Sunn O)))
Nantes [Stereolux] - mardi 12 mars 2019 |
Ami lecteur, amie lectrice. Te voilà dans une toute nouvelle dimension de lecture. Tu te souviens peut être, si tu es né avant les 90's, des livres dont vous êtes le héros. L'interactivité à son paroxysme, armé seulement d'un dé & d'un crayon. On te propose ici l'interactivité 2.0, ou plutôt 1.2, soyons modestes.
Dès que tu verras une suite de caractères en rouge, clique dessus et tu verras une belle image apparaitre, de façon a égayer ta lecture de manière complètement farfelue ! Et ouais, on est comme ça.
Sunn O))) joue fort. Très fort. C'est d'ailleurs marqué partout quand on pénètre dans la salle. Faisez gaffe à vos bazouilles, ça va bastonner sa mère, que ça disait en substance. Des affiches, des bouchons, comme lors du concert de Swans au même endroit, il y a quelques années.
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On pourra toujours se demander si c'est vraiment nécessaire de pousser le volume dans le rouge, et pas seulement pour ce groupe d'encapuchonnés qui en a fait sa marque de fabrique. Mais n'allons pas étendre le débat au volume sonore des concerts en général voulez vous, focalisons nous sur eux, l'espace d'un moment.
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Lors de cette date Nantaise, comme sur quelques autres de la tournée, nous avons eu la chance d'assister à la projection de Corps Sonore, un documentaire sur le drone en général, aussi appelé en français musique de bourdon. Ce film de Gilles Paté, présenté dans sa version courte de 50 min (une version de 90 min existe également, moins pédagogique selon les dires du producteur introduisant le film), nous invite dans le monde de la musique ressentie, presque physique, avec quelques intervenants triés sur le volet. On y croise entre autres Phil Niblock, Eliane Radigue (bien plus en vie que ce que je pensais), Yann Gourdon, et Stephen O'Malley. Et c'est là que je voulais en venir.
L'ami Stephen, comme d'autres d'ailleurs, insiste bien sur le fait que le bourdonnement peut aussi jouer avec le volume. Le son oublie toute mélodie pour devenir physique, qu'il soit joué à faible volume dans un espace, ou pleine balle. Le volume a également son importance dans ce que propose Sunn O))), c'est un grand tout, une expérience plus qu'un concert. Est ce que ça aurait le même impact à un volume modéré ? Évidemment non. Mais pour autant, le fait de devoir passer ce moment des bouchons vissés sur les oreilles sous peine d'acouphènes, cela ne nuirait pas à l'intensité dudit moment ? Je vous avoue que je n'ai pas la réponse.
Il y a dix ans à peine (ou dix ans déjà vous dirait Mort Schuman), Je tentais l'expérience Sunn O))) pour la toute première fois. Programmé lors de la mémorable soirée de la Villette Sonique où jouait aussi The Jesus Lizard. Les vrais savent, les vrais y étaient. J'avais alors tenu 10 minutes. Je me souviens encore de ce gars qui s'était enthousiasmé en sortant du concert, alors qu'on finissait nos bières en attendant de voir le groupe de David Yow. Putain, disait-il, j'ai ressenti le truc jusque là, tout en montrant la zone entre le menton & la carotide. Et oui, avoir les dents du fond qui baignent en sortant d'un concert, c'est ça aussi la magie du drone.
La fumée envahit la salle, rappelant sûrement à une partie du public les samedis passés en compagnie des CRS sur les boulevards nantais. Un mur d'amplis, donnant presque l'impression de barrer le passage au groupe, se dresse devant nous, recouvert d'un brouillard éclairé sinistrement. Les capuches arrivent, la salle ne mure dans le silence,pas une acclamation, ni même un petit à poil de rigueur ne résonnera dans cette attente du premier bourdonnement.
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Vous décrire un concert de Sunn O))) ne servirait à rien, car c'est une expérience que chacun ressent à sa manière. On peut sourire devant tant de maniérisme, devant la mise en scène grand-guignolesque, devant leur façon tel un rituel avec laquelle ils se passent une bouteille de vin (ceci est mon sang, faites en du boudin, vous connaissez l'histoire) et s'en prendre plein les yeux devant le spectacle qui se déroule devant nous, une véritable messe noire. On peut aussi fermer les yeux, et prendre de plein fouet cette avalanche sonore, se faire transporter ou subir les assauts sonores continus. C'est une expérience de groupe individuelle.
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Personnellement j'ai tenu 45 minutes. Ce n'est pas le volume sonore qui m'a le plus dérangé, mais plutôt la redondance du son. Étant plutôt friand de ce genre de bourdonnement, la répétition ici de mise, le manque d'évolution sonique ou des motifs, ça n'a pas vraiment pris sur moi. Mais l'expérience valait le coup, il fallait tenter.
Une bonne raison d'être présent ce soir là, c'est aussi avoir la chance d'assister à une prestation de France en première partie. France, c'est trois types. Mathieu Tilly et Jérémie Sauvage, membres entre autres de Tanz Mein Herz, et Yann Gourdon, membre émérite du collectif La Nòvia. Entre une batterie plus motorik tu meurs, une basse imposante et une vielle à roue pleine de noise les voilà qui nous embarque pour une expérience d'une heure, sans un seul silence, avec une configuration bien particulière.
En effet, seul Mathieu et sa batterie sont sur scène, Yann et Jérémie nous tournent le dos, à quelques mètres dans la fosse.
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Petite remarque qui rejoint un peu ce que je disais plus haut à propos du volume, des bouchons et tout. J'ai commencé le concert sans bouchon, en ayant un peu de mal à distinguer la basse, entre l'hurdy gurdy qui prenait toute la place et la batterie.
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Au bout de quelques temps, je me protège les tympans, et là c'est comme si un second set débutait pour moi. La vielle à roue se plaça un peu en retrait, et la basse devenait presque l'élément moteur du trio. Voilà, selon moi, la définition d'une expérience collective individuelle. Je suis sûr que le petit groupe qui se faisait tourner gaiement un flacon de poppers n'en a pas eu la même perception que moi.
Et si en plus, je vous dis qu'à côté du merch conséquent de Sunn O))), j'ai pu trouver des albums de La Nòvia où un type joue de la chèvre, instrument que je n'ai pas encore défini, je crois qu'on peut définitivement dire que cette audacieuse soirée est une réussite, à tous les niveaux.
Dès que tu verras une suite de caractères en rouge, clique dessus et tu verras une belle image apparaitre, de façon a égayer ta lecture de manière complètement farfelue ! Et ouais, on est comme ça.
Sunn O))) joue fort. Très fort. C'est d'ailleurs marqué partout quand on pénètre dans la salle. Faisez gaffe à vos bazouilles, ça va bastonner sa mère, que ça disait en substance. Des affiches, des bouchons, comme lors du concert de Swans au même endroit, il y a quelques années.
https://farm5.staticflickr.com/4877/32452062167_6033a222d4.jpg
On pourra toujours se demander si c'est vraiment nécessaire de pousser le volume dans le rouge, et pas seulement pour ce groupe d'encapuchonnés qui en a fait sa marque de fabrique. Mais n'allons pas étendre le débat au volume sonore des concerts en général voulez vous, focalisons nous sur eux, l'espace d'un moment.
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Lors de cette date Nantaise, comme sur quelques autres de la tournée, nous avons eu la chance d'assister à la projection de Corps Sonore, un documentaire sur le drone en général, aussi appelé en français musique de bourdon. Ce film de Gilles Paté, présenté dans sa version courte de 50 min (une version de 90 min existe également, moins pédagogique selon les dires du producteur introduisant le film), nous invite dans le monde de la musique ressentie, presque physique, avec quelques intervenants triés sur le volet. On y croise entre autres Phil Niblock, Eliane Radigue (bien plus en vie que ce que je pensais), Yann Gourdon, et Stephen O'Malley. Et c'est là que je voulais en venir.
L'ami Stephen, comme d'autres d'ailleurs, insiste bien sur le fait que le bourdonnement peut aussi jouer avec le volume. Le son oublie toute mélodie pour devenir physique, qu'il soit joué à faible volume dans un espace, ou pleine balle. Le volume a également son importance dans ce que propose Sunn O))), c'est un grand tout, une expérience plus qu'un concert. Est ce que ça aurait le même impact à un volume modéré ? Évidemment non. Mais pour autant, le fait de devoir passer ce moment des bouchons vissés sur les oreilles sous peine d'acouphènes, cela ne nuirait pas à l'intensité dudit moment ? Je vous avoue que je n'ai pas la réponse.
