Jarvis Cocker
Jarvis Cocker & Chilly Gonzales - Room 29 |
Label :
Deutsche Grammophon |
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L'histoire de Room 29 démarre en 2012 après que Jarvis Cocker ait passé du temps dans une chambre avec piano de l'hôtel Chateau Marmont sur Sunset Boulevard à Los Angeles ; ce haut lieu Hollywoodien regorge d'histoires plus ou moins avouables que Jarvis va se faire un plaisir de nous conter avec son acolyte Chilly Gonzales – pianiste de génie, faut-il encore le préciser ?
Mon histoire avec ce disque démarre précisément le 27 Mars 2017, une semaine et demie après sa sortie et a quelque chose à voir avec mon métier de Libraire – pardon de vous raconter ma vie. Ce lundi-ci c'était la "matinée professionnelle" pour le Salon du Livre à Paris, normalement je suis en repos le lundi donc j'en profite pour veiller tard de la nuit du dimanche au lundi... sauf que ce coup-ci je devais me lever aux alentours de 4h30 du mat' pour un départ à 5 heures – 3H de route attendait mon patron, chauffeur attitré, 4 si ça bouchonnait à l'entrée de la ville. Autant dire que mon corps habitué n'a pas accepté ce changement et mon temps de repos s'est élevé à... 15 minutes. Je vous passe le déroulement de la journée remplie de rencontres d'éditeurs, d'auteurs et de libraires qui se lèchent un peu tous le derrière pour gratter des remises, des sous, des visites, des séances de dédicaces gratuites ou non blablabla le bâtiment est plein de faux sourires, de fausses promesses et parfois – heureusement – de lueurs véridiques car il n'y a pas que des pourris dans le milieu de l'édition, et des libraires vrais ça existe encore – ouf ! On reste pro, on fait son possible pour bien paraître même si je ne devais pas avoir une tête bien fraîche, de toute façon c'est avec mon patron qu'ils traitaient, moi j'étais surtout là pour observer le monde se faire tout autour – et quel cinéma ce fut (on retombe sur le thème).
On fait un petit saut dans le temps après avoir fait un saut dans Paris, 23h faut penser à revenir, le lendemain c'est boulot pour tous les deux ; délivrance, je peux fermer les yeux, ce n'est toujours pas moi qui conduis – faudrait être inconscient pour laisser rouler un gars avec autant de fatigue. Et c'est ce moment précis qui devient important. La radio diffuse de la musique classique – ne me demandez pas quelle station, je n'en ai plus aucune idée –, au bout d'un certain temps des notes délicates de piano résonnent, je suis presque endormi/pas encore parti et une voix, rauque, presque chuchotante, du spoken-word, cette voix me disait quelque chose, mais mon patron avait-il changé de station ? Non, c'était bien la même, j'ai regardé le petit écran qui faisait défiler le nom de l'Artiste et avec mes petits yeux aperçu Jarvis Cocker (ah CETTE voix!) & Chilly Gonzales... je n'avais pas encore entendu l'album, ni d'extraits d'ailleurs et je venais d'entendre l'enchaînement "Room 29" / "Marmont Overture" / "Tearjerker" et bordel que c'était beau ! Piano/Voix, rien de plus simple. Avec une petite voix je dis à mon patron : "Ce qu'on vient d'entendre, c'est eux dont je vous parlais la semaine dernière, le disque sorti chez Deutsche Grammophon que je devais acheter et je vous avais dit que ça devrait vous plaire", il me répondit "Ah t'es réveillé. C'est de la belle Musique, c'est calme et pourtant t'as vu je ne me suis pas encore endormi au volant. Quand tu l'auras tu le ramèneras à la librairie. Je me suis demandé si ce n'était pas le dernier Bowie, j'allais changer mon avis dessus, mais je ne me souvenais pas avoir entendu ces chansons dans ton CD et ça paraissait moins morbide". Ces presque 10 minutes nocturnes dans cette voiture, je vais m'en rappeler pendant longtemps. 10 minutes à me sentir vraiment bien, reposé, avec une musique me caressant les oreilles, une voix rassurante, presque berçante, je n'étais pas le passager, j'étais seul dans mon monde, ne sachant vraiment si je rêvais ou si ce que j'entendais était réel.
Depuis ce jour, enfin plutôt cette nuit, j'ai écouté ce Room 29 à quelques reprises seulement, non pas parce que le disque dans son entièreté ne me plaît pas, bien au contraire même, mais simplement parce que ce n'est pas le genre d'album que j'écoute en boucle. 50 minutes de piano/voix chantée/parlée accompagnées de temps en temps de chœurs et de cordes (Kaiser Quartett) pour donner un côté théâtral au tout ; il y a une uniformité exemplaire et en même temps c'est cette uniformité qui lui fait un petit peu défaut, il faut avoir envie de tout écouter d'une traite. Ces 50 minutes remplies d'histoires vraies sur les stars de cinéma, leurs familles ou encore des malfrats (sont-ils parfois indissociables ?) ayant séjourné au Chateau Marmont + le groom, se savourent dans certaines conditions ; Cocker & Gonzales ont créé une musique passionnée empreinte d'émotions fortes et il ne m'est pas évident d'écouter Room 29 à toutes occasions. Il fait surtout son effet dans des moments de solitude – aucun bruit alentour ou isolé avec son casque, comme si on était que 3 à partager cet instant ; les Artistes et l'auditeur.
