The Faith
Faith/Void Split |
Label :
Dischord |
||||
Ya un mec un jour il a dit : 'Que chaque homme crie, il y a un grand travail destructif à accomplir !'
Pis un jour ya des mecs ils l'ont chanté.
Bin wé. Paske c'est bien connu, le Rock'n'Roll est un exutoire. Et Yahla, promis-juré les copains, cet album nous en procure un beau !
...
1982. Pour The Faith, déprécié par la totalité de la scène hardcore locale, il faut frapper fort. Résultat ? Le groupe décide d'enregistrer un split suintant de menaces avec Void, tout deux provenant de Washington DC, terre fertile pour le punk depuis toujours mais véritable épicentre du hardcore East Coast au début des 1980's. Oui mais résultat ?? Un vrai massacre !
En faith, Fait (haha pas mal celle là), qui a beaucoup en commun avec des groupes de la scène de Boston comme D.Y.S, nous présente un hardcore calculé, standard, presque conventionnel, qui ne sort des schémas traditionnels que pour parfois ralentir la cadence ("Say No More", "Slowdown"), sans toutefois faire retomber la tension de serial killer imprimée tout au long de l'album. Son chanteur, Alec MacKaye, n'est autre que le petit frère du légendaire Ian MacKaye, leader de (notamment) Minor Threat et Fugazi et fondateur du mythique label Dischord Records (Dag Nasty, Rites Of Spring et autre Embrace pour les incultes, ces deux derniers ayant d'ailleurs des membres de Faith). Alec fait le choix de contrôler sa voix, de ne pas succomber à la furie. Il en ressort un hardcore solide et carré, mais, hélas pour lui, la (toute relative) "retenue" de son set ne pouvait passer, à côté d'un Void lâcheur de chevaux, que pour un manque d'audace...
Le set de Void consiste en effet en un formidable gain d'intensité. Void, que certains d'entres vous auront peut-être déjà entendu dans la bande son d'American Hardcore (2006), est un précurseur du style crossover trash (un des premiers groupe de hardcore à incorporer des influences plus métal à leur son, ici proche de celui de Dr Know). Leur punk est profondément bestial, instinctif et explosif (un cri dans la nuit ? "Explode" !). Groupe unique et terrifiant, Void nous crache donc son hardcore chaotique à la face en enchaînant des morceaux d'une violence inouïe, souvent accompagnés de solos à la Greg Ginn. Morceaux de bravoure pourrait-on dire, points de rupture, avalanche de riff, de raff, de bruit et de fureur : littéralement possédés par leur musique, ces vrais tueurs sans gages semblent en ressentir la moindre variation et fusillent nos oreilles à chaque coup de batterie. Incontestablement, un supplément d'âme habite cette partie.
Les hostilités débutent par "It's Time", une sorte de ça va chier écrite pour ceux qui n'ont pas pris le groupe au sérieux ("It's time for them to realize / I'm more than what meets their eyes / I'm ripping away from their hypocrisy / Gonna make them stop, make them see"). Puis les bonnes chansons s'enchainent à un rythme effréné (l'ultra simple-ultra efficace "Face To Face", la décharge émotionnelle "What's Wrong With Me ?"), avec quasiment à chaque fois une petite intro bien sympathique (celle futuriste de "War Hero" pour Void par exemple, ou celle de "Confusion" pour Faith, juste énorme : "Blinded by an image that wasn't there / Tricked by a game that wasn't fair / Deceived by people who didn't care...", qui compense d'ailleurs au passage le pompage de "Circle One" des Germs sur "Nightmare"). La prunelle allumée nous voilà pris de convulsions frénétiques, pogotant à s'en exploser le cerveau et à s'en détacher la tête, rugissant, le majeur tendu bien haut : "You don't understand me / You don't see where I stand / It doesn't matter what you think / My life is in my hands !" ("What You Think", hymne hormonal à l'émancipation s'il en est...)
Car ça aussi c'est bien connu : un bon riff doit rabaisser le public au niveau de la bête. Et dans le genre riffs qui vous envoie direct en enfer, celui de "Who Are You" est entré dans l'éternité (morceau d'anthologie, référence de chez référence d'ailleurs repris par Pig Destroyer dans la version Deluxe de Book Burner). Dans la suite logique et presque intime de "Who Are You", "Time To Die" est un incroyable étalage de pure haine : "I'm so fucking filled with hate / I just need to decapitate / Just for kicks I need to kill / Everybody's got to get their thrills / I'll stain the world with your blood / Bury your bodies deep in the world / Your feet are over here head's over there / Never get caught so I don't care !". Mais malgré ces deux chansons extraordinaires, à mon sens les trois plus hauts sommets de l'album restent "Organised Sports", dont les voix sur le refrain font un peu penser à "Life Is Cheap" de Flipper, "My Rules", incontestablement un des meilleurs brûlots punk de la période, et surtout "Think", tout simplement une des meilleures chansons hardcore qu'il m'ait été donné d'entendre.
Dans l'ensemble les thèmes prétextes à cette débauche d'énergie sont des plus classiques : il y est question de solitude, de dépression, fuir l'ennui, la paranoïa, les pressions en tous genre, bref, une réalité trop épineuse... A souligner toutefois l'absence de thèmes autodestructifs et nihilistes (straight edge oblige : "Another Victim" : "Another victim of his age / Had to grow up in a hurry / Couldn't control his blinded rage / So fucked he didn't worry / It's not too late to make a change / Who cares if they don't understand / It's better if they think you're strange / Than dying to prove you're a real man / Live fast die young you're full of shit !").
S'il est vrai que cet album regorge de pépites, on peut toutefois regretter une trop grande disparité de qualité entre certaines chansons. Dommage, car réduit à un format plus "normal" (en éliminant quelques compositions comme les dispensables "Trapped", "You're X'D" ou "Don't Tell Me" par exemple), cet album eu été réellement parfait. Il arrive en effet à Faith d'être un peu trop anecdotique jusqu'à parfois flirter avec le pénible et vous l'aurez compris, le fait est qu'à l'instar de la grande majorité des auditeurs je préfère et de loin la partie de Void (tracks 13-24), même si j'écoute toujours avec beaucoup de plaisir celle de Faith (tracks 1-12 et 25-33).
A l'époque, jamais encore le punk n'avait aussi mal dissimulé les pulsions barbares de ses adeptes. Encore aujourd'hui, rares sont les albums qui présentent une telle rage d'exister. Rares aussi sont ceux dont l'essence est aussi froide et dont la sève est aussi noire. Car c'est bien simple : toute la frustration adolescente est contenue dans cet album. Et avec une telle bande de fous furieux aux commandes, inutile de vous dire que nous avons ici affaire à ce genre de musique carnassière qui ne recrute que des inadaptés sociaux qui ne s'expriment qu'en hurlant... Ce n'est donc pas un hasard si cette agression sonore de 40 minutes attrape aussi bien son époque à la gorge, et tranche, tranche, tranche... Et laisse autant de cadavres sur le pavé !
Au final, Faith restera dans l'ombre de son illustre grand frère, mais cet album rencontrera un vif succès d'estime auprès des connaisseurs, et l'album allait très vite devenir culte dans le milieu underground américain. Un must-have pour tous les fans de hardcore ou comme il se doit, la société, cette 'violente et traîtresse maîtresse d'école' comme dit l'autre, s'en prend plein la gueule. Surtout, le set foudroyant de Void, considéré encore aujourd'hui comme un monument de sauvagerie, restera une des expressions les plus éloquentes, quoique succincte, de la tension suprême qui traverse le genre. Dans un fracas d'enfer et en seulement 15 minutes d'invectives au tranchant imparable, Void y gagnera ses gallons de fine fleur de l'underground U.S.
2011. Punkinouchoupinou fouille dans les bacs du temple de la musique indé, Amoeba Music, San Francisco, et tombe sur cette petite perle hardcore. Candide et innocent ('Oh ! Mais dis donc, j'ai déjà vu cet alboum au top 50 de Kurt Cobain ! Cool, c'est forcément du lourd !'), il la met dans sa culotte (avec 32 autres petites perles, Rich Kid Power !), sans savoir que cette découverte lui ouvrira les portes du hardcore le plus obscur, et lui donnera même envie de se pencher sur le grind, musique poussée sur les chemins les plus escarpés de l'âme humaine, qui erre sur les bords de l'indicible et affronte la nuit la plus reculée...
Et ah oui, juste : la dernière piste consiste en un enregistrement d'un rire de 35 minutes. Une manière un peu étrange de mettre un terme à un album... et à une chronique ! Hahaha !
...
Voilà, te voilà prévenu cher lecteur.