Il y a dix ans à peine (ou dix ans déjà vous dirait Mort Schuman), Je tentais l'expérience Sunn O))) pour la toute première fois. Programmé lors de la mémorable soirée de la Villette Sonique où jouait aussi The Jesus Lizard. Les vrais savent, les vrais y étaient. J'avais alors tenu 10 minutes. Je me souviens encore de ce gars qui s'était enthousiasmé en sortant du concert, alors qu'on finissait nos bières en attendant de voir le groupe de David Yow. Putain, disait-il, j'ai ressenti le truc jusque là, tout en montrant la zone entre le menton & la carotide. Et oui, avoir les dents du fond qui baignent en sortant d'un concert, c'est ça aussi la magie du drone.
La fumée envahit la salle, rappelant sûrement à une partie du public les samedis passés en compagnie des CRS sur les boulevards nantais. Un mur d'amplis, donnant presque l'impression de barrer le passage au groupe, se dresse devant nous, recouvert d'un brouillard éclairé sinistrement. Les capuches arrivent, la salle ne mure dans le silence,pas une acclamation, ni même un petit à poil de rigueur ne résonnera dans cette attente du premier bourdonnement.
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Vous décrire un concert de Sunn O))) ne servirait à rien, car c'est une expérience que chacun ressent à sa manière. On peut sourire devant tant de maniérisme, devant la mise en scène grand-guignolesque, devant leur façon tel un rituel avec laquelle ils se passent une bouteille de vin (ceci est mon sang, faites en du boudin, vous connaissez l'histoire) et s'en prendre plein les yeux devant le spectacle qui se déroule devant nous, une véritable messe noire. On peut aussi fermer les yeux, et prendre de plein fouet cette avalanche sonore, se faire transporter ou subir les assauts sonores continus. C'est une expérience de groupe individuelle.
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Personnellement j'ai tenu 45 minutes. Ce n'est pas le volume sonore qui m'a le plus dérangé, mais plutôt la redondance du son. Étant plutôt friand de ce genre de bourdonnement, la répétition ici de mise, le manque d'évolution sonique ou des motifs, ça n'a pas vraiment pris sur moi. Mais l'expérience valait le coup, il fallait tenter.
Une bonne raison d'être présent ce soir là, c'est aussi avoir la chance d'assister à une prestation de France en première partie. France, c'est trois types. Mathieu Tilly et Jérémie Sauvage, membres entre autres de Tanz Mein Herz, et Yann Gourdon, membre émérite du collectif La Nòvia. Entre une batterie plus motorik tu meurs, une basse imposante et une vielle à roue pleine de noise les voilà qui nous embarque pour une expérience d'une heure, sans un seul silence, avec une configuration bien particulière.
En effet, seul Mathieu et sa batterie sont sur scène, Yann et Jérémie nous tournent le dos, à quelques mètres dans la fosse.
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Petite remarque qui rejoint un peu ce que je disais plus haut à propos du volume, des bouchons et tout. J'ai commencé le concert sans bouchon, en ayant un peu de mal à distinguer la basse, entre l'hurdy gurdy qui prenait toute la place et la batterie.
https://farm5.staticflickr.com/4870/46478814625_b119a3dafc.jpg
Au bout de quelques temps, je me protège les tympans, et là c'est comme si un second set débutait pour moi. La vielle à roue se plaça un peu en retrait, et la basse devenait presque l'élément moteur du trio. Voilà, selon moi, la définition d'une expérience collective individuelle. Je suis sûr que le petit groupe qui se faisait tourner gaiement un flacon de poppers n'en a pas eu la même perception que moi.
Et si en plus, je vous dis qu'à côté du merch conséquent de Sunn O))), j'ai pu trouver des albums de La Nòvia où un type joue de la chèvre, instrument que je n'ai pas encore défini, je crois qu'on peut définitivement dire que cette audacieuse soirée est une réussite, à tous les niveaux.
Bon 15/20 | par X_Lok |
Photos prises par A.B.
Retrouvez l'intégralité de l'album sur notre Flickr : https://flic.kr/s/aHskT1vF73
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