Sevendeaths

Concrete Misery

Concrete Misery

 Label :     LuckyMe 
 Sortie :    jeudi 16 janvier 2014 
 Format :  Album / CD   

L'Ecosse... Un presque-pays légendaire, rude, à l'histoire et au passé encore présents dans le moindre recoin de ses terres les plus reculées. Un romantisme brut, déjà nordique, aux paysages vastes, gris et verts, tantôt d'une majesté intouchable, tantôt menaçants et impitoyables. L'Ecosse aux milliers de restes archéologiques ancestraux éparpillés jusque dans ses archipels les plus lointains... Et aussi dans ses villes les plus modernes et vivantes. Ce disque en est un magnifique exemple. La pochette en témoigne: sur un fond blanc, un artefact primitif provenant sans doute d'une très très lointaine civilisation morte depuis déjà fort longtemps.

Sevendeaths, c'est le projet solo (et l'anagramme) de Steven Shade, jeune écossais vivant à Edimbourg. Et sa musique est telle cet artefact mystérieux, une matière brute à laquelle il va précieusement s'attacher ; et qu'il va sculpter, racler, triturer jusqu'à en obtenir plusieurs formes. Six précisément: six morceaux faits de la même substance sonore qui fonctionnent comme un tout hyper cohérent et harmonieux.
Il raconte ainsi toute une épopée hyper-mystique qui nait dans cette matière brute, noise et ambient, avec très peu d'aspects mélodiques, et qui au fur et à mesure semble nous emporter dans un voyage interstellaire futuriste sidérant. Quelle boucle vertigineuse! Et tellement émouvante... Cette musique en effet jamais n'est froide. Elle fonctionne comme les grands morceaux bouleversants de Autechre, avec des mélodies cachées dans de longues nappes hypnotisantes.
Deux types de sons la composent, une partie électronique et une partie électrique jouée à la guitare. Et les deux passent beaucoup de temps à droner. Quand mélodie il y a, et c'est rare, c'est la partie électronique qui s'en occupe, la guitare étant trop occupée à cracher son bruit blanc en arrière-plan. Et quand ces deux matières se mêlent, dieu qu'il est beau ce son ainsi obtenu! Et la simplicité avec laquelle Steven Shade le traite rend le résultat très accessible, et ce disque n'a absolument rien d'hermétique. On se retrouve plutôt happé par un grand romantisme qui emporte toute sur son passage.
Musicalement, on assiste au mariage parfait entre le Klaus Schulze de Cyborg et une esthétique très années 90. Une musique électronique progressive transposée dans une décennie qui a vu la naissance du génie musicale de Autechre, mais aussi l'apparition des murs de guitares électriques façon Godspeed You Black Emperor, My Bloody Valentine ou Mogwai. Planquée derrière ce déluge sonore, une autre influence, plus discrète, se fait sentir : le classique contemporain. La partie électronique se fait alors clavier, comme sur le sublime "All Night Graves" dans lequel une sorte de clavecin free mutant propose un motif psychédélique décalé au début, et qui au fur et à mesure, envoûte, transporte l'auditeur vers des sphères célestes insoupçonnées. On atteint là une majestuosité étonnante, bluffante.

Le disque dure un peu plus de trente minutes. Trente minutes d'une hypnose complète, une sorte de messe solennelle et dramatisante où un orgue noise mi-électronique, mi-électrique nous embarque pour un voyage reliant le primitif au futurisme. Un album fantastique, sorti de nulle part, qui malheureusement n'a pas d'existence physique. Il n'est en effet disponible qu'en digital via le label LuckyMe Records.


Excellent !   18/20
par Pab


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