Cher lecteur : "All the signs say beware / But now I really don't care / I've come too far to go back / I'm gonna find out what's in the black !"
Pis un jour ya des mecs ils l'ont chanté.
Bin wé. Paske c'est bien connu, le Rock'n'Roll est un exutoire. Et Yahla, promis-juré les copains, cet album nous en procure un beau !
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1982. Pour The Faith, déprécié par la totalité de la scène hardcore locale, il faut frapper fort. Résultat ? Le groupe décide d'enregistrer un split suintant de menaces avec Void, tout deux provenant de Washington DC, terre fertile pour le punk depuis toujours mais véritable épicentre du hardcore East Coast au début des 1980's. Oui mais résultat ?? Un vrai massacre !
En faith, Fait (haha pas mal celle là), qui a beaucoup en commun avec des groupes de la scène de Boston comme D.Y.S, nous présente un hardcore calculé, standard, presque conventionnel, qui ne sort des schémas traditionnels que pour parfois ralentir la cadence ("Say No More", "Slowdown"), sans toutefois faire retomber la tension de serial killer imprimée tout au long de l'album. Son chanteur, Alec MacKaye, n'est autre que le petit frère du légendaire Ian MacKaye, leader de (notamment) Minor Threat et Fugazi et fondateur du mythique label Dischord Records (Dag Nasty, Rites Of Spring et autre Embrace pour les incultes, ces deux derniers ayant d'ailleurs des membres de Faith). Alec fait le choix de contrôler sa voix, de ne pas succomber à la furie. Il en ressort un hardcore solide et carré, mais, hélas pour lui, la (toute relative) "retenue" de son set ne pouvait passer, à côté d'un Void lâcheur de chevaux, que pour un manque d'audace...
Le set de Void consiste en effet en un formidable gain d'intensité. Void, que certains d'entres vous auront peut-être déjà entendu dans la bande son d'American Hardcore (2006), est un précurseur du style crossover trash (un des premiers groupe de hardcore à incorporer des influences plus métal à leur son, ici proche de celui de Dr Know). Leur punk est profondément bestial, instinctif et explosif (un cri dans la nuit ? "Explode" !). Groupe unique et terrifiant, Void nous crache donc son hardcore chaotique à la face en enchaînant des morceaux d'une violence inouïe, souvent accompagnés de solos à la Greg Ginn. Morceaux de bravoure pourrait-on dire, points de rupture, avalanche de riff, de raff, de bruit et de fureur : littéralement possédés par leur musique, ces vrais tueurs sans gages semblent en ressentir la moindre variation et fusillent nos oreilles à chaque coup de batterie. Incontestablement, un supplément d'âme habite cette partie.
Les hostilités débutent par "It's Time", une sorte de ça va chier écrite pour ceux qui n'ont pas pris le groupe au sérieux ("It's time for them to realize / I'm more than what meets their eyes / I'm ripping away from their hypocrisy / Gonna make them stop, make them see"). Puis les bonnes chansons s'enchainent à un rythme effréné (l'ultra simple-ultra efficace "Face To Face", la décharge émotionnelle "What's Wrong With Me ?"), avec quasiment à chaque fois une petite intro bien sympathique (celle futuriste de "War Hero" pour Void par exemple, ou celle de "Confusion" pour Faith, juste énorme : "Blinded by an image that wasn't there / Tricked by a game that wasn't fair / Deceived by people who didn't care...", qui compense d'ailleurs au passage le pompage de "Circle One" des Germs sur "Nightmare"). La prunelle allumée nous voilà pris de convulsions frénétiques, pogotant à s'en exploser le cerveau et à s'en détacher la tête, rugissant, le majeur tendu bien haut : "You don't understand me / You don't see where I stand / It doesn't matter what you think / My life is in my hands !" ("What You Think", hymne hormonal à l'émancipation s'il en est...)
Car ça aussi c'est bien connu : un bon riff doit rabaisser le public au niveau de la bête. Et dans le genre riffs qui vous envoie direct en enfer, celui de "Who Are You" est entré dans l'éternité (morceau d'anthologie, référence de chez référence d'ailleurs repris par Pig Destroyer dans la version Deluxe de Book Burner). Dans la suite logique et presque intime de "Who Are You", "Time To Die" est un incroyable étalage de pure haine : "I'm so fucking filled with hate / I just need to decapitate / Just for kicks I need to kill / Everybody's got to get their thrills / I'll stain the world with your blood / Bury your bodies deep in the world / Your feet are over here head's over there / Never get caught so I don't care !". Mais malgré ces deux chansons extraordinaires, à mon sens les trois plus hauts sommets de l'album restent "Organised Sports", dont les voix sur le refrain font un peu penser à "Life Is Cheap" de Flipper, "My Rules", incontestablement un des meilleurs brûlots punk de la période, et surtout "Think", tout simplement une des meilleures chansons hardcore qu'il m'ait été donné d'entendre.
