Preoccupations
Paris [La Maroquinerie] - lundi 11 juin 2018 |
Après une semaine australienne, c'est avec un groupe canadien que je clôture mon marathon printanier de concerts : Preoccupations. Un groupe que j'attends au tournant depuis une prestation en demi-teinte au Trabendo, il y a un an et demi. Matt Flegel n'avait plus de voix, et le groupe moins d'énergie qu'il n'en avait montré lorsqu'il s'appelait encore Viet Cong et qu'il avait ouvert en fanfare la dernière soirée de la Route du rock 2015. Probablement épuisés par la polémique autour de leur nom originel et par le rythme des tournées, les quatre fantastiques avaient à l'époque sorti un album un peu mou sous leur nouveau nom.
En temps normal, ces éléments de contexte ne m'auraient pas incité à me déplacer un lundi soir pour les revoir (rappel de la règle numéro 1 : pas de concerts en semaine). Oui mais voilà, il y a Moaning en première partie. Quand j'ai commencé à éplucher la programmation des festivals estivaux - avant de décider de n'en faire aucun - j'ai fait deux découvertes : Shame et Moaning. Récente signature de Sub Pop, les seconds ont sorti en début d'année un premier album flamboyant, genre Wire meets My Bloody Valentine. Coincé au boulot, je rate le début de leur set et j'ai un peu de mal à me mettre dans l'ambiance, encore un peu sonné par la mousson qui s'abat sur le vingtième arrondissement de Paris. Pourtant, le trio donne tout ce qu'il a : le leader, l'air d'un Florian Thauvin de quatorze ans (pléonasme ?), braille dans le micro et martyrise sa guitare ; le batteur rouquin et massif bûcheronne sans retenue tandis que le bassiste, plus discret, tricote des riffs tendus d'un très bon niveau technique et mélodique. Pourtant, il manque un petit quelque chose à cette première partie de luxe par rapport à l'album : la voix grave, léchée et policée. Sur scène, le chanteur se la joue plus punk que gothique. Les mystères de la production... Le power trio nous gratifie tout de même d'une belle prestation avant de libérer la scène pour leurs aînés.
Le quatuor canadien arrive sur scène détendu voire goguenard : private jokes et démarrage au ralenti par un morceau bruitiste que je ne connaissais pas, apparemment échappé du tout premier EP. L'ombre de Viet Cong plane sur ce concert : outre cette ouverture suivie de l'excellent "Continental Shelf", les morceaux sortis sous ce nom occupent la moitié de la setlist. Alors bien sûr, pour les quatre canadiens, Viet Cong ou Preoccupations, c'est exactement le même groupe. N'empêche, ils ont encore du mal à se débarrasser du poids de ce phénoménal premier album éponyme. Et moi qui ait pas mal écouté les trois albums, ce sont les morceaux du premier qui me mettent les plus grosses baffes, même si certains morceaux du dernier album parviennent à transformer le pogo en dancefloor. Tout ça n'est finalement pas si important : la musique de Preoccupations est incroyable, oscillant entre la cold wave de Joy Division / New Order, la pop industrielle de Killing Joke / Wire et le math-rock de Battles / Shellac. Matt assume désormais bien son chant guttural, à la limite du grindcore, et ses lignes de basse appuyées me résonnent dans les tempes, tandis que les deux guitaristes s'occupent des aigus. Mais la véritable star du groupe, c'est Mike Wallace : un éphèbe blondinet et maigrichon qui évoque un Kurt Cobain bien dans ses baskets. Et surtout un formidable batteur qui place la barre très haut pour ses trois complices, parfois à la limite au niveau rythmique. Mais ce n'est pas grave ; le quatuor se fait plaisir et nous fait plaisir, même si les transitions entre les morceaux sont parfois un peu curieuses, voire poussives. L'important, c'est cette musique torturée et travaillée, mélodique et bruitiste, et l'énergie qu'elle dégage. Et sans surprise, c'est avec un morceau de Viet Cong que le groupe conclut magnifiquement ce concert sans rappel : le magistral "Death" et sa dizaine de minutes, sans doute l'un des meilleurs morceaux de fin de concert jamais écrit.
