Rex

C

C

 Label :     Southern 
 Sortie :    lundi 21 octobre 1996 
 Format :  Album / CD   

C'est tout de même amusant. Il y a des jours où l'on se déplace chez son disquaire préféré sans avoir grande idée de ce que l'on veut y trouver. Je suis tombé par grand hasard devant cet album de Rex. J'ai aimé le tableau de son livret, les inscriptions sur le dos de la pochette. J'ai surtout aimé la mention "Southern Records" Chicago, IL, et le coût dérisoire de l'objet ! Je ne connaissais pas le groupe, et sur un coup de tête me suis emparé du disque.
Je l'ai calé non sans appréhensions dans mon walkman, et j'ai compris. Compris que j'avais eu une chance inespérée. Doug Scharin l'excellent batteur de June Of 44, est à sa place derrière les fûts et Julie Liu qui a joué du violon à plusieurs reprises avec les Seam, superbe groupe de Chicago, est également de la partie. Après multiples écoutes, je peux enfin dresser le bilan de cette bonne pioche.
La musique de Rex est loin d'être foudroyante de puissance et ne respire pas la gaitée, et les paroles semblent extirpées de force du corps de Curtis Harvey, un peu comme pour Seam en somme. Mais cette timidité a du charme. On est loin de ses voix tapageuses qui s'imposent bruyamment. Rex se satisfait du minimum et n'en supprime pas l'émotion pour autant.
Tout comme Low, les sonorités tout doucement se dévoilent. Et nous sommes embarqués tout entier dans cette ambiance onirique.
"Morning" ouvre l'opus avec majesté, montant crescendo, lentement par paliers successifs pour exploser finalement. "Ride Home" rappelle Slint du fait de sa basse sombre et de ses arpèges brillants s'intercroisant. "Critella" avec sa trompette et son accordéon est toute passéiste. Le bal est fini depuis bien longtemps, les papiers jonchent sur le sol, la poussière tapisse les tables. "Audrey La'Mort" est aussi sombre que du Alice In Chains. Les arpèges sont suffocants, répétés a l'infini. "Jubin" est jubilatoire. Le banjo apporte la touche de gaité et la pause que l'on attendait, tranchant dans le vif de la tristesse qui occupe la première place. On pense au post rock chaleureux de Ganger dans le jeu de basse groovie. "Porcelain" mèle violoncelle, piano et guitare acoustique dans un instrumental beau à pleurer. "New Dirge" nous plonge dans une pénombre collante.On ne peut s'en dépétrer.
Entre post rock, pure pop, grunge maladif, slowcore, Rex a brouillé les pistes avec talent, construisant un album difficile, aux émotions schyzophrènes dures à dompter.
En tous les cas, Rex n'est pas chien, et a bien sa place sur un trône.


Parfait   17/20
par Oneair


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