Gogo Penguin
Paris [Olympia] - samedi 01 octobre 2022 |
Je serai éternellement reconnaissant à Portico Quartet pour avoir su briser le traumatisme provoqué par ces quelques passages de Jazz à FIP (dominés par le free jazz) qu'il m'a été donné d'entendre par hasard depuis plus de vingt ans. Mais comment ne pas remercier – surtout - Peter Gabriel ? Car c'est en écoutant, il y a deux ou trois ans, cette compilation magique des vingt cinq ans de Real World que tout a commencé : Portico Quartet a en effet sorti son superbe deuxième album, Isla, sur le précieux label du génie anglais ; et j'ai flashé sur le titre "Line", sélectionné sur ladite compilation.
Portico Quartet, c'est donc du jazz, mais du jazz pour ceux qui n'aiment pas le jazz. A moins que ce ne soit, en ce qui me concerne, un premier volet ouvert sur le monde du jazz. Je le saurai dans quelques années. Pour l'instant, c'est surtout le groupe qui m'a permis de mettre le pied dans la porte du genre. Ne sachant pas où aller dans ce style qui m'avait si longtemps rebuté, j'ai d'abord pensé à jeter un œil au label Gondwana, sur lequel est désormais signé le quatuor anglais. Je tombe sur Mammal Hands. Claque. Même minimalisme, même efficacité, même présence élégiaque du saxophone. Puis vint GoGo Penguin. Cas plus compliqué. Le trio piano/contrebasse/batterie est beaucoup plus virtuose et, sans aller se perdre dans les contrées du Grand Nawak façon free jazz, GoGo Penguin aime à n'en pas douter la complexité. Mais leur groove est impeccable et de ci de là naissent des mélodies suffisamment bien ciselées pour m'emporter.
Parenthèse autocentrée façon Pitchfork terminée. Quid de ce concert à l'Olympia donc ? Portico Quartet en première partie, GoGo Penguin en tête d'affiche. Ne connaissant pas suffisamment les groupes, je suis incapable de nommer les titres et encore moins les albums dont ils sont issus. Mais pas besoin de ça pour vous livrer mon impression : Portico Quartet impose d'emblée sa palette très variée de rythmes et de genres. Subtil cocktail d'électronique, de doux noise, de mélodies dont la mélancolie vous cajole comme une couette en plein hiver (chauffage à 19° et col roulé de rigueur), et de plans de batterie à tomber. Le groupe m'a d'autant plus impressionné qu'il me semble qu'ils ont joué au moins un morceau de leur récent EP Terrain (écrit pendant le confinement par seulement deux membres du groupe), que je trouvais un peu trop ambiant à mon goût sur disque, et sur lequel que j'ai été complètement hypnotisé en live. Au final, quarante cinq minutes très énergiques mais trop courtes, que j'aurais pu écouter les yeux fermés tant l'immersion était là, à portée, et la musique du groupe, accueillante à souhait.
Sans mes yeux j'aurais sans doute beaucoup moins apprécié GoGo Penguin. Car le trio est au moins autant à voir qu'à écouter. La virtuosité et la présence du contrebassiste étant tout simplement captivantes, j'ai pris un vrai plaisir à suivre ses doigts et sa gestuelle pendant 1h30. Pour le reste, je suis convaincu que, malgré sa technique (jamais démonstrative j'avoue, mais parfois un peu vaine il me semble) le groupe aurait tout intérêt à savoir simplifier parfois ses plans, passer sur un bon rythme binaire de temps à autre, et que cela ne nuirait aucunement à la qualité (indéniable) de ses compositions. Au contraire. En bref, on sent chez eux un potentiel de séduction énorme, mais qu'ils s'acharnent, de façon sans doute très consciente, à casser par des structures rythmiques et mélodiques alambiquées. Le choix est courageux mais pourquoi bouder quelques plaisirs simples de temps à autre ?
Autre point de taille, mais cela concerne 95% des groupes instrumentaux : 1H30 c'est long, surtout quand, question formule, il n'y a pas de franche remise en question. De ce point de vue là, et même si ça n'a pas toujours été probant sur disque, Portico Quartet a toujours eu le mérite de tenter quelque chose de nouveau à chaque album. Peut-être que leur minimalisme l'impose. Sans doute même. Mais il ne faudrait pas que GoGo Penguin pense, parce qu'ils savent tout faire de leurs dix doigts, que l'auditeur ne peut pas se lasser. Est-ce un hasard ? Le batteur historique du groupe a d'ailleurs quitté ses deux compères en décembre dernier, remplacé au pied levé par le très compétent Jon Scott. En tout cas, on a clairement, avec ces deux groupes, deux facettes d'une même pièce : un jazz instrumental à la fois puissant, émotionnel, technique et accessible. La classe.
Portico Quartet, c'est donc du jazz, mais du jazz pour ceux qui n'aiment pas le jazz. A moins que ce ne soit, en ce qui me concerne, un premier volet ouvert sur le monde du jazz. Je le saurai dans quelques années. Pour l'instant, c'est surtout le groupe qui m'a permis de mettre le pied dans la porte du genre. Ne sachant pas où aller dans ce style qui m'avait si longtemps rebuté, j'ai d'abord pensé à jeter un œil au label Gondwana, sur lequel est désormais signé le quatuor anglais. Je tombe sur Mammal Hands. Claque. Même minimalisme, même efficacité, même présence élégiaque du saxophone. Puis vint GoGo Penguin. Cas plus compliqué. Le trio piano/contrebasse/batterie est beaucoup plus virtuose et, sans aller se perdre dans les contrées du Grand Nawak façon free jazz, GoGo Penguin aime à n'en pas douter la complexité. Mais leur groove est impeccable et de ci de là naissent des mélodies suffisamment bien ciselées pour m'emporter.
Parenthèse autocentrée façon Pitchfork terminée. Quid de ce concert à l'Olympia donc ? Portico Quartet en première partie, GoGo Penguin en tête d'affiche. Ne connaissant pas suffisamment les groupes, je suis incapable de nommer les titres et encore moins les albums dont ils sont issus. Mais pas besoin de ça pour vous livrer mon impression : Portico Quartet impose d'emblée sa palette très variée de rythmes et de genres. Subtil cocktail d'électronique, de doux noise, de mélodies dont la mélancolie vous cajole comme une couette en plein hiver (chauffage à 19° et col roulé de rigueur), et de plans de batterie à tomber. Le groupe m'a d'autant plus impressionné qu'il me semble qu'ils ont joué au moins un morceau de leur récent EP Terrain (écrit pendant le confinement par seulement deux membres du groupe), que je trouvais un peu trop ambiant à mon goût sur disque, et sur lequel que j'ai été complètement hypnotisé en live. Au final, quarante cinq minutes très énergiques mais trop courtes, que j'aurais pu écouter les yeux fermés tant l'immersion était là, à portée, et la musique du groupe, accueillante à souhait.
Sans mes yeux j'aurais sans doute beaucoup moins apprécié GoGo Penguin. Car le trio est au moins autant à voir qu'à écouter. La virtuosité et la présence du contrebassiste étant tout simplement captivantes, j'ai pris un vrai plaisir à suivre ses doigts et sa gestuelle pendant 1h30. Pour le reste, je suis convaincu que, malgré sa technique (jamais démonstrative j'avoue, mais parfois un peu vaine il me semble) le groupe aurait tout intérêt à savoir simplifier parfois ses plans, passer sur un bon rythme binaire de temps à autre, et que cela ne nuirait aucunement à la qualité (indéniable) de ses compositions. Au contraire. En bref, on sent chez eux un potentiel de séduction énorme, mais qu'ils s'acharnent, de façon sans doute très consciente, à casser par des structures rythmiques et mélodiques alambiquées. Le choix est courageux mais pourquoi bouder quelques plaisirs simples de temps à autre ?
Autre point de taille, mais cela concerne 95% des groupes instrumentaux : 1H30 c'est long, surtout quand, question formule, il n'y a pas de franche remise en question. De ce point de vue là, et même si ça n'a pas toujours été probant sur disque, Portico Quartet a toujours eu le mérite de tenter quelque chose de nouveau à chaque album. Peut-être que leur minimalisme l'impose. Sans doute même. Mais il ne faudrait pas que GoGo Penguin pense, parce qu'ils savent tout faire de leurs dix doigts, que l'auditeur ne peut pas se lasser. Est-ce un hasard ? Le batteur historique du groupe a d'ailleurs quitté ses deux compères en décembre dernier, remplacé au pied levé par le très compétent Jon Scott. En tout cas, on a clairement, avec ces deux groupes, deux facettes d'une même pièce : un jazz instrumental à la fois puissant, émotionnel, technique et accessible. La classe.
Bon 15/20 | par François Corda |
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