Phantogram
Eyelid Movies |
Label :
Barsuk |
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Nous sommes à Nantes, lors d'une série de concerts au Stéréolux. Ce devait être le festival des Inrocks ou un truc du genre. Le premier groupe était bien inconnu au bataillon. C'était pour moi une première partie dont je n'attendais pas grand-chose, dont je ne me rappelais même pas le nom à vrai dire. J'ai dû regarder sur mon billet pour m'en souvenir.
Phantogram, un duo. Un gars, une fille. Lui à la guitare et de temps en temps au chant, et elle au chant et aux claviers. En gros, c'était tout ce dont je me rappelais, hormis de la pub dithyrambique du Stéréolux à leur propos.
C'est donc pile poil à l'heure qu'ils se sont pointés, accompagnés d'un batteur. La salle était plongée dans la pénombre, la scène légèrement éclairée par des halos de lumières transperçant des nappes de fumées. Leurs silhouettes se dessinaient nettement. Je discernais sans peine la chanteuse, de profil derrière son clavier. Ils ne bougeaient plus. La salle aussi ; le silence s'imposait. On attendait, extatiques, que quelque chose se passe. Et puis en un éclair, tout a démarré (un tonitruant démarrage, d'ailleurs, qui a fait sursauter la fille devant moi), et la musique fut. Derrière son MOOG, Sarah Barthel ne cesse de vivre sa musique, en gesticulant à la manière d'une possédée en transe. Car en transe, elle l'était. On voyait clairement qu'elle était en phase avec ce qu'elle faisait, qu'elle prenait son pied. Avec sa voix vaporeuse et divine, elle nous charmait, en même temps qu'elle nous distillait des nappes de synthé presque planantes où on prenait un plaisir fou à se lover. J'étais bien, j'étais dans leur univers, plus rien n'existait hormis eux et leur musique onirique.
C'est comme ça que j'ai connu leur premier album Eyelid Movies. Un album de trip hop délicieux. Eux le décrivent volontiers leur son comme "street beat" et pop psyché. C'est un peu de tout cela, oui. On serait bien tenté de faire des comparaisons avec les vieux Portishead, mais ce groupe arrive à se nourrir de bien d'autres influences pour placer dans cet opus un je-ne-sais-quoi de très actuel. Cependant l'album a un défaut majeur : il commence avec ses meilleures pistes. Démarrer avec "Mouthful Of Diamonds" c'est harponner sans ménagement l'auditeur. On a beau se débattre, rien n'y fait. Ce beat de début avec ce petit craquement de vinyle, ce refrain lumineux, épuré, qui repose uniquement sur les susurrements diaboliques de Bartel, dame ! c'est le petit Jésus en culotte de velours. On s'attend à ce que la suite suive. Et vient "When I'm Small", où on nous refait le coup du vinyle qui craque et du beat langoureux, comme en trompe l'œil. La guitare démarre, presque tonitruante tant on s'était habitué à tant de douceurs, Sarah Bartel rapplique en miaulant délicieusement. Je reconnais là la chanson qui avait entamé le concert. On nous refait le coup du passage épuré où on se pelotonne dans ce chant. Et puis, d'un coup la chanson prend en épaisseur. Si l'on n'avait pas craqué jusque-là, c'est maintenant que tout se joue.
La suite est bien, mais comme je l'ai dit, quand on commence par ses deux meilleures chansons on fait des promesses putassières à l'auditeur. Josh Carter passe au chant sur la piste suivante et on y perd un peu de magie, l'approche se voulant un tantinet plus musclée, plus "street beat" que pop. On reconnaît ceci-dit quelques très bons moments : "All Dried Up" (presque shoegaze), "You Are The Ocean" et "Let Me Go" par exemple. Cet album contient au final une plus grande variété de sons qu'on aurait pu le croire avec ses passages dream pop, trip hop, hip hop et parfois presque rock, oscillant entre calme et ardeur. On finira forcément par trouver son compte là-dedans.
Ce premier album de Phantogram se révèle comme un petit plaisir sympathique. On n'est certainement pas en face d'un de ces albums bouleversants ou extraordinaires mais bien d'une collection de titres bien attrayants. Ce premier effort révèle surtout un groupe qui a un fort potentiel pour la suite de sa carrière.
Phantogram, un duo. Un gars, une fille. Lui à la guitare et de temps en temps au chant, et elle au chant et aux claviers. En gros, c'était tout ce dont je me rappelais, hormis de la pub dithyrambique du Stéréolux à leur propos.
C'est donc pile poil à l'heure qu'ils se sont pointés, accompagnés d'un batteur. La salle était plongée dans la pénombre, la scène légèrement éclairée par des halos de lumières transperçant des nappes de fumées. Leurs silhouettes se dessinaient nettement. Je discernais sans peine la chanteuse, de profil derrière son clavier. Ils ne bougeaient plus. La salle aussi ; le silence s'imposait. On attendait, extatiques, que quelque chose se passe. Et puis en un éclair, tout a démarré (un tonitruant démarrage, d'ailleurs, qui a fait sursauter la fille devant moi), et la musique fut. Derrière son MOOG, Sarah Barthel ne cesse de vivre sa musique, en gesticulant à la manière d'une possédée en transe. Car en transe, elle l'était. On voyait clairement qu'elle était en phase avec ce qu'elle faisait, qu'elle prenait son pied. Avec sa voix vaporeuse et divine, elle nous charmait, en même temps qu'elle nous distillait des nappes de synthé presque planantes où on prenait un plaisir fou à se lover. J'étais bien, j'étais dans leur univers, plus rien n'existait hormis eux et leur musique onirique.
C'est comme ça que j'ai connu leur premier album Eyelid Movies. Un album de trip hop délicieux. Eux le décrivent volontiers leur son comme "street beat" et pop psyché. C'est un peu de tout cela, oui. On serait bien tenté de faire des comparaisons avec les vieux Portishead, mais ce groupe arrive à se nourrir de bien d'autres influences pour placer dans cet opus un je-ne-sais-quoi de très actuel. Cependant l'album a un défaut majeur : il commence avec ses meilleures pistes. Démarrer avec "Mouthful Of Diamonds" c'est harponner sans ménagement l'auditeur. On a beau se débattre, rien n'y fait. Ce beat de début avec ce petit craquement de vinyle, ce refrain lumineux, épuré, qui repose uniquement sur les susurrements diaboliques de Bartel, dame ! c'est le petit Jésus en culotte de velours. On s'attend à ce que la suite suive. Et vient "When I'm Small", où on nous refait le coup du vinyle qui craque et du beat langoureux, comme en trompe l'œil. La guitare démarre, presque tonitruante tant on s'était habitué à tant de douceurs, Sarah Bartel rapplique en miaulant délicieusement. Je reconnais là la chanson qui avait entamé le concert. On nous refait le coup du passage épuré où on se pelotonne dans ce chant. Et puis, d'un coup la chanson prend en épaisseur. Si l'on n'avait pas craqué jusque-là, c'est maintenant que tout se joue.
La suite est bien, mais comme je l'ai dit, quand on commence par ses deux meilleures chansons on fait des promesses putassières à l'auditeur. Josh Carter passe au chant sur la piste suivante et on y perd un peu de magie, l'approche se voulant un tantinet plus musclée, plus "street beat" que pop. On reconnaît ceci-dit quelques très bons moments : "All Dried Up" (presque shoegaze), "You Are The Ocean" et "Let Me Go" par exemple. Cet album contient au final une plus grande variété de sons qu'on aurait pu le croire avec ses passages dream pop, trip hop, hip hop et parfois presque rock, oscillant entre calme et ardeur. On finira forcément par trouver son compte là-dedans.
Ce premier album de Phantogram se révèle comme un petit plaisir sympathique. On n'est certainement pas en face d'un de ces albums bouleversants ou extraordinaires mais bien d'une collection de titres bien attrayants. Ce premier effort révèle surtout un groupe qui a un fort potentiel pour la suite de sa carrière.
Sympa 14/20 | par WillyB |
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