La machine de guerre est belle et bien relancée, il ne reste plus qu'à espérer qu'elle retrouve le niveau de composition du premier album pour pouvoir varier un peu les setlists sans baisser d'intensité.
En temps normal, ces éléments de contexte ne m'auraient pas incité à me déplacer un lundi soir pour les revoir (rappel de la règle numéro 1 : pas de concerts en semaine). Oui mais voilà, il y a Moaning en première partie. Quand j'ai commencé à éplucher la programmation des festivals estivaux - avant de décider de n'en faire aucun - j'ai fait deux découvertes : Shame et Moaning. Récente signature de Sub Pop, les seconds ont sorti en début d'année un premier album flamboyant, genre Wire meets My Bloody Valentine. Coincé au boulot, je rate le début de leur set et j'ai un peu de mal à me mettre dans l'ambiance, encore un peu sonné par la mousson qui s'abat sur le vingtième arrondissement de Paris. Pourtant, le trio donne tout ce qu'il a : le leader, l'air d'un Florian Thauvin de quatorze ans (pléonasme ?), braille dans le micro et martyrise sa guitare ; le batteur rouquin et massif bûcheronne sans retenue tandis que le bassiste, plus discret, tricote des riffs tendus d'un très bon niveau technique et mélodique. Pourtant, il manque un petit quelque chose à cette première partie de luxe par rapport à l'album : la voix grave, léchée et policée. Sur scène, le chanteur se la joue plus punk que gothique. Les mystères de la production... Le power trio nous gratifie tout de même d'une belle prestation avant de libérer la scène pour leurs aînés.
Le quatuor canadien arrive sur scène détendu voire goguenard : private jokes et démarrage au ralenti par un morceau bruitiste que je ne connaissais pas, apparemment échappé du tout premier EP. L'ombre de Viet Cong plane sur ce concert : outre cette ouverture suivie de l'excellent "Continental Shelf", les morceaux sortis sous ce nom occupent la moitié de la setlist. Alors bien sûr, pour les quatre canadiens, Viet Cong ou Preoccupations, c'est exactement le même groupe. N'empêche, ils ont encore du mal à se débarrasser du poids de ce phénoménal premier album éponyme. Et moi qui ait pas mal écouté les trois albums, ce sont les morceaux du premier qui me mettent les plus grosses baffes, même si certains morceaux du dernier album parviennent à transformer le pogo en dancefloor. Tout ça n'est finalement pas si important : la musique de Preoccupations est incroyable, oscillant entre la cold wave de Joy Division / New Order, la pop industrielle de Killing Joke / Wire et le math-rock de Battles / Shellac. Matt assume désormais bien son chant guttural, à la limite du grindcore, et ses lignes de basse appuyées me résonnent dans les tempes, tandis que les deux guitaristes s'occupent des aigus. Mais la véritable star du groupe, c'est Mike Wallace : un éphèbe blondinet et maigrichon qui évoque un Kurt Cobain bien dans ses baskets. Et surtout un formidable batteur qui place la barre très haut pour ses trois complices, parfois à la limite au niveau rythmique. Mais ce n'est pas grave ; le quatuor se fait plaisir et nous fait plaisir, même si les transitions entre les morceaux sont parfois un peu curieuses, voire poussives. L'important, c'est cette musique torturée et travaillée, mélodique et bruitiste, et l'énergie qu'elle dégage. Et sans surprise, c'est avec un morceau de Viet Cong que le groupe conclut magnifiquement ce concert sans rappel : le magistral "Death" et sa dizaine de minutes, sans doute l'un des meilleurs morceaux de fin de concert jamais écrit.
La machine de guerre est belle et bien relancée, il ne reste plus qu'à espérer qu'elle retrouve le niveau de composition du premier album pour pouvoir varier un peu les setlists sans baisser d'intensité.
Excellent ! 18/20 | par Myfriendgoo |
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