Jesca Hoop
Memories Are Now |
Label :
Sub Pop |
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Je suis tombé sur Memories Are Now presque par hasard. Quelques critiques en disaient du bien, les mots " jazz folk " ont été prononcés. Jesca Hoop ? Inconnue au bataillon. Et ce n'est pas normal... dès le premier contact je pense à une myriade de noms (Joanna Newsom, Fiona Apple, Kate Bush, PJ Harvey, blablabla), et en recherchant un petit peu la demoiselle v'là qu'elle a déjà 7 albums solo sous son nom (et une bonne poignée d'EPs) et qu'elle est active depuis 2003. Miss Hoop est restée mystérieusement hors de mon folk-radar. Un début d'explication peut peut-être se trouver dans la démarche toute particulière que la chanteuse a entreprise sur ce nouvel album : celle de repartir de zéro en se séparant de son producteur de toujours. Afin de voir ce dont elle était capable dans un environnement neuf. En changeant sa trajectoire artistique elle a finit par trouver la mienne... c'est-y pas beau ?
Et concrètement comment ça se traduit sur le disque ? Livrée à un nouveau contexte studio, Jesca aura décidé que prudence est mère de sûreté et ne s'encombrera pas d'arrangements excessifs pour habiller ses morceaux ; la production est très brute et les accompagnements limités le plus souvent à guitare/voix et à un ou deux instruments supplémentaires pas plus (guitares électriques, steel, un banjo timide, quelques notes discrètes de basse/contrebasse et des percus minimales ici et là). Dépouillé, Memories Are Now s'est également fait dans l'urgence. Sous les conseils de son nouveau producteur Blake Mills l'album tente de s'approcher le plus possible d'une expérience live, ce pourquoi on aura très peu d'overdubs (hors harmonies vocales), les prises sont essentiellement live et on s'attarde rarement longtemps sur une idée en particulier, il faut travailler vite ! Ce qui se traduit jusque dans le morceau titre et intro de l'album, "Memories Are Now", secoué d'un étrange groove minimal pour seul accompagnement d'une voix qui chante un texte impitoyable sur l'instant présent, disant en substance que si l'on est pas là pour l'aider autant prendre directement la porte, elle a du pain sur la planche et pas de temps pour douter, allant jusqu'à scander en fin de morceau : "Get moving ! Get moving !"
Il est étonnant de constater la variété de ce que nous propose Memories Are Now en dépit de sa grande sobriété apparente. C'est qu'elle a beau se dévoiler à nos tympans dans son plus simple appareil, Jesca est une originale dotée d'un sens créatif qui l'empêche de tenir en place, s'incarnant aussi bien à la limite du jazz vocal ("Animal Kingdom Chaotic"), dans la folk ancestrale ("Songs of Old"), l'indie folk (la splendide "Pegasi" et sa suite d'accord à se damner, peut-être le point culminant de l'album), la complainte alt.country atmosphérique ("The Coming"), le folk-rock ("Cut Connection"), j'en passe. Ses compositions prennent souvent des directions inattendues, n'allez pas croire que sous couvert de dépouillement on ait le droit à un album complètement sobre et statique, loin de là. Étant donné son dénuement instrumental, c'est sa seule voix qui portera à bout de bras la plupart de ces compositions. Et force est de constater qu'elle en a la stature, son organe vocal puissant et versatile lui permet de se la jouer caméléon et de chanter aisément à peu près n'importe quoi, en prenant au passage des allures de certaines autres grandes dames – le name-dropping de début de chronique n'était pas gratuit, selon les moments on croirait vraiment entendre une cousine de Fiona Apple, Kate Bush, Joanna Newsom (" Simon Says ")... D'ailleurs ce n'est sans doute pas un hasard si la moins bonne piste du lot, "The Coming", est celle qui contient la performance vocale la moins inspirée, trop sage et contemplative de la part d'une femme si talentueuse lorsqu'elle sautille agilement.
