Faith No More
Sol Invictus |
Label :
Reclamation |
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Ils sont rares, très rares les groupes qui peuvent se targuer d'un retour triomphal après un long break. Ils se comptent sur les doigts de la main, et encore une main qui aurait un peu morflé (pas besoin de les citer, vous les connaissez tous comme moi).
On est tellement habitué à ce que ce genre de tentatives se soldent par un vautrage en beauté qu'on n'ose même plus espérer grand chose, au mieux un truc honorable, mais certainement pas du niveau des prédécesseurs.
Alors quand on parle de Faith No More, ce genre de groupes qui provoque une telle euphorie dès qu'on remet une galette sur la platine et nous fait oublier tout le reste, ignorer superbement tout ceux qui s'adressent à nous, préférant se contorsionner dans tous les sens, tenter maladroitement de singer Mike Patton et hurler au monde à quel point c'est génial... Oui pour ce genre de groupes-là, on craint l'échec par-dessus tout.
D'ailleurs quand le premier single, le dénommé "Motherfucker", m'est tombé dessus, ma première pensée a été "et merde, eux aussi vont se planter...". Trop mou du genou, trop centré sur le même gimmick, trop moyen, pas assez grandiose, pas assez Faith No More. Revigoré par un "Superhero" de la trempe des historiques, j'ai révisé mon jugement en un "OK s'il y a 3, 4 morceaux comme ça sur l'album, ça suffira amplement à mon bonheur."
Et là, chose quasiment impossible en 2015, j'ai fermé boutique, j'ai mis mes œillères, j'ai précommandé le vinyl et j'ai attendu, bien sagement. Evidemment il a filtré partout l'enfoiré d'album, évidemment j'ai lu des commentaires hystériques, d'autres désappointés, mais je n'ai jamais cédé à la tentation, j'ai attendu ce putain de 18 mai. Je voulais l'avoir dans les mains et le savourer tranquillement. Et ce jour-là est arrivé.
Je l'ai alors fait tourner, retourner, toujours d'une traite, j'ai laissé l'enthousiasme prendre, j'ai coupé mon portable, j'ai insisté, j'ai commencé à sourire plus franchement, j'ai dit à mes potes qu'ils pouvaient aller se faire foutre j'avais un Faith No More à écouter, j'ai posé inlassablement le diamant sur ce putain d'album, j'ai dit à mon chat qu'il pouvait la fermer je baisserai pas le son, je l'ai fait tourner, retourner, je me suis mis à en maitriser les moindres recoins, à comprendre le pourquoi de l'improbable et puis j'ai hurlé. ILS L'ONT FAIT, BORDEL DE DIEU ! En 40 minutes, ils ont encore mis une branlée à tout le monde.
Piano tristoune, batterie de procession religieuse, le disque s'ouvre comme si on enterrait le groupe. Et puis finalement au milieu des ténèbres, la lumière surgit le temps d'un refrain plein d'espoir. "Sol Invictus". Décor planté.
Le soleil ne demande qu'à percer, il nous éblouit sur "Superhero". Le piano fait encore une entrée remarquée, il le dispute ici aux guitares féroces. Patton est en feu. Nous aussi. "Leader of meeen, will you be one of them ?". Ce sont eux les leaders, et ils sont encore en passe de le prouver.
C'était déjà quelque chose d'entendre "Superhero" d'un simple double-clique et de laisser la tension retomber ensuite, c'en est une autre de l'entendre cracher sa toute puissance et de le voir si bien entouré par ce tracklisting dément. Court mais dément.
Cet album perdrait sans doute de l'intérêt s'il était écouté en aléatoire, le tout étant remarquablement agencé, d'une logique implacable. Les contrastes d'un morceau à l'autre sont des plus savoureux. Ainsi, le faussement décontract' "Sunny Side Up" et son refrain bien catchy ne prépare en rien au stress que procure la basse tout-terrain de "Separation Anxiety" labourée par ce bon vieux Bill Gould.
"Cone Of Shame" lui-même souffre de sérieux troubles de la personnalité avec sa longue intro où le temps est suspendu, où l'on peut même entendre des claquements de doigt, avant l'exécution sommaire du refrain. Un bon concentré de rage jouissif qui nous suivra jusqu'à la fin du morceau. Et voilà comment en seulement 5 titres, bien des sommets ont déjà été atteints. Et bien des surprises demeurent...
