Dernière Transmission
Dernière Transmission |
Label :
Zéro Égal Petit Intérieur |
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Vous aviez peut-être été intrigué par le morceau d'ouverture du quatrième volet de la compilation X-Silence, "Seule façon de vivre avant de disparaître" du mystérieux IIII. Renommé depuis Dernière Transmission, cette formation se compose de trois musiciens bien connus : Emmanuel Boeuf (Emboe, ex Sons of Frida), Guillaume Collet et Jérôme Orsoni, tous deux actifs dans Rome Buyce Night, autant de groupes dont on connaît les qualités intrinsèques.
Même si vous étiez restés insensibles face à ces sonorités électroniques, je préconise néanmoins, ne serait-ce que par curiosité, l'écoute de Dernière Transmission, l'album. En effet, si la froideur globale est à l'image de l'échantillon initial, les amateurs de guitares maltraitées pourront y trouver leur compte, Emmanuel n'ayant pas, loin de là, remisé son attirance malsaine pour le bruit. À ce titre, ses parties sur des morceaux tels qu'"Apprendre à commencer" ou encore "Un matin", totalement noisy, apportent un saisissant et exaltant contraste, un contre point sadique aux machines millimétrées de Guillaume ainsi qu'aux déclamations brutes de Jérôme Orsoni. Et quand il joue davantage dans le feutré, ce sont alors des boucles hypnotiques aux échos étranges ("Est-il besoin de se lever encore") qui nous font vaciller.
Non content d'être un disque d'Electro Noise Rock, voire de Post Cold Wave (pour peu que cela veuille dire quelque chose), Dernière Transmission est avant tout un album centré sur les textes de Jérôme, musicien certes mais également écrivain. Du coup, il devient impossible de faire abstraction des paroles.
Le parti pris du "Spoken Word" permet à Jérôme de s'abstraire des formules classiques du chant Rock au sens large : pas de couplets, pas de refrains. On est plutôt dans le registre de la nouvelle, de la poésie en vers libre, ce qui garantit une originalité certaine par rapport à la masse, connue ou inconnue. Les champs lexicaux sont riches, le choix des mots souvent surprenant, l'oreille n'est clairement pas habituée à un tel débit, même dans le rap où la syntaxe reste globalement assez pauvre (je sais, chacun va y aller de son contre-exemple, j'en ai moi aussi et merci bien). Cela dit, une fois que l'on a admis la qualité langagière ainsi que le choix du "parlé", vraisemblablement la meilleure façon de s'exprimer sur une musique aussi disharmonique, le fait que la voix soit aussi prégnante me lasse tout de même un peu sur la durée de l'album. À mon goût, il y a un peu trop de textes là où j'aurais préféré savourer les atmosphères développées par Guillaume et Emmanuel. Cela dit, si je mets ce bémol de côté, il est en revanche impossible de nier l'originalité de Dernière Transmission dont la musique, aux fausses apparences de simplicité, propose en fait un champ d'expérimentations sonores sans limites tout en étant propice à une expression littéraire exigeante, rare, et en un sens quasi anachronique. Cultivé mais jamais pédant, exigeant mais sans prétention, on ressent à l'écoute de l'album une grande humilité, qualité rare chez des personnes qui ont autant à dire.
Même si vous étiez restés insensibles face à ces sonorités électroniques, je préconise néanmoins, ne serait-ce que par curiosité, l'écoute de Dernière Transmission, l'album. En effet, si la froideur globale est à l'image de l'échantillon initial, les amateurs de guitares maltraitées pourront y trouver leur compte, Emmanuel n'ayant pas, loin de là, remisé son attirance malsaine pour le bruit. À ce titre, ses parties sur des morceaux tels qu'"Apprendre à commencer" ou encore "Un matin", totalement noisy, apportent un saisissant et exaltant contraste, un contre point sadique aux machines millimétrées de Guillaume ainsi qu'aux déclamations brutes de Jérôme Orsoni. Et quand il joue davantage dans le feutré, ce sont alors des boucles hypnotiques aux échos étranges ("Est-il besoin de se lever encore") qui nous font vaciller.
Non content d'être un disque d'Electro Noise Rock, voire de Post Cold Wave (pour peu que cela veuille dire quelque chose), Dernière Transmission est avant tout un album centré sur les textes de Jérôme, musicien certes mais également écrivain. Du coup, il devient impossible de faire abstraction des paroles.
Le parti pris du "Spoken Word" permet à Jérôme de s'abstraire des formules classiques du chant Rock au sens large : pas de couplets, pas de refrains. On est plutôt dans le registre de la nouvelle, de la poésie en vers libre, ce qui garantit une originalité certaine par rapport à la masse, connue ou inconnue. Les champs lexicaux sont riches, le choix des mots souvent surprenant, l'oreille n'est clairement pas habituée à un tel débit, même dans le rap où la syntaxe reste globalement assez pauvre (je sais, chacun va y aller de son contre-exemple, j'en ai moi aussi et merci bien). Cela dit, une fois que l'on a admis la qualité langagière ainsi que le choix du "parlé", vraisemblablement la meilleure façon de s'exprimer sur une musique aussi disharmonique, le fait que la voix soit aussi prégnante me lasse tout de même un peu sur la durée de l'album. À mon goût, il y a un peu trop de textes là où j'aurais préféré savourer les atmosphères développées par Guillaume et Emmanuel. Cela dit, si je mets ce bémol de côté, il est en revanche impossible de nier l'originalité de Dernière Transmission dont la musique, aux fausses apparences de simplicité, propose en fait un champ d'expérimentations sonores sans limites tout en étant propice à une expression littéraire exigeante, rare, et en un sens quasi anachronique. Cultivé mais jamais pédant, exigeant mais sans prétention, on ressent à l'écoute de l'album une grande humilité, qualité rare chez des personnes qui ont autant à dire.
Bon 15/20 | par Arno Vice |
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