Dans l'ensemble les thèmes prétextes à cette débauche d'énergie sont des plus classiques : il y est question de solitude, de dépression, fuir l'ennui, la paranoïa, les pressions en tous genre, bref, une réalité trop épineuse... A souligner toutefois l'absence de thèmes autodestructifs et nihilistes (straight edge oblige : "Another Victim" : "Another victim of his age / Had to grow up in a hurry / Couldn't control his blinded rage / So fucked he didn't worry / It's not too late to make a change / Who cares if they don't understand / It's better if they think you're strange / Than dying to prove you're a real man / Live fast die young you're full of shit !").
S'il est vrai que cet album regorge de pépites, on peut toutefois regretter une trop grande disparité de qualité entre certaines chansons. Dommage, car réduit à un format plus "normal" (en éliminant quelques compositions comme les dispensables "Trapped", "You're X'D" ou "Don't Tell Me" par exemple), cet album eu été réellement parfait. Il arrive en effet à Faith d'être un peu trop anecdotique jusqu'à parfois flirter avec le pénible et vous l'aurez compris, le fait est qu'à l'instar de la grande majorité des auditeurs je préfère et de loin la partie de Void (tracks 13-24), même si j'écoute toujours avec beaucoup de plaisir celle de Faith (tracks 1-12 et 25-33).
A l'époque, jamais encore le punk n'avait aussi mal dissimulé les pulsions barbares de ses adeptes. Encore aujourd'hui, rares sont les albums qui présentent une telle rage d'exister. Rares aussi sont ceux dont l'essence est aussi froide et dont la sève est aussi noire. Car c'est bien simple : toute la frustration adolescente est contenue dans cet album. Et avec une telle bande de fous furieux aux commandes, inutile de vous dire que nous avons ici affaire à ce genre de musique carnassière qui ne recrute que des inadaptés sociaux qui ne s'expriment qu'en hurlant... Ce n'est donc pas un hasard si cette agression sonore de 40 minutes attrape aussi bien son époque à la gorge, et tranche, tranche, tranche... Et laisse autant de cadavres sur le pavé !
Au final, Faith restera dans l'ombre de son illustre grand frère, mais cet album rencontrera un vif succès d'estime auprès des connaisseurs, et l'album allait très vite devenir culte dans le milieu underground américain. Un must-have pour tous les fans de hardcore ou comme il se doit, la société, cette 'violente et traîtresse maîtresse d'école' comme dit l'autre, s'en prend plein la gueule. Surtout, le set foudroyant de Void, considéré encore aujourd'hui comme un monument de sauvagerie, restera une des expressions les plus éloquentes, quoique succincte, de la tension suprême qui traverse le genre. Dans un fracas d'enfer et en seulement 15 minutes d'invectives au tranchant imparable, Void y gagnera ses gallons de fine fleur de l'underground U.S.
2011. Punkinouchoupinou fouille dans les bacs du temple de la musique indé, Amoeba Music, San Francisco, et tombe sur cette petite perle hardcore. Candide et innocent ('Oh ! Mais dis donc, j'ai déjà vu cet alboum au top 50 de Kurt Cobain ! Cool, c'est forcément du lourd !'), il la met dans sa culotte (avec 32 autres petites perles, Rich Kid Power !), sans savoir que cette découverte lui ouvrira les portes du hardcore le plus obscur, et lui donnera même envie de se pencher sur le grind, musique poussée sur les chemins les plus escarpés de l'âme humaine, qui erre sur les bords de l'indicible et affronte la nuit la plus reculée...
Et ah oui, juste : la dernière piste consiste en un enregistrement d'un rire de 35 minutes. Une manière un peu étrange de mettre un terme à un album... et à une chronique ! Hahaha !
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Voilà, te voilà prévenu cher lecteur.
Cher lecteur : "All the signs say beware / But now I really don't care / I've come too far to go back / I'm gonna find out what's in the black !"
Parfait 17/20 | par Rich Kid on LSD |
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