Nicolas Jaar
Space Is Only Noise |
Label :
Circus Company |
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Space Is Only Noise, ou la preuve que l'eau coule à flots sur la Lune.
À 21 ans, Nicolas Jaar a déjà le parcourt d'un vétéran. Le prodige new-yorkais compose depuis ses 17 ans, et de singles en EP il vole vers un avenir radieux fait de house suave au groove vicieux, le tout en gérant son propre label ; Clowns & Sunset. C'est peu de dire que son premier long format était attendu par les spécialistes comme celui du nouveau messie. Lors de sa sortie, fin janvier, Space est l'objet de beaucoup d'attention, mais le jeunot ne va pas se priver pour montrer qu'il n'en a cure !
Comment ? Tout simplement en prenant tout le monde à contrepied. En faisant descendre son métissage culturel et musical dans de nouvelles abysses. En réduisant le rythme jusqu'à le rendre impropre au dance-floor. En agrémentant ses beats électroniques d'instruments acoustiques du plus bel effet. Le new-yorkais aux origines chiliennes ponctue sa séduction cosmopolite par une francophilie avouée, qu'il laisse régulièrement apparaître au long du disque au risque de paraître élitiste. Dans "Être", c'est un dialogue de Godard qui ouvre l'album. Les paroles de "Colomb", déformées par un vocodeur étonnamment peu kitsch, sont elles aussi chantées dans la langue de Molière.
Les rares touches de chaleur de l'album (le sample de Ray Charles sur "I Got A Woman", les vocalises de "Variations") sont frappées de givre par l'ambiance froide de l'album, dépeignant des paysages lunaires où l'acoustique demeure seule dépositaire de toute émotion humaine. On coule littéralement de morceau en morceau, sans déceler les très subtiles transitions. Sur l'ensemble de l'enregistrement, une rivière semble couler en arrière plan, rendant l'impression globale très engourdissante, comme si l'auditeur s'en allait explorer des cratères de météorites au fond de l'Océan.
Le disque passe comme une seule pièce de spleen aux collages multiples, aux références innombrables et à l'élitisme assumé. La bombe attendue n'est pas au rendez-vous (à part quelques excellents titres presque tubesques, comme l'éponyme "Space Is Only Noise If You Can See" aux allures de Depeche Mode, l'album n'a rien de particulièrement accrocheur), à la place les critiques médusés ont trouvé une vaste introspection ambitieuse à contre-courant de la production électronique actuelle. Et c'est tant mieux ! Alors qu'au même moment James Blake s'engage dans une électro de chambre peut-être un peu trop lisse pour mériter vraiment l'attention dont elle fait l'objet, Nicolas Jaar lui se crée une voie. Pas révolutionnaire, non, mais marquante pour sûr. Et dire qu'il n'a que 21 ans...
À 21 ans, Nicolas Jaar a déjà le parcourt d'un vétéran. Le prodige new-yorkais compose depuis ses 17 ans, et de singles en EP il vole vers un avenir radieux fait de house suave au groove vicieux, le tout en gérant son propre label ; Clowns & Sunset. C'est peu de dire que son premier long format était attendu par les spécialistes comme celui du nouveau messie. Lors de sa sortie, fin janvier, Space est l'objet de beaucoup d'attention, mais le jeunot ne va pas se priver pour montrer qu'il n'en a cure !
Comment ? Tout simplement en prenant tout le monde à contrepied. En faisant descendre son métissage culturel et musical dans de nouvelles abysses. En réduisant le rythme jusqu'à le rendre impropre au dance-floor. En agrémentant ses beats électroniques d'instruments acoustiques du plus bel effet. Le new-yorkais aux origines chiliennes ponctue sa séduction cosmopolite par une francophilie avouée, qu'il laisse régulièrement apparaître au long du disque au risque de paraître élitiste. Dans "Être", c'est un dialogue de Godard qui ouvre l'album. Les paroles de "Colomb", déformées par un vocodeur étonnamment peu kitsch, sont elles aussi chantées dans la langue de Molière.
Les rares touches de chaleur de l'album (le sample de Ray Charles sur "I Got A Woman", les vocalises de "Variations") sont frappées de givre par l'ambiance froide de l'album, dépeignant des paysages lunaires où l'acoustique demeure seule dépositaire de toute émotion humaine. On coule littéralement de morceau en morceau, sans déceler les très subtiles transitions. Sur l'ensemble de l'enregistrement, une rivière semble couler en arrière plan, rendant l'impression globale très engourdissante, comme si l'auditeur s'en allait explorer des cratères de météorites au fond de l'Océan.
Le disque passe comme une seule pièce de spleen aux collages multiples, aux références innombrables et à l'élitisme assumé. La bombe attendue n'est pas au rendez-vous (à part quelques excellents titres presque tubesques, comme l'éponyme "Space Is Only Noise If You Can See" aux allures de Depeche Mode, l'album n'a rien de particulièrement accrocheur), à la place les critiques médusés ont trouvé une vaste introspection ambitieuse à contre-courant de la production électronique actuelle. Et c'est tant mieux ! Alors qu'au même moment James Blake s'engage dans une électro de chambre peut-être un peu trop lisse pour mériter vraiment l'attention dont elle fait l'objet, Nicolas Jaar lui se crée une voie. Pas révolutionnaire, non, mais marquante pour sûr. Et dire qu'il n'a que 21 ans...
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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