Une excellente découverte donc, et si je ne dispose d'aucun point de comparaison pour juger de la pertinence de la décision de Jesca Hoop de changer de décor, en regard d'une discographie que je ne connais pas, je reste très satisfait de ce que j'entends ici. Le plus gros défaut de Memories Are Now finalement est le contrepoint logique de sa plus grande qualité : cette sobriété que je vante au long de ce texte n'est pas sans me frustrer selon les moments. Il aurait sans doute mieux valu que Jesca se donne épisodiquement les moyens instrumentaux de son ambition, notamment pour justifier la durée importante de certaines de ses pistes, qui peuvent donner l'impression de s'étirer excessivement en longueur. Ceci étant dit, il ne me reste plus qu'à aller parcourir sa carrière en sens inverse, en priant pour tomber sur d'autres joyaux.
Et concrètement comment ça se traduit sur le disque ? Livrée à un nouveau contexte studio, Jesca aura décidé que prudence est mère de sûreté et ne s'encombrera pas d'arrangements excessifs pour habiller ses morceaux ; la production est très brute et les accompagnements limités le plus souvent à guitare/voix et à un ou deux instruments supplémentaires pas plus (guitares électriques, steel, un banjo timide, quelques notes discrètes de basse/contrebasse et des percus minimales ici et là). Dépouillé, Memories Are Now s'est également fait dans l'urgence. Sous les conseils de son nouveau producteur Blake Mills l'album tente de s'approcher le plus possible d'une expérience live, ce pourquoi on aura très peu d'overdubs (hors harmonies vocales), les prises sont essentiellement live et on s'attarde rarement longtemps sur une idée en particulier, il faut travailler vite ! Ce qui se traduit jusque dans le morceau titre et intro de l'album, "Memories Are Now", secoué d'un étrange groove minimal pour seul accompagnement d'une voix qui chante un texte impitoyable sur l'instant présent, disant en substance que si l'on est pas là pour l'aider autant prendre directement la porte, elle a du pain sur la planche et pas de temps pour douter, allant jusqu'à scander en fin de morceau : "Get moving ! Get moving !"
Il est étonnant de constater la variété de ce que nous propose Memories Are Now en dépit de sa grande sobriété apparente. C'est qu'elle a beau se dévoiler à nos tympans dans son plus simple appareil, Jesca est une originale dotée d'un sens créatif qui l'empêche de tenir en place, s'incarnant aussi bien à la limite du jazz vocal ("Animal Kingdom Chaotic"), dans la folk ancestrale ("Songs of Old"), l'indie folk (la splendide "Pegasi" et sa suite d'accord à se damner, peut-être le point culminant de l'album), la complainte alt.country atmosphérique ("The Coming"), le folk-rock ("Cut Connection"), j'en passe. Ses compositions prennent souvent des directions inattendues, n'allez pas croire que sous couvert de dépouillement on ait le droit à un album complètement sobre et statique, loin de là. Étant donné son dénuement instrumental, c'est sa seule voix qui portera à bout de bras la plupart de ces compositions. Et force est de constater qu'elle en a la stature, son organe vocal puissant et versatile lui permet de se la jouer caméléon et de chanter aisément à peu près n'importe quoi, en prenant au passage des allures de certaines autres grandes dames – le name-dropping de début de chronique n'était pas gratuit, selon les moments on croirait vraiment entendre une cousine de Fiona Apple, Kate Bush, Joanna Newsom (" Simon Says ")... D'ailleurs ce n'est sans doute pas un hasard si la moins bonne piste du lot, "The Coming", est celle qui contient la performance vocale la moins inspirée, trop sage et contemplative de la part d'une femme si talentueuse lorsqu'elle sautille agilement.
Une excellente découverte donc, et si je ne dispose d'aucun point de comparaison pour juger de la pertinence de la décision de Jesca Hoop de changer de décor, en regard d'une discographie que je ne connais pas, je reste très satisfait de ce que j'entends ici. Le plus gros défaut de Memories Are Now finalement est le contrepoint logique de sa plus grande qualité : cette sobriété que je vante au long de ce texte n'est pas sans me frustrer selon les moments. Il aurait sans doute mieux valu que Jesca se donne épisodiquement les moyens instrumentaux de son ambition, notamment pour justifier la durée importante de certaines de ses pistes, qui peuvent donner l'impression de s'étirer excessivement en longueur. Ceci étant dit, il ne me reste plus qu'à aller parcourir sa carrière en sens inverse, en priant pour tomber sur d'autres joyaux.
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
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