Dianogah
Qhnnnl |
Label :
Southern |
||||
De retour en studio après six ans, Dianogah nous revient bouillonnant d'idées et d'envies qui partent dans tous les sens. La raison ? Probablement parce qu'en plus des années, le trio semble excité comme un jeune amoureux transis : une certaine Stephanie Morris rejoint la petite bande pour y devenir un atout charme à la guitare, au clavier et au chant. Le chant qui fait ici son grand retour, masculin comme féminin (voire les deux sur "A Break B"), sans qu'on en soit choqué. La nature de l'album est si éloignée de celle du précédent que l'utilisation sporadiques des voix ne peut décevoir. Toujours produit par McEntire et avec en plus de la nouvelle recrue, la participation d'Andrew Bird, on aurait été tenté de penser que le romantisme primerait. Pas tout à fait... Sans doute grâce à toutes ces années de distance, les mordus de la basse peuvent se permettre à peu près tout et n'importe quoi, si bien que qhnnnl s'impose comme l'antithèse exacte de Millions Of Brazilians. Plus rock mais encore plus subtil, tout aussi soigné mais également noisy, et même plus long de vingt minutes, l'album est un petit coffre au trésor. L'apport indéniable de Stephanouche stimule le répertoire du groupe, jusqu'à plonger tête la première dans la chanson. Sur "Sprinter" c'est une révélation : ils savent aussi manier leurs basses autrement que comme les divas ; comme des seconds couteaux, pour soutenir leur véritable petite Loren Hoffman folky. Ce groupe instrumental PEUT donc faire de superbes chansons... Et lorsqu'en plus il sorte l'artillerie lourde, le survitaminé "You Might Go Off" et ses chants beuglés a un feeling quasiment emo.
Car pour le coup dans la gueule, c'est du côté de la disto que ça se passe. En plus des saveurs post-rock et lo-fi, les pédales d'effets saturés amorcées sur les guitares comme sur les basses les ancrent une fois pour toute en pleine scène noisy-hardcore. "Song You Hate" ayant très bien pu sortir de chez Brainiac. C'est le titre éponyme musclé qui annonce la couleur, "I Like Juice In A Shark Suite" qui donne le change entre les deux univers, renchérit par tout un tas d'autres titres tout aussi énergiques. Le Dianogah architecte du calme est bien là, mais le Dianogah agité prend le dessus, parfois au bord de l'hystérie. C'est inquiétant et bruitiste, mais de l'ordre de Fugazi, donc génial. Et il y a toujours un "Es Posible Fuego" et ses harmoniques pour choisir de ne pas choisir, et proposer une merveille synthétique de l'album, et du talent du groupe : mélodie, bruit, ambiance, coup de sang, post-rock, chant... Le groupe a pris conscience qu'il pouvait sublimer sa musique afin d'être plus qu'un modeste artisan sonore.
Malheureusement, en plus d'être définitif, il s'agit peut être là du dernier album tout court de Dianogah. La rafraîchissante Stephanie Morris qui avait fait tant de bien au trio est morte tout juste un an après la sortie de l'album, et le groupe semble avoir depuis perdu tout intérêt à poursuivre l'aventure sans elle... Le titre "Andrew Jackson" est introduit par une prise sonore, probablement d'un gratteux d'un le métro, chantonnant le "always look on the bright side of life" des Monty Python. Le même air que ces branquignolles rosbeef fredonneront aux obsèques de leur compagnon Graham Chapman. Il y a parfois des synchronicités qui font mal au cœur...
Car pour le coup dans la gueule, c'est du côté de la disto que ça se passe. En plus des saveurs post-rock et lo-fi, les pédales d'effets saturés amorcées sur les guitares comme sur les basses les ancrent une fois pour toute en pleine scène noisy-hardcore. "Song You Hate" ayant très bien pu sortir de chez Brainiac. C'est le titre éponyme musclé qui annonce la couleur, "I Like Juice In A Shark Suite" qui donne le change entre les deux univers, renchérit par tout un tas d'autres titres tout aussi énergiques. Le Dianogah architecte du calme est bien là, mais le Dianogah agité prend le dessus, parfois au bord de l'hystérie. C'est inquiétant et bruitiste, mais de l'ordre de Fugazi, donc génial. Et il y a toujours un "Es Posible Fuego" et ses harmoniques pour choisir de ne pas choisir, et proposer une merveille synthétique de l'album, et du talent du groupe : mélodie, bruit, ambiance, coup de sang, post-rock, chant... Le groupe a pris conscience qu'il pouvait sublimer sa musique afin d'être plus qu'un modeste artisan sonore.
Malheureusement, en plus d'être définitif, il s'agit peut être là du dernier album tout court de Dianogah. La rafraîchissante Stephanie Morris qui avait fait tant de bien au trio est morte tout juste un an après la sortie de l'album, et le groupe semble avoir depuis perdu tout intérêt à poursuivre l'aventure sans elle... Le titre "Andrew Jackson" est introduit par une prise sonore, probablement d'un gratteux d'un le métro, chantonnant le "always look on the bright side of life" des Monty Python. Le même air que ces branquignolles rosbeef fredonneront aux obsèques de leur compagnon Graham Chapman. Il y a parfois des synchronicités qui font mal au cœur...
Excellent ! 18/20 | par X_YoB |
En ligne
349 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages