Chris Brokaw
Paris [Petit Bain] - vendredi 25 février 2022 |
Quoi de mieux qu'une soirée Exitmusik pour mon premier concert de 2022 ? Une programmation éclectique et exigeante sans être sectaire, l'assurance de voir quelques potes pour surmonter le syndrome de la cabane, et une légende du rock indé US en tête d'affiche. Pour être honnête, il y a quelques semaines, je ne connaissais de Chris Brokaw qu'une compilation de Codeine perdue au fond de mon disque dur depuis plusieurs années et un album solo un peu soporifique écouté une seule fois (End of the Night). Et puis il y a eu cette chronique fin 2021 (sur Exitmusik. Coïncidence ?) qui comparait le dernier album de Chris Brokaw, Puritan, à du Thurston Moore. De quoi aiguiser ma curiosité. C'est donc les oreilles remplies de ce très bel album que j'ai rappliqué au Petit Bain.
Certes, il y avait la déception de ne pas pouvoir découvrir les Suisses de Ventura, qui étaient annoncés mais ont annulé quelques semaines avant. Ce qui m'a permis de faire une autre découverte, Tabatha Crash, un trio sans doute aussi bruyant que Ventura. Ces remplaçants de luxe ne sont pas des inconnus, puisque deux d'entre eux évoluaient dans Sons of Frida, que j'avais eu l'occasion de voir à deux reprises à l'époque. Le petit aperçu que j'en ai eu sur Bandcamp avant d'aller prendre le métro était prometteur, et je n'ai pas été déçu : une rythmique au cordeau et une alternance de dissonances et de mélodies vénéneuses entre Sonic Youth et Fugazi, avec une densité sonore qui ne déparerait pas chez Jawbox ou Helmet, tout ce qu'il faut pour se mettre en train. Derrière, le duo franco-américain Special Friend apparaissait en comparaison un peu mollasson, mais ce n'était que le temps de la transition : leur noisy-pop lo-fi, en plus d'évoquer furieusement The Pastels, recèle des petits bijoux qui vous explosent aux oreilles en vous faisant taper du pied, même en l'absence de mon instrument préféré (la basse).
Vendredi soir oblige, les concerts s'enchaînent très vite pour libérer le dancefloor. Alors que je commence tout juste à être chaud, Chris Brokaw débarque sur scène, armé de sa seule guitare électrique. Le premier morceau est un choc : "Into The Woods", avec son phrasé saccadé et lancinant posé sur un arpège magique, figure sur un album de 2012, intitulé Gambler's Ecstasy, comme je le découvrirai quelques jours plus tard en fouinant sur les internets. Il faut dire que la discographie du monsieur est un sacré jeu de pistes : une trentaine de références en solo, tout seul ou avec des musiciens, comprenant des albums instrumentaux, des bandes originales, du folk, du rock plus ou moins noisy, de l'ambient, des albums de reprises, et, pour bien finir de dérouter tout le monde, trois albums de bluegrass avec Geoff Farina de Karate, sur l'un desquels figure une première version de "Into The Woods".
Dès le deuxième morceau, Chris sort l'artillerie lourde : "The Heart of Human Trafficking", le meilleur morceau de son dernier album. Sa voix semble plus éraillée que dans la version studio (ce n'est qu'une impression), l'absence de batterie se fait un peu sentir, mais l'émotion passe tout de même. Il y a des réminiscences du Neil Young de Le Noise dans cette performance, voire des sonorités proches de ce que peut créer Gary Lucas, le guitariste virtuose du regretté Jeff Buckley.
Les perles du dernier album s'égrènent, entrecoupées de curiosités : une reprise du Gun Club, et surtout un chouette morceau d'un de ses nombreux groupes, The Martha's Vineyard Ferries, "She's a Fucking Angel (From Fucking Heaven)". L'occasion pour moi de déterrer un album qui traînait sur mon disque dur sans que je lui aie accordé l'attention qu'il mérite, et encore une autre facette du premier batteur de Codeine.
