Midlake
Antiphon |
Label :
ATO / Bella Union |
||||
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la création d'Antiphon, le quatrième album de Midlake, ne fut pas de tout repos, ce n'est rien de le dire. Jugez plutôt : après la parution de l'excellent The Courage of Others, leur précédent disque, en 2010, Midlake se remit rapidement à travailler sur de nouveaux morceaux en 2011-2012, afin de lui donner une suite. Bien que les résultats ne furent pas amplement satisfaisants, le groupe revint sur scène dès 2012 pour les jouer. Mais, quelques temps plus tard, Tim Smith, le perfectionniste chanteur et compositeur principal du groupe, quitta ses camarades, ces derniers ne pouvant plus lui apporter ce qu'il désirait, pour mettre sur pied un nouveau projet nommé Harp (et dont on attend toujours des nouvelles ! Hello Tim !). Le guitariste Eric Pulido prit alors la suite de Smith au micro et, plutôt que de reprendre ce qui avait été fait depuis deux ans en studio, lui et ses comparses décidèrent de tout recommencer à zéro, de l'écriture de nouveaux titres à l'enregistrement de l'album, ce qui leur prit six mois. Tous ces événements auraient pu plomber le groupe, détruire son moral, le forcer à se retirer. Il n'en fut rien, au contraire, car il puisa dans ces épreuves inattendues et douloureuses la force et la détermination pour se relever et se remettre à créer. Mieux encore, il vit cela comme un nouveau départ, un vrai challenge à relever, une manière aussi, sans doute, d'exorciser par la création, par la musique, le départ de son leader. Et cela aboutit donc à Antiphon en novembre 2013, qui est, de l'aveu même de Pulido, "la plus honnête représentation du groupe comme un tout". Un tout auquel se sont rajoutés deux nouveaux membres, Jesse Chandler (qui avait déjà collaboré à The Courage of Others, aux claviers, au piano et à la flûte) et Joey McClellan (à la guitare), en plus de Pulido, McKenzie Smith, Paul Alexander et Eric Nichelson.
Ce qui frappe d'emblée à l'écoute de ce disque, c'est le son, ample et libre. Antiphon, c'est un album qui respire, qui vit de manière éclatante. Jamais la musique de Midlake n'a semblé remplir autant d'espace. La séparation d'avec Smith a totalement libéré chacun des membres restants du groupe, qui trouvent ici un merveilleux terrain de recherche, d'expérimentation, et donc une volonté d'essayer des voies inédites pour eux. Cela entre bien en opposition avec la période Smith, plus centrée sur elle-même, introspective et moins coutumière des débordements musicaux, instrumentaux (sauf sur scène). Le morceau qui symbolise le mieux cette tendance est justement l'instrumental "Vale", placé en cinquième position, comme un pont entre les deux moitiés du disque. Il alterne entre moments calmes et passages très rock, où les musiciens semblent unis par le même désir de repousser les limites sonores de ce à quoi ils nous avaient habitués jusqu'à présent. Taillé pour la scène, propice à l'improvisation, il nous rappelle, par ces caractéristiques, la formation musicale originelle de ses créateurs : le jazz. Ce qui marque également sur cet album, c'est la puissance de la batterie, le rôle qui est désormais le sien dans le son du groupe. Il n'y a qu'à écouter le premier titre éponyme de la galette, "Antiphon", pour comprendre combien McKenzie Smith a dû s'éclater lors de l'enregistrement.
Sous influence floydienne (les claviers sur "The Old and the Young", une des franches réussites du disque, et cette ligne de basse !), Midlake se renouvelle, mais reste intrinsèquement le même groupe : en témoignent des harmonies vocales de toute beauté ("It's Going Down", autre belle réussite, "Ages"), les fameuses flûtes (la douce et éclatante "Aurora Gone"), ainsi que cette délicieuse mélancolie qui traverse l'ensemble de cet album (bel exemple avec "Corruption"). Le changement de chanteur ne nous dépayse pas trop : si la voix de Tim Smith était peut-être plus prenante et vectrice d'émotions que celle de Pulido, celle-ci apporte une palette de tons, de nuances et de couleurs inédites et appréciables à la musique de Midlake, et nous emporte sans difficulté tout au long des dix morceaux qui composent ce disque.
Album du renouveau après un profond bouleversement, Antiphon est exactement ce que Midlake devait sortir suite à cette épreuve. Riche, subtil, généreux, aventureux, œuvre d'un groupe uni et en recherche de nouveaux horizons, il est aussi un réflexe de survie. Et cet aspect rajoute indéniablement à sa beauté et à son attrait. Puisse le groupe poursuivre sur ce chemin.
Ce qui frappe d'emblée à l'écoute de ce disque, c'est le son, ample et libre. Antiphon, c'est un album qui respire, qui vit de manière éclatante. Jamais la musique de Midlake n'a semblé remplir autant d'espace. La séparation d'avec Smith a totalement libéré chacun des membres restants du groupe, qui trouvent ici un merveilleux terrain de recherche, d'expérimentation, et donc une volonté d'essayer des voies inédites pour eux. Cela entre bien en opposition avec la période Smith, plus centrée sur elle-même, introspective et moins coutumière des débordements musicaux, instrumentaux (sauf sur scène). Le morceau qui symbolise le mieux cette tendance est justement l'instrumental "Vale", placé en cinquième position, comme un pont entre les deux moitiés du disque. Il alterne entre moments calmes et passages très rock, où les musiciens semblent unis par le même désir de repousser les limites sonores de ce à quoi ils nous avaient habitués jusqu'à présent. Taillé pour la scène, propice à l'improvisation, il nous rappelle, par ces caractéristiques, la formation musicale originelle de ses créateurs : le jazz. Ce qui marque également sur cet album, c'est la puissance de la batterie, le rôle qui est désormais le sien dans le son du groupe. Il n'y a qu'à écouter le premier titre éponyme de la galette, "Antiphon", pour comprendre combien McKenzie Smith a dû s'éclater lors de l'enregistrement.
Sous influence floydienne (les claviers sur "The Old and the Young", une des franches réussites du disque, et cette ligne de basse !), Midlake se renouvelle, mais reste intrinsèquement le même groupe : en témoignent des harmonies vocales de toute beauté ("It's Going Down", autre belle réussite, "Ages"), les fameuses flûtes (la douce et éclatante "Aurora Gone"), ainsi que cette délicieuse mélancolie qui traverse l'ensemble de cet album (bel exemple avec "Corruption"). Le changement de chanteur ne nous dépayse pas trop : si la voix de Tim Smith était peut-être plus prenante et vectrice d'émotions que celle de Pulido, celle-ci apporte une palette de tons, de nuances et de couleurs inédites et appréciables à la musique de Midlake, et nous emporte sans difficulté tout au long des dix morceaux qui composent ce disque.
Album du renouveau après un profond bouleversement, Antiphon est exactement ce que Midlake devait sortir suite à cette épreuve. Riche, subtil, généreux, aventureux, œuvre d'un groupe uni et en recherche de nouveaux horizons, il est aussi un réflexe de survie. Et cet aspect rajoute indéniablement à sa beauté et à son attrait. Puisse le groupe poursuivre sur ce chemin.
Parfait 17/20 | par Poukram |
En ligne
515 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages