Mac Demarco
Salad Days |
Label :
Captured Tracks |
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Je me souviens, en 2014, je bossais dans une radio associative et la plupart de mes camarades aimaient beaucoup Mac DeMarco sans jamais vraiment le prendre au sérieux. "Il est trop cool pour être vrai ce gars avec son allure de slacker, sa dent du bonheur et sa guitare bizarrement accordée. C'est un phénomène pour hipsters, du second degré gentil mais calculé. C'est pas un hasard s'il sort son nouvel album le 1er avril. Tu verras Dylanesque, bientôt, on passera à autre chose". L'album en question, Salad Days est paru il y a trois ans et, désolé de vous contredire les amis mais, y a pas à chier, c'est toujours l'un de mes albums préférés.
Déjà, faut arrêter les amalgames. Mac DeMarco - de son vrai nom Vernor Winfield McBriare Smith IV - n'est pas une blague. Pas plus que Philippe Katerine, que Jonathan Richman ou que Brian Wilson. Ces mecs là sont des musiciens avec une sensibilité bien à eux, un regard innocent sur un monde triste. Ces mecs là sont des musiciens au sens mélodique imbattable et capables d'étendre leurs capacités tout en restant fidèles à eux-mêmes. Mac est loin d'avoir la même carrière que ses illustres prédécesseurs mais ne fait que progresser depuis le début et semble à mes oreilles l'un de leur plus digne héritier - et, histoire d'aller plus loin dans le name-dropping - un cousin germain d'Adam Green et de la scène anti-folk new-yorkaise.
Loin d'être un branleur, ce stakhanoviste parcourt depuis cinq ans les scènes du monde entier en proposant un spectacle à la sincérité déconcertante, des concerts dont l'aspect ludique n'est jamais un gimmick, où l'énergie n'est jamais factice - contrairement à des Flaming Lips qui, au fil du temps, dissimulent leur manque d'inspiration par des effets de plus en plus lourdingues. Loin d'être un stoner, Mac a souvent déclaré qu'il ne fume pas. Loin d'être un hipster, Mac ne se cache pas d'adorer les Beatles et d'avoir envie de plaire au plus grand nombre parce qu'il sait écrire sur son monde tout en parlant à tout le monde - plus de 52 000 copies vendues outre-Atlantique à ce jour. Il est accessible, spontané et drôle, tout le monde veut être son pote et se défoncer en l'écoutant mais il serait dommage de s'arrêter là et d'y voir un personnage. N'oublions pas qu'il est également talentueux, novateur et qu'il n'a aucune autre ambition que de bien faire sonner ses névroses.
Pour s'en rendre compte et aller plus loin que la hype, il faut écouter la musique. Ce deuxième album, c'est celui d'un mec qui lutte pour rester éveillé et chiller à tout prix, malgré la fatigue, malgré l'angoisse. Si 2 était de son propre aveu un album sur "tout et n'importe quoi", son successeur évoque l'épuisement, la solitude, l'impuissance et même la franc-maçonnerie car il n'y a aucun sujet qui ne puisse être passer à la moulinette d'un songwriter qui transforme l'ennui en or. Qui allie structures inventives et mélodies catchy dès le morceau qui donne son nom à l'album - "Salad Days", une expression shakespearienne qui désigne une sorte d'âge d'or, de moment parfait qui ne pourra jamais être égalé, "le temps de l'amour, des copains et de l'innocence" comme le chantait tendrement Françoise Hardy. Ce qui me fait repenser à ces longs après-midi du printemps 2014 où je m'enfilais des joints en compagnie de Mac, où il me faisait autant groover que tomber dans un spleen profond. Le musicien est sûr de lui, le chanteur plus fragile, les accords pas toujours juste, le tout est un océan de mélancolie.
Oh je replonge rien qu'en entendant ces juxtapositions de chœurs, cet écho aussi moderne que rétro, ces boucles qu'on souhaiteraient interminables mais qui savent s'arrêter juste à temps. Ce "Brother" qui est une complainte encore plus cool que le "Don't Let Me Down" des Beatles. Ce "Let Her Go" qui était sensé être un tube écrit pour convaincre le label Captured Tracks mais qui ne manque pas de fantaisie. "Goodbye Weekend", le véritable tube, ode à la procrastination qui saute à pieds joints dans notre paresse. "Let My Baby Stay" qui, au cas où "Still Together" n'avait pas suffi, prouve aux détracteurs à quel point la voix de Mac est riche, surprenante et versatile. "Passing Out Pieces" qui donne envie de s'acheter un synthé bontempi parce que ça semble si facile alors que c'est si périlleux de pondre un tel bijou sans se casser la gueule dans l'écueil d'un revival eighties insipide. Le chef d'oeuvre "Chamber of Reflection" qui emprunte sa mélodie à un morceau de Shigeo Sekito datant de 1975 et qui dès le beat d'intro me plonge dans un profond état de bien-être, dans une transe indescriptible et qu'avec un peu de weed et de bonnes enceintes, on peut faire partager à son entourage ou à sa/son partenaire lors de siestes lascives. L'instrumental "Jonny's Odyssey" qui se conclue par un remerciement et un au revoir et à un bientôt qui prend tout son sens parce qu'en général, une fois le voyage terminé, on le recommence aussitôt.
Et ce n'est pas parce qu'il se savoure sans effort qu'il est l'oeuvre d'un branleur, d'un opportuniste ou d'un one-hit wonder. Que sa carrière se poursuive encore un demi-siècle ou s'arrête dans deux ans, Mac DeMarco aura laissé son empreinte avec ce Salad Days qui rythmera pendant encore longtemps mes nuits d'ivresse, mes gueules de bois et tous ces weekends qui se terminent trop tôt.
Déjà, faut arrêter les amalgames. Mac DeMarco - de son vrai nom Vernor Winfield McBriare Smith IV - n'est pas une blague. Pas plus que Philippe Katerine, que Jonathan Richman ou que Brian Wilson. Ces mecs là sont des musiciens avec une sensibilité bien à eux, un regard innocent sur un monde triste. Ces mecs là sont des musiciens au sens mélodique imbattable et capables d'étendre leurs capacités tout en restant fidèles à eux-mêmes. Mac est loin d'avoir la même carrière que ses illustres prédécesseurs mais ne fait que progresser depuis le début et semble à mes oreilles l'un de leur plus digne héritier - et, histoire d'aller plus loin dans le name-dropping - un cousin germain d'Adam Green et de la scène anti-folk new-yorkaise.
Loin d'être un branleur, ce stakhanoviste parcourt depuis cinq ans les scènes du monde entier en proposant un spectacle à la sincérité déconcertante, des concerts dont l'aspect ludique n'est jamais un gimmick, où l'énergie n'est jamais factice - contrairement à des Flaming Lips qui, au fil du temps, dissimulent leur manque d'inspiration par des effets de plus en plus lourdingues. Loin d'être un stoner, Mac a souvent déclaré qu'il ne fume pas. Loin d'être un hipster, Mac ne se cache pas d'adorer les Beatles et d'avoir envie de plaire au plus grand nombre parce qu'il sait écrire sur son monde tout en parlant à tout le monde - plus de 52 000 copies vendues outre-Atlantique à ce jour. Il est accessible, spontané et drôle, tout le monde veut être son pote et se défoncer en l'écoutant mais il serait dommage de s'arrêter là et d'y voir un personnage. N'oublions pas qu'il est également talentueux, novateur et qu'il n'a aucune autre ambition que de bien faire sonner ses névroses.
Pour s'en rendre compte et aller plus loin que la hype, il faut écouter la musique. Ce deuxième album, c'est celui d'un mec qui lutte pour rester éveillé et chiller à tout prix, malgré la fatigue, malgré l'angoisse. Si 2 était de son propre aveu un album sur "tout et n'importe quoi", son successeur évoque l'épuisement, la solitude, l'impuissance et même la franc-maçonnerie car il n'y a aucun sujet qui ne puisse être passer à la moulinette d'un songwriter qui transforme l'ennui en or. Qui allie structures inventives et mélodies catchy dès le morceau qui donne son nom à l'album - "Salad Days", une expression shakespearienne qui désigne une sorte d'âge d'or, de moment parfait qui ne pourra jamais être égalé, "le temps de l'amour, des copains et de l'innocence" comme le chantait tendrement Françoise Hardy. Ce qui me fait repenser à ces longs après-midi du printemps 2014 où je m'enfilais des joints en compagnie de Mac, où il me faisait autant groover que tomber dans un spleen profond. Le musicien est sûr de lui, le chanteur plus fragile, les accords pas toujours juste, le tout est un océan de mélancolie.
Oh je replonge rien qu'en entendant ces juxtapositions de chœurs, cet écho aussi moderne que rétro, ces boucles qu'on souhaiteraient interminables mais qui savent s'arrêter juste à temps. Ce "Brother" qui est une complainte encore plus cool que le "Don't Let Me Down" des Beatles. Ce "Let Her Go" qui était sensé être un tube écrit pour convaincre le label Captured Tracks mais qui ne manque pas de fantaisie. "Goodbye Weekend", le véritable tube, ode à la procrastination qui saute à pieds joints dans notre paresse. "Let My Baby Stay" qui, au cas où "Still Together" n'avait pas suffi, prouve aux détracteurs à quel point la voix de Mac est riche, surprenante et versatile. "Passing Out Pieces" qui donne envie de s'acheter un synthé bontempi parce que ça semble si facile alors que c'est si périlleux de pondre un tel bijou sans se casser la gueule dans l'écueil d'un revival eighties insipide. Le chef d'oeuvre "Chamber of Reflection" qui emprunte sa mélodie à un morceau de Shigeo Sekito datant de 1975 et qui dès le beat d'intro me plonge dans un profond état de bien-être, dans une transe indescriptible et qu'avec un peu de weed et de bonnes enceintes, on peut faire partager à son entourage ou à sa/son partenaire lors de siestes lascives. L'instrumental "Jonny's Odyssey" qui se conclue par un remerciement et un au revoir et à un bientôt qui prend tout son sens parce qu'en général, une fois le voyage terminé, on le recommence aussitôt.
Et ce n'est pas parce qu'il se savoure sans effort qu'il est l'oeuvre d'un branleur, d'un opportuniste ou d'un one-hit wonder. Que sa carrière se poursuive encore un demi-siècle ou s'arrête dans deux ans, Mac DeMarco aura laissé son empreinte avec ce Salad Days qui rythmera pendant encore longtemps mes nuits d'ivresse, mes gueules de bois et tous ces weekends qui se terminent trop tôt.
Excellent ! 18/20 | par Dylanesque |
En écoute : https://macdemarco.bandcamp.com/album/salad-days
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