Lorsqu'il quitte la scène, on se dit que c'était trop court. Heureusement, il revient très vite pour un rappel. Deux morceaux supplémentaires, dont un émouvant hommage à son pote Mark Lanegan. Une performance un poil frustrante en raison des conditions, mais tellement d'émotions et de promesses de découvertes musicales. De bonnes raisons de passer plus de temps dans la cabane, mais aussi d'en sortir pour voir plus de concerts d'artistes talentueux et attachants.
Certes, il y avait la déception de ne pas pouvoir découvrir les Suisses de Ventura, qui étaient annoncés mais ont annulé quelques semaines avant. Ce qui m'a permis de faire une autre découverte, Tabatha Crash, un trio sans doute aussi bruyant que Ventura. Ces remplaçants de luxe ne sont pas des inconnus, puisque deux d'entre eux évoluaient dans Sons of Frida, que j'avais eu l'occasion de voir à deux reprises à l'époque. Le petit aperçu que j'en ai eu sur Bandcamp avant d'aller prendre le métro était prometteur, et je n'ai pas été déçu : une rythmique au cordeau et une alternance de dissonances et de mélodies vénéneuses entre Sonic Youth et Fugazi, avec une densité sonore qui ne déparerait pas chez Jawbox ou Helmet, tout ce qu'il faut pour se mettre en train. Derrière, le duo franco-américain Special Friend apparaissait en comparaison un peu mollasson, mais ce n'était que le temps de la transition : leur noisy-pop lo-fi, en plus d'évoquer furieusement The Pastels, recèle des petits bijoux qui vous explosent aux oreilles en vous faisant taper du pied, même en l'absence de mon instrument préféré (la basse).
Vendredi soir oblige, les concerts s'enchaînent très vite pour libérer le dancefloor. Alors que je commence tout juste à être chaud, Chris Brokaw débarque sur scène, armé de sa seule guitare électrique. Le premier morceau est un choc : "Into The Woods", avec son phrasé saccadé et lancinant posé sur un arpège magique, figure sur un album de 2012, intitulé Gambler's Ecstasy, comme je le découvrirai quelques jours plus tard en fouinant sur les internets. Il faut dire que la discographie du monsieur est un sacré jeu de pistes : une trentaine de références en solo, tout seul ou avec des musiciens, comprenant des albums instrumentaux, des bandes originales, du folk, du rock plus ou moins noisy, de l'ambient, des albums de reprises, et, pour bien finir de dérouter tout le monde, trois albums de bluegrass avec Geoff Farina de Karate, sur l'un desquels figure une première version de "Into The Woods".
Dès le deuxième morceau, Chris sort l'artillerie lourde : "The Heart of Human Trafficking", le meilleur morceau de son dernier album. Sa voix semble plus éraillée que dans la version studio (ce n'est qu'une impression), l'absence de batterie se fait un peu sentir, mais l'émotion passe tout de même. Il y a des réminiscences du Neil Young de Le Noise dans cette performance, voire des sonorités proches de ce que peut créer Gary Lucas, le guitariste virtuose du regretté Jeff Buckley.
Les perles du dernier album s'égrènent, entrecoupées de curiosités : une reprise du Gun Club, et surtout un chouette morceau d'un de ses nombreux groupes, The Martha's Vineyard Ferries, "She's a Fucking Angel (From Fucking Heaven)". L'occasion pour moi de déterrer un album qui traînait sur mon disque dur sans que je lui aie accordé l'attention qu'il mérite, et encore une autre facette du premier batteur de Codeine.
Lorsqu'il quitte la scène, on se dit que c'était trop court. Heureusement, il revient très vite pour un rappel. Deux morceaux supplémentaires, dont un émouvant hommage à son pote Mark Lanegan. Une performance un poil frustrante en raison des conditions, mais tellement d'émotions et de promesses de découvertes musicales. De bonnes raisons de passer plus de temps dans la cabane, mais aussi d'en sortir pour voir plus de concerts d'artistes talentueux et attachants.
Très bon 16/20 | par Myfriendgoo |
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