Jarvis Cocker & Chilly Gonzales impressionnent (encore). Rencontre entre 2 grands inspirés, intelligents, talentueux et complémentaires. Room 29 est une décharge d'émotions qu'il faut accepter de recevoir de temps en temps – un peu comme le dernier disque de Feist auquel ils ont participé. Ça fait du bien, ça peut faire mal, ça permet de se sentir vivant ; merci Jarvis, merci Chilly, merci la Musique.
Mon histoire avec ce disque démarre précisément le 27 Mars 2017, une semaine et demie après sa sortie et a quelque chose à voir avec mon métier de Libraire – pardon de vous raconter ma vie. Ce lundi-ci c'était la "matinée professionnelle" pour le Salon du Livre à Paris, normalement je suis en repos le lundi donc j'en profite pour veiller tard de la nuit du dimanche au lundi... sauf que ce coup-ci je devais me lever aux alentours de 4h30 du mat' pour un départ à 5 heures – 3H de route attendait mon patron, chauffeur attitré, 4 si ça bouchonnait à l'entrée de la ville. Autant dire que mon corps habitué n'a pas accepté ce changement et mon temps de repos s'est élevé à... 15 minutes. Je vous passe le déroulement de la journée remplie de rencontres d'éditeurs, d'auteurs et de libraires qui se lèchent un peu tous le derrière pour gratter des remises, des sous, des visites, des séances de dédicaces gratuites ou non blablabla le bâtiment est plein de faux sourires, de fausses promesses et parfois – heureusement – de lueurs véridiques car il n'y a pas que des pourris dans le milieu de l'édition, et des libraires vrais ça existe encore – ouf ! On reste pro, on fait son possible pour bien paraître même si je ne devais pas avoir une tête bien fraîche, de toute façon c'est avec mon patron qu'ils traitaient, moi j'étais surtout là pour observer le monde se faire tout autour – et quel cinéma ce fut (on retombe sur le thème).
On fait un petit saut dans le temps après avoir fait un saut dans Paris, 23h faut penser à revenir, le lendemain c'est boulot pour tous les deux ; délivrance, je peux fermer les yeux, ce n'est toujours pas moi qui conduis – faudrait être inconscient pour laisser rouler un gars avec autant de fatigue. Et c'est ce moment précis qui devient important. La radio diffuse de la musique classique – ne me demandez pas quelle station, je n'en ai plus aucune idée –, au bout d'un certain temps des notes délicates de piano résonnent, je suis presque endormi/pas encore parti et une voix, rauque, presque chuchotante, du spoken-word, cette voix me disait quelque chose, mais mon patron avait-il changé de station ? Non, c'était bien la même, j'ai regardé le petit écran qui faisait défiler le nom de l'Artiste et avec mes petits yeux aperçu Jarvis Cocker (ah CETTE voix!) & Chilly Gonzales... je n'avais pas encore entendu l'album, ni d'extraits d'ailleurs et je venais d'entendre l'enchaînement "Room 29" / "Marmont Overture" / "Tearjerker" et bordel que c'était beau ! Piano/Voix, rien de plus simple. Avec une petite voix je dis à mon patron : "Ce qu'on vient d'entendre, c'est eux dont je vous parlais la semaine dernière, le disque sorti chez Deutsche Grammophon que je devais acheter et je vous avais dit que ça devrait vous plaire", il me répondit "Ah t'es réveillé. C'est de la belle Musique, c'est calme et pourtant t'as vu je ne me suis pas encore endormi au volant. Quand tu l'auras tu le ramèneras à la librairie. Je me suis demandé si ce n'était pas le dernier Bowie, j'allais changer mon avis dessus, mais je ne me souvenais pas avoir entendu ces chansons dans ton CD et ça paraissait moins morbide". Ces presque 10 minutes nocturnes dans cette voiture, je vais m'en rappeler pendant longtemps. 10 minutes à me sentir vraiment bien, reposé, avec une musique me caressant les oreilles, une voix rassurante, presque berçante, je n'étais pas le passager, j'étais seul dans mon monde, ne sachant vraiment si je rêvais ou si ce que j'entendais était réel.
Depuis ce jour, enfin plutôt cette nuit, j'ai écouté ce Room 29 à quelques reprises seulement, non pas parce que le disque dans son entièreté ne me plaît pas, bien au contraire même, mais simplement parce que ce n'est pas le genre d'album que j'écoute en boucle. 50 minutes de piano/voix chantée/parlée accompagnées de temps en temps de chœurs et de cordes (Kaiser Quartett) pour donner un côté théâtral au tout ; il y a une uniformité exemplaire et en même temps c'est cette uniformité qui lui fait un petit peu défaut, il faut avoir envie de tout écouter d'une traite. Ces 50 minutes remplies d'histoires vraies sur les stars de cinéma, leurs familles ou encore des malfrats (sont-ils parfois indissociables ?) ayant séjourné au Chateau Marmont + le groom, se savourent dans certaines conditions ; Cocker & Gonzales ont créé une musique passionnée empreinte d'émotions fortes et il ne m'est pas évident d'écouter Room 29 à toutes occasions. Il fait surtout son effet dans des moments de solitude – aucun bruit alentour ou isolé avec son casque, comme si on était que 3 à partager cet instant ; les Artistes et l'auditeur.
Jarvis Cocker & Chilly Gonzales impressionnent (encore). Rencontre entre 2 grands inspirés, intelligents, talentueux et complémentaires. Room 29 est une décharge d'émotions qu'il faut accepter de recevoir de temps en temps – un peu comme le dernier disque de Feist auquel ils ont participé. Ça fait du bien, ça peut faire mal, ça permet de se sentir vivant ; merci Jarvis, merci Chilly, merci la Musique.
Parfait 17/20 | par Beckuto |
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