The Damned
Music For Pleasure |
Label :
Stiff |
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Ce disque est un cas d'école.
Sorti à peine 9 mois après Damned Damned Damned, il pourrait apparaitre comme une tentative de reproduire au plus vite la formule qui s'était avérée efficace sur le premier album. A l'instar des Ramones, par exemple. Il n'en est rien.
Incendié par la critique et fustigé encore aujourd'hui par les musiciens eux-mêmes, ce disque est en fait celui d'un groupe qui se désagrège après seulement un an d'existence. C'est l'illustration parfaite du célèbre adage que Neil Young utilisera pour représenter l'esprit punk "it's better to burn out than to fade away". Mais pas que.
Music For Pleasure, c'est aussi l'album d'un groupe qui a compris dès le départ que le punk est voué à être enfermé dans une case, et qui tente désespérément d'en sortir. Le chant du cygne d'un groupe, les Damned de Brian James, mais aussi le premier (et dernier) opus d'un nouveau line up, les Damned avec Lu Edmunds.
Non contents d'avoir ouvert la voie au punk anglais avec "New Rose", d'avoir établi un sacré étalon de qualité avec Damned Damned Damned, la formation de Brian James innove, explore de nouveaux horizons en embauchant un nouveau guitariste, tout en essayant de garder son esprit originel. Ils auraient pu rester ce groupe de branleurs qui compensent leurs lacunes par leur énergie (là encore, à l'instar des Ramones). Là encore, il n'en est rien.
Le succès est passé par là, les tournées dont celle avec T-Rex, les Damned sont devenus de vrais musiciens professionnels. Retrouver le chaos du début demanderait un effort presque malhonnête. Alors autant faire autre chose.
Certes, je comprends la déception quand on s'attend à un second Damned Damned Damned. Rien d'aussi intense, bordélique et, osons les termes éculés, efficace ici. Pourtant, quand on ne juge que la musique, on ne peut décemment s'insurger. On retrouve les compositions punk classiques, de bonne facture, comme "Problem Child", "Politics" ou "Creep (You Can't Fool Me)", mais on découvre aussi des mélanges audacieux : la guitare slide de "One Way love", la mélodie pop de "Your Eyes" ou encore les 5 minutes de "Idiot Box". En plus, l'album est un véritable hommage à Fun House des Stooges, avec "Alone" dont le riff n'est pas sans rappeler "TV Eye" et surtout "You Know" et son saxo entêtant.
Donc Music For Pleasure est un suicide commercial pour un groupe de punk, indéniablement, de sa pochette cubiste à la tentative assumée de faire un disque psychédélique en embauchant, comble de l'horreur, Nick Mason de Pink Floyd. Le choix original était Syd Barrett, mais comme dirait Jagger, "you can't always get what you want".
En contrepartie, c'est aussi un disque beaucoup plus collaboratif, contrairement au précédent où James signait tout tout seul sauf "Stab Your Back" et la reprise des Stooges (là encore), un disque beaucoup plus abouti et qui dans sa démarche était finalement sacrément en avance sur son temps, mais qui n'a pas su trouver son public à l'époque. Comme quoi, Jagger avait vraiment raison avec sa chanson.
Au final, un bon requiem pour les Damned, qui quoi qu'on en dise ne seront jamais aussi bons sans leur leader des débuts (un peu comme Pink Floyd, il y avait donc bien un rapport entre les deux groupes).
Quant à trouver une note pour un disque aussi complexe, je m'en abstiendrai bien. Sûrement pas "Intemporel", Damned Damned Damned étant plutôt l'album à retenir, mais bien plus intéressant que le reste de la discographie. En même temps, il ne plaira pas à tout le monde. Bon "Exceptionnel", on est bien dans l'exception, là, non? Allez, 19, mais avec la mention "écoutez-le pour vous faire votre propre avis"...
*En 2002, l'album est réédité au format CD avec trois morceaux en rab, la reprise de "Help", "Sick Of Being Sick" et "Singalong A Scabies" (démo de "Stab Your Back"), faces B des singles de Damned Damned Damned.
