gand, en Belgique. La présence d'enfants fait directement écho au titre d'ouverture, l'enfantin "Omnion". Le titre, à nouveau, tout à fait inédit dans la discographie du groupe referme le récit sur une note apaisante, vaporeuse. Si on reprend l'image de la nuit que j'évoquais au début, "Epilogue" est l'aube et la promesse qui lui est associée.
Depuis le début du projet Hercules & Love Affair, Andy Butler a l'habitude de prendre son public à contre-pied : "Classique #2", le tout premier single techno/house taillé pour les boîtes de nuit, était finalement très différent du style nu-disco assez léché qui sera choisi sur le premier album, Hercules & Love Affair (2008) et le single phénomène "Blind". Blue Songs, trois ans plus tard, surprendra lui aussi : nocturne, froid, entre house vintage et expérimentations, le disque éloignera ceux qui voulaient retrouver Antony Hegarty et la dance de salon. En 2014, The Feast Of The Broken Heart mettra surtout l'accent sur l'immédiateté dance/house, les sonorités un peu plus chaudes, rondes et estivales, exit la froideur de Blue Songs. Omnion, enfin, se détourne à nouveau des bases jetées par le dernier album et renoue avec la froideur d'un Blue Songs mais, contrairement à ce dernier, privilégie surtout les ambiances les plus aériennes. Hercules & Love Affair est, avant tout, le projet personnel d'Andy Butler : qui l'aime le suive.
Très bon 16/20 | par Rebecca Carlson |
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