Le Villejuif Underground
Paris [La Maroquinerie] - samedi 11 janvier 2020 |
Pour mon premier concert de l'année, j'ai fait une infidélité à Wonderflu, qui jouait le même soir, pour aller découvrir d'autres groupes de rock parigots qui chantent en anglais. Car à l'heure où le show-biz mondial a définitivement basculé du côté du rap et de l'électro, le magazine Gonzaï organisait à la Maroquinerie une soirée confirmant que les français savent enfin faire en série - et surtout promouvoir - du rock de qualité.
La première partie fut la plus surprenante, pour moi qui n'avait écouté que très rapidement le deuxième EP (et pas du tout le premier) de Hoorsees, un quatuor "de la capitale française" soutenu comme Lysistrata avant lui par Live Ricard SA (Il va vraiment falloir que je révise mes préjugés sur ce programme de soutien aux artistes). Dans cette Maroquinerie douillette par ce froid samedi d'hiver et de manif, ces quatre musiciens n'étaient pas les seuls à être soutenus par Ricard : l'anis a coulé à flot avec l'aide des coupons offerts par l'organisateur avec les billets, et l'ambiance est allée crescendo tout au long de la soirée. C'était toutefois encore assez calme quand ce premier groupe est monté sur scène.
Dès le premier morceau, un nom m'est venu en tête : Built To Spill. Ils ont encore une marge de progression, entre le côté chien fou du chanteur qui contraste avec la timidité de ses acolytes, mais leur power-pop est bien en place, écrite avec un mélange de fougue et de soin et cadrée sur scène par un sacré batteur. Le gap avec le disque est peut-être dû au fait qu'à l'instar des premiers efforts de Car Seat Headrest (challenge : checked), c'est une seule et même personne qui a enregistré celui-ci : un certain Alexin Huysmans de Dr Chan. J'ai encore tellement de groupes français à découvrir...
La deuxième partie était pour moi la plus attendue : le slacker-shoegaze du deuxième album de Bryan's Magic Tears m'enchante les oreilles depuis quelques mois, et je n'avais jamais eu l'occasion de les voir sur scène. La prestation du quintet parisien fut un peu poussive par moments, avec des temps morts et des petits problèmes de son (notamment des fréquences basses très sourdes qui noyaient les superbes lignes de basse très présentes sur l'album), et des musiciens visiblement un peu fatigués (un effet Ricard ?). Mais leurs morceaux ont fait la différence : "CEO", chanté par la bassiste, a des faux airs du "Gigantic" des Pixies. "Slamino Days" invoque My Bloody Valentine. Le dernier morceau, "Sweet Jesus", balancé après une des rares interventions lapidaires du chanteur, a assuré la transition avec ce qui suivait en s'appuyant sur un sample chaloupé et nonchalant.
Et ce qui suivait, c'était une bonne claque scénique, plus que musicale. Le Villejuif Underground a eu beau tricher un peu par rapport à ma thématique avec son chanteur australien, ce dernier a semblé sacrément bien intégré dans le paysage. Il a d'ailleurs commencé par s'étonner de jouer devant cinq personnes dans son pays d'origine, et peu de temps après devant une Maroquinerie pleine à craquer et surexcitée. Car l'ambiance était chaude ce samedi soir, comme souvent en fin de Gonzaï night : ça chambrait, ça pogotait sur la moitié de la fosse, ça slammait à tour de bras, pendant que sur scène cinq curieux personnages assuraient le spectacle en se passant une bouteille de Cristalline aromatisée au Ricard. Vous allez me dire : Le Villejuif Underground est un quartet. Sur le papier, oui, mais ils avaient recruté ce soir-là un curieux percussionniste en renfort de leur boîte à rythmes.
Résumons : un chanteur australien sympathique doté d'une voix entre Iggy Pop et Mark E. Smith et affublé d'une fausse moustache en papier qui a tenu un morceau et demi, un clavier vraiment moustachu surnommé Justin Timberland par le public du fait de son T-Shirt, un bassiste en blouson de cuir et lunettes noires, et un guitariste qui entre deux riffs à la Mac DeMarco réglait tous les problèmes techniques rencontrés par le chanteur (principalement pour le démarrage de la boîte à rythmes). Plus un choriste occasionnel sur un morceau et un public acquis à la cause. Et on comprend pourquoi : le groupe a transformé un concert de rock lo-fi sautillant en mode Beat Happening en une grosse teuf potache et réjouissante de plus d'une heure et demi, rappel compris.