Sorti à peine 9 mois après Damned Damned Damned, il pourrait apparaitre comme une tentative de reproduire au plus vite la formule qui s'était avérée efficace sur le premier album. A l'instar des Ramones, par exemple. Il n'en est rien.
Incendié par la critique et fustigé encore aujourd'hui par les musiciens eux-mêmes, ce disque est en fait celui d'un groupe qui se désagrège après seulement un an d'existence. C'est l'illustration parfaite du célèbre adage que Neil Young utilisera pour représenter l'esprit punk "it's better to burn out than to fade away". Mais pas que.
Music For Pleasure, c'est aussi l'album d'un groupe qui a compris dès le départ que le punk est voué à être enfermé dans une case, et qui tente désespérément d'en sortir. Le chant du cygne d'un groupe, les Damned de Brian James, mais aussi le premier (et dernier) opus d'un nouveau line up, les Damned avec Lu Edmunds.
Non contents d'avoir ouvert la voie au punk anglais avec "New Rose", d'avoir établi un sacré étalon de qualité avec Damned Damned Damned, la formation de Brian James innove, explore de nouveaux horizons en embauchant un nouveau guitariste, tout en essayant de garder son esprit originel. Ils auraient pu rester ce groupe de branleurs qui compensent leurs lacunes par leur énergie (là encore, à l'instar des Ramones). Là encore, il n'en est rien.
Le succès est passé par là, les tournées dont celle avec T-Rex, les Damned sont devenus de vrais musiciens professionnels. Retrouver le chaos du début demanderait un effort presque malhonnête. Alors autant faire autre chose.
Certes, je comprends la déception quand on s'attend à un second Damned Damned Damned. Rien d'aussi intense, bordélique et, osons les termes éculés, efficace ici. Pourtant, quand on ne juge que la musique, on ne peut décemment s'insurger. On retrouve les compositions punk classiques, de bonne facture, comme "Problem Child", "Politics" ou "Creep (You Can't Fool Me)", mais on découvre aussi des mélanges audacieux : la guitare slide de "One Way love", la mélodie pop de "Your Eyes" ou encore les 5 minutes de "Idiot Box". En plus, l'album est un véritable hommage à Fun House des Stooges, avec "Alone" dont le riff n'est pas sans rappeler "TV Eye" et surtout "You Know" et son saxo entêtant.
Donc Music For Pleasure est un suicide commercial pour un groupe de punk, indéniablement, de sa pochette cubiste à la tentative assumée de faire un disque psychédélique en embauchant, comble de l'horreur, Nick Mason de Pink Floyd. Le choix original était Syd Barrett, mais comme dirait Jagger, "you can't always get what you want".
En contrepartie, c'est aussi un disque beaucoup plus collaboratif, contrairement au précédent où James signait tout tout seul sauf "Stab Your Back" et la reprise des Stooges (là encore), un disque beaucoup plus abouti et qui dans sa démarche était finalement sacrément en avance sur son temps, mais qui n'a pas su trouver son public à l'époque. Comme quoi, Jagger avait vraiment raison avec sa chanson.
Au final, un bon requiem pour les Damned, qui quoi qu'on en dise ne seront jamais aussi bons sans leur leader des débuts (un peu comme Pink Floyd, il y avait donc bien un rapport entre les deux groupes).
Quant à trouver une note pour un disque aussi complexe, je m'en abstiendrai bien. Sûrement pas "Intemporel", Damned Damned Damned étant plutôt l'album à retenir, mais bien plus intéressant que le reste de la discographie. En même temps, il ne plaira pas à tout le monde. Bon "Exceptionnel", on est bien dans l'exception, là, non? Allez, 19, mais avec la mention "écoutez-le pour vous faire votre propre avis"...
*En 2002, l'album est réédité au format CD avec trois morceaux en rab, la reprise de "Help", "Sick Of Being Sick" et "Singalong A Scabies" (démo de "Stab Your Back"), faces B des singles de Damned Damned Damned.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Blackcondorguy |
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