"Rise Of The Fall" en est une. Melodica, coolitude, on se croirait quasiment sous les tropiques... et le groupe nous envoie tout ça au bûcher metalleux. Ben tiens, ça paraît facile ce genre de mariages sonores incongrus, mais bizarrement ce sont les seuls à y parvenir. Diantre, le génie a encore frappé.
Après cette salve de coups de massue, on redescend d'un cran, parmi les terriens. Un peu moins stupéfiants, "Black Friday" et "Motherfucker" sont tout de même des morceaux réussis. Même ce dernier se révèle finalement addictif et ne me donne pas l'envie de zapper.
Pour boucler l'affaire, FNM nous trimballe dans une virée épique (mais pas "Epic") dont il a le secret, plus de 6 minutes d'extrême intensité gentiment introduites par un piano qui cache bien son jeu ("Matador"). Mais vous n'allez pas partir sans le tour de manège offert par la maison ? Pour célébrer son retour parmi les vivants, Faith No More perpétue la tradition de la ballade comme lui seul est capable de les faire, que si quelqu'un d'autre tentait on le pointerait du doigt en se poilant, les trouvant plus kitsch que l'incarnation même du kitsch. Pensez "RV", "Take This Bottle" ou la reprise d' "Easy". Ce sera tout, merci.
Faith No More a mis tout ce qu'il fallait pour que cet album soit digne. Ils nous ont collé des sacrés beignes, ils ont repris leurs délires à la con, leurs breaks inconcevables... Et puis par-dessus tout ils se sont appuyés sur un Mike Patton fidèle à lui-même. L'homme aux mille visages, aux 15 personnalités, aux voix de ténor, de crooner, de rappeur, de chanteur grind core. Le plus dingue de tous. Le plus grand. Au sein du groupe qui lui sied le mieux, qui lui permet d'exploiter toutes ses facettes, pas seulement le côté barge. Le tour est joué, la magie Faith No More encore d'actualité.
Depuis que je suis totalement familier avec Sol Invictus, j'ai accepté de reprendre une vie normale. J'ai repris le travail, j'ai réintégré ma femme et mon chat dans mon antre, j'ai de nouveau une vie sociale. Ce fut dur mais il le fallait. Ce qu'on ferait pas par amour...
On est tellement habitué à ce que ce genre de tentatives se soldent par un vautrage en beauté qu'on n'ose même plus espérer grand chose, au mieux un truc honorable, mais certainement pas du niveau des prédécesseurs.
Alors quand on parle de Faith No More, ce genre de groupes qui provoque une telle euphorie dès qu'on remet une galette sur la platine et nous fait oublier tout le reste, ignorer superbement tout ceux qui s'adressent à nous, préférant se contorsionner dans tous les sens, tenter maladroitement de singer Mike Patton et hurler au monde à quel point c'est génial... Oui pour ce genre de groupes-là, on craint l'échec par-dessus tout.
D'ailleurs quand le premier single, le dénommé "Motherfucker", m'est tombé dessus, ma première pensée a été "et merde, eux aussi vont se planter...". Trop mou du genou, trop centré sur le même gimmick, trop moyen, pas assez grandiose, pas assez Faith No More. Revigoré par un "Superhero" de la trempe des historiques, j'ai révisé mon jugement en un "OK s'il y a 3, 4 morceaux comme ça sur l'album, ça suffira amplement à mon bonheur."
Et là, chose quasiment impossible en 2015, j'ai fermé boutique, j'ai mis mes œillères, j'ai précommandé le vinyl et j'ai attendu, bien sagement. Evidemment il a filtré partout l'enfoiré d'album, évidemment j'ai lu des commentaires hystériques, d'autres désappointés, mais je n'ai jamais cédé à la tentation, j'ai attendu ce putain de 18 mai. Je voulais l'avoir dans les mains et le savourer tranquillement. Et ce jour-là est arrivé.
Je l'ai alors fait tourner, retourner, toujours d'une traite, j'ai laissé l'enthousiasme prendre, j'ai coupé mon portable, j'ai insisté, j'ai commencé à sourire plus franchement, j'ai dit à mes potes qu'ils pouvaient aller se faire foutre j'avais un Faith No More à écouter, j'ai posé inlassablement le diamant sur ce putain d'album, j'ai dit à mon chat qu'il pouvait la fermer je baisserai pas le son, je l'ai fait tourner, retourner, je me suis mis à en maitriser les moindres recoins, à comprendre le pourquoi de l'improbable et puis j'ai hurlé. ILS L'ONT FAIT, BORDEL DE DIEU ! En 40 minutes, ils ont encore mis une branlée à tout le monde.
Piano tristoune, batterie de procession religieuse, le disque s'ouvre comme si on enterrait le groupe. Et puis finalement au milieu des ténèbres, la lumière surgit le temps d'un refrain plein d'espoir. "Sol Invictus". Décor planté.
Le soleil ne demande qu'à percer, il nous éblouit sur "Superhero". Le piano fait encore une entrée remarquée, il le dispute ici aux guitares féroces. Patton est en feu. Nous aussi. "Leader of meeen, will you be one of them ?". Ce sont eux les leaders, et ils sont encore en passe de le prouver.
C'était déjà quelque chose d'entendre "Superhero" d'un simple double-clique et de laisser la tension retomber ensuite, c'en est une autre de l'entendre cracher sa toute puissance et de le voir si bien entouré par ce tracklisting dément. Court mais dément.
Cet album perdrait sans doute de l'intérêt s'il était écouté en aléatoire, le tout étant remarquablement agencé, d'une logique implacable. Les contrastes d'un morceau à l'autre sont des plus savoureux. Ainsi, le faussement décontract' "Sunny Side Up" et son refrain bien catchy ne prépare en rien au stress que procure la basse tout-terrain de "Separation Anxiety" labourée par ce bon vieux Bill Gould.
"Cone Of Shame" lui-même souffre de sérieux troubles de la personnalité avec sa longue intro où le temps est suspendu, où l'on peut même entendre des claquements de doigt, avant l'exécution sommaire du refrain. Un bon concentré de rage jouissif qui nous suivra jusqu'à la fin du morceau. Et voilà comment en seulement 5 titres, bien des sommets ont déjà été atteints. Et bien des surprises demeurent...
"Rise Of The Fall" en est une. Melodica, coolitude, on se croirait quasiment sous les tropiques... et le groupe nous envoie tout ça au bûcher metalleux. Ben tiens, ça paraît facile ce genre de mariages sonores incongrus, mais bizarrement ce sont les seuls à y parvenir. Diantre, le génie a encore frappé.
Après cette salve de coups de massue, on redescend d'un cran, parmi les terriens. Un peu moins stupéfiants, "Black Friday" et "Motherfucker" sont tout de même des morceaux réussis. Même ce dernier se révèle finalement addictif et ne me donne pas l'envie de zapper.
Pour boucler l'affaire, FNM nous trimballe dans une virée épique (mais pas "Epic") dont il a le secret, plus de 6 minutes d'extrême intensité gentiment introduites par un piano qui cache bien son jeu ("Matador"). Mais vous n'allez pas partir sans le tour de manège offert par la maison ? Pour célébrer son retour parmi les vivants, Faith No More perpétue la tradition de la ballade comme lui seul est capable de les faire, que si quelqu'un d'autre tentait on le pointerait du doigt en se poilant, les trouvant plus kitsch que l'incarnation même du kitsch. Pensez "RV", "Take This Bottle" ou la reprise d' "Easy". Ce sera tout, merci.
Faith No More a mis tout ce qu'il fallait pour que cet album soit digne. Ils nous ont collé des sacrés beignes, ils ont repris leurs délires à la con, leurs breaks inconcevables... Et puis par-dessus tout ils se sont appuyés sur un Mike Patton fidèle à lui-même. L'homme aux mille visages, aux 15 personnalités, aux voix de ténor, de crooner, de rappeur, de chanteur grind core. Le plus dingue de tous. Le plus grand. Au sein du groupe qui lui sied le mieux, qui lui permet d'exploiter toutes ses facettes, pas seulement le côté barge. Le tour est joué, la magie Faith No More encore d'actualité.
Depuis que je suis totalement familier avec Sol Invictus, j'ai accepté de reprendre une vie normale. J'ai repris le travail, j'ai réintégré ma femme et mon chat dans mon antre, j'ai de nouveau une vie sociale. Ce fut dur mais il le fallait. Ce qu'on ferait pas par amour...
Excellent ! 18/20 | par McNulty |
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