Petit Vodo

Je me balade sur internet pour trouver des références plus précises du tout premier disque du bordelais Petit Vodo, et je tombe sur l'annonce de quelqu'un qui le vend : "il manque la jaquette façade mais c'est ok". En fait c'est assez normal, vu qu'il n'y a pas de pochette. C'est le même concept que The Sun Is Blue Like The Eggs In Winter de Dionysos : c'est le cd, qui par transparence fait la pochette. D'un côté, on a un oeuf bleu, de l'autre une passoire à frites. D'ailleurs enlevez le cd et dessous se trouve la photo d'un petit africain probablement affamé accolée au schéma d'utilisation d'une cocotte minute. Nous sommes en présence d'un adepte de l'humour noir, mais surtout d'un petit bidouilleur qui fait péter les soupapes du blues et du garage comme personne. 9 titres en pas plus de 20 minutes, c'est suffisant pour éviter les fioritures. Mais surtout ce disque est une belle fioriture insignifiante dans le vaste monde de la musique, je m'y attache car l'inutile est précieux et que il fait partie de ce genre de disques qui nous disent que l'art n'appartient pas à une élite. Armé d'une batterie, d'une gratte, d'un sampler, d'un harmonica et d'un ampli grésillant, cet énergumène s'est perdu dans l'ouest américain une nuit de bithure, a bien retenu les leçons des tous premiers délires lo-fi de Beck, et a enregistré ensuite complètement à l'arrache un petit disque au son baveux, énorme, saturé, aux paroles souvent incompréhensibles, mais qui, par magie, groove terriblement. Enregistré chez les Noir Désir il y a une décennie, en pas plus de 2-3 jours, cet ovni de blues primitif mâtiné de samples vintage et d'éructations passées au mégaphone est mineur certes, mais transmet une coolitude assez communicative, très bien rendue en concert où au cours de ses one-man show, Petit Vodo joue de tout, et en même temps!