Je suis ressorti de la Maroquinerie à 23h30 passées et je suis parti parmi les premiers, pour tenter d'attraper ce qui restait de transports en commun en cette période de grève. Mais je peux dire avec certitude que Ricard est en train de sauver le rock. Et ce sans en avoir bu une goutte.
La première partie fut la plus surprenante, pour moi qui n'avait écouté que très rapidement le deuxième EP (et pas du tout le premier) de Hoorsees, un quatuor "de la capitale française" soutenu comme Lysistrata avant lui par Live Ricard SA (Il va vraiment falloir que je révise mes préjugés sur ce programme de soutien aux artistes). Dans cette Maroquinerie douillette par ce froid samedi d'hiver et de manif, ces quatre musiciens n'étaient pas les seuls à être soutenus par Ricard : l'anis a coulé à flot avec l'aide des coupons offerts par l'organisateur avec les billets, et l'ambiance est allée crescendo tout au long de la soirée. C'était toutefois encore assez calme quand ce premier groupe est monté sur scène.
Dès le premier morceau, un nom m'est venu en tête : Built To Spill. Ils ont encore une marge de progression, entre le côté chien fou du chanteur qui contraste avec la timidité de ses acolytes, mais leur power-pop est bien en place, écrite avec un mélange de fougue et de soin et cadrée sur scène par un sacré batteur. Le gap avec le disque est peut-être dû au fait qu'à l'instar des premiers efforts de Car Seat Headrest (challenge : checked), c'est une seule et même personne qui a enregistré celui-ci : un certain Alexin Huysmans de Dr Chan. J'ai encore tellement de groupes français à découvrir...
La deuxième partie était pour moi la plus attendue : le slacker-shoegaze du deuxième album de Bryan's Magic Tears m'enchante les oreilles depuis quelques mois, et je n'avais jamais eu l'occasion de les voir sur scène. La prestation du quintet parisien fut un peu poussive par moments, avec des temps morts et des petits problèmes de son (notamment des fréquences basses très sourdes qui noyaient les superbes lignes de basse très présentes sur l'album), et des musiciens visiblement un peu fatigués (un effet Ricard ?). Mais leurs morceaux ont fait la différence : "CEO", chanté par la bassiste, a des faux airs du "Gigantic" des Pixies. "Slamino Days" invoque My Bloody Valentine. Le dernier morceau, "Sweet Jesus", balancé après une des rares interventions lapidaires du chanteur, a assuré la transition avec ce qui suivait en s'appuyant sur un sample chaloupé et nonchalant.
Et ce qui suivait, c'était une bonne claque scénique, plus que musicale. Le Villejuif Underground a eu beau tricher un peu par rapport à ma thématique avec son chanteur australien, ce dernier a semblé sacrément bien intégré dans le paysage. Il a d'ailleurs commencé par s'étonner de jouer devant cinq personnes dans son pays d'origine, et peu de temps après devant une Maroquinerie pleine à craquer et surexcitée. Car l'ambiance était chaude ce samedi soir, comme souvent en fin de Gonzaï night : ça chambrait, ça pogotait sur la moitié de la fosse, ça slammait à tour de bras, pendant que sur scène cinq curieux personnages assuraient le spectacle en se passant une bouteille de Cristalline aromatisée au Ricard. Vous allez me dire : Le Villejuif Underground est un quartet. Sur le papier, oui, mais ils avaient recruté ce soir-là un curieux percussionniste en renfort de leur boîte à rythmes.
Résumons : un chanteur australien sympathique doté d'une voix entre Iggy Pop et Mark E. Smith et affublé d'une fausse moustache en papier qui a tenu un morceau et demi, un clavier vraiment moustachu surnommé Justin Timberland par le public du fait de son T-Shirt, un bassiste en blouson de cuir et lunettes noires, et un guitariste qui entre deux riffs à la Mac DeMarco réglait tous les problèmes techniques rencontrés par le chanteur (principalement pour le démarrage de la boîte à rythmes). Plus un choriste occasionnel sur un morceau et un public acquis à la cause. Et on comprend pourquoi : le groupe a transformé un concert de rock lo-fi sautillant en mode Beat Happening en une grosse teuf potache et réjouissante de plus d'une heure et demi, rappel compris.
Je suis ressorti de la Maroquinerie à 23h30 passées et je suis parti parmi les premiers, pour tenter d'attraper ce qui restait de transports en commun en cette période de grève. Mais je peux dire avec certitude que Ricard est en train de sauver le rock. Et ce sans en avoir bu une goutte.
Parfait 17/20 | par Myfriendgoo |
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