Daughters
Daughters |
Label :
Hydra Head |
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Lorsqu'on écoute Daughters, c'est en premier lieu l'assurance de ne pas devoir subir une musique susceptible d'être diffusée au rayon parfumerie d'une grande surface. En effet, rarement un groupe n'est parvenu à atteindre et à amalgamer avec autant de brio le déchaînement de violence propre au grind et la technique d'un free jazz débridé, avec un savoir-faire de surréalistes iconoclastes. Comparé à leurs deux premiers albums, le pourtant mythique "Calculating Infinity" de T.D.E.P. fait petit bras, amusement sans conséquence de petits garçons joueurs.
J'avais découvert Daughters à l'époque de Canada Songs grâce à une obscure compilation promotionnelle du label Overcome Records. Le groupe proposait alors le titre "And Then The C.H.U.D.S. Came" et j'avais été soufflé par cette minute vingt-cinq de folie techno grind aux sons de guitares synthétiques et futuristes. Depuis, je ne peux me passer ni de Canada Songs, ni de Hell Songs, deux morceaux de bravoure fascinants tant ils offrent de niveaux de profondeur, de la première couche de grind ultra brutal à la complexité sans pareille de compositions à tiroirs et qui semblent traversées par le vent orgiaque de l'improvisation. Autrement dit, la première écoute brûle le cerveau, alors que les suivantes sollicitent avidement les neurones qui ont survécu. La musique se fait alors équation mathématique, casse-tête chinois, labyrinthe cyclopéen, bref, on se choppe un très sérieux mal de crâne. Si les différences entre les deux premières productions sont significatives d'un groupe en constante métamorphose, j'avoue donc une rare curiosité avant de me lancer dans l'expérience de ce troisième jet, éponyme, orné de cette pochette kitch à la saveur des 50's.
De prime abord, "The Virgin" reprend les choses là où Hell Songs les avait laissées. Technicité à outrance, son de gratte entendu nulle part ailleurs, et cette voix posée, froide, atone, dénuée de sentiment, sans aucune empathie pour l'auditeur. Pas de surprises finalement. Tout du moins pas de suite. En effet, en jetant un œil furtif au time code, on remarque que les titres sont beaucoup plus longs qu'à l'accoutumée et que cela a pour corollaire des chansons plus faciles à appréhender car les structures y sont moins mouvantes. Des bribes de mélodies font surface ("The Hit", "The Theater Goer"), même si elles sont systématiquement atomisées par des descentes de manche vengeurs et schizophrènes. Des vagues de riffs viennent inlassablement se fracasser sur le pauvre récif malmené de vos tympans, qui n'avaient pas été à pareille fête depuis bien longtemps. "Our Queens" a de quoi rendre cinglé, tourbillon de démence aussi swinguant qu'Elvis, alors que "The Dead Singer" surprend par son tempo ralenti, lancinant et dont la cruauté n'est pas le moindre des atouts. Ainsi, Daughters a beau débuter sur un terrain connu, il évolue très vite vers une mixture indéfinissable et géniale à laquelle je ne trouve aucune comparaison pertinente tant ce groupe est en marge de toutes les scènes connues.
Encore une fois, on ne peut que rester bouche bée devant un tel déferlement de talent. J'ai toujours l'impression d'être face à un concept album incroyablement abscons et dont je comprendrais peut-être un jour le dixième de ses subtilités, mais l'idée d'avoir entre nos mains velues un album dont on n'aura pas fait le tour en quinze jours suffira à combler l'auditeur le plus exigeant.
J'avais découvert Daughters à l'époque de Canada Songs grâce à une obscure compilation promotionnelle du label Overcome Records. Le groupe proposait alors le titre "And Then The C.H.U.D.S. Came" et j'avais été soufflé par cette minute vingt-cinq de folie techno grind aux sons de guitares synthétiques et futuristes. Depuis, je ne peux me passer ni de Canada Songs, ni de Hell Songs, deux morceaux de bravoure fascinants tant ils offrent de niveaux de profondeur, de la première couche de grind ultra brutal à la complexité sans pareille de compositions à tiroirs et qui semblent traversées par le vent orgiaque de l'improvisation. Autrement dit, la première écoute brûle le cerveau, alors que les suivantes sollicitent avidement les neurones qui ont survécu. La musique se fait alors équation mathématique, casse-tête chinois, labyrinthe cyclopéen, bref, on se choppe un très sérieux mal de crâne. Si les différences entre les deux premières productions sont significatives d'un groupe en constante métamorphose, j'avoue donc une rare curiosité avant de me lancer dans l'expérience de ce troisième jet, éponyme, orné de cette pochette kitch à la saveur des 50's.
De prime abord, "The Virgin" reprend les choses là où Hell Songs les avait laissées. Technicité à outrance, son de gratte entendu nulle part ailleurs, et cette voix posée, froide, atone, dénuée de sentiment, sans aucune empathie pour l'auditeur. Pas de surprises finalement. Tout du moins pas de suite. En effet, en jetant un œil furtif au time code, on remarque que les titres sont beaucoup plus longs qu'à l'accoutumée et que cela a pour corollaire des chansons plus faciles à appréhender car les structures y sont moins mouvantes. Des bribes de mélodies font surface ("The Hit", "The Theater Goer"), même si elles sont systématiquement atomisées par des descentes de manche vengeurs et schizophrènes. Des vagues de riffs viennent inlassablement se fracasser sur le pauvre récif malmené de vos tympans, qui n'avaient pas été à pareille fête depuis bien longtemps. "Our Queens" a de quoi rendre cinglé, tourbillon de démence aussi swinguant qu'Elvis, alors que "The Dead Singer" surprend par son tempo ralenti, lancinant et dont la cruauté n'est pas le moindre des atouts. Ainsi, Daughters a beau débuter sur un terrain connu, il évolue très vite vers une mixture indéfinissable et géniale à laquelle je ne trouve aucune comparaison pertinente tant ce groupe est en marge de toutes les scènes connues.
Encore une fois, on ne peut que rester bouche bée devant un tel déferlement de talent. J'ai toujours l'impression d'être face à un concept album incroyablement abscons et dont je comprendrais peut-être un jour le dixième de ses subtilités, mais l'idée d'avoir entre nos mains velues un album dont on n'aura pas fait le tour en quinze jours suffira à combler l'auditeur le plus exigeant.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Arno Vice |
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