Rollerskate Skinny
Shoulder Voices |
Label :
Placebo |
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En 1993, Lydie Barbarian évoque chez Lenoir un nouveau groupe irlandais qui passe pour la formation du petit frère de Kevin Shields (My Bloody Valentine). Ce qui se cache derrière est ce qui reste l'un des combos (sinon le combo) le plus créatif des années 90 (mais, comme le dit la formule, on ne le sait pas encore). A l'heure de découvrir Shoulder Voices, on est surtout sensible à un ton, à une originalité qui le démarquent immédiatement de la production de l'époque. Originalité et déjà un travail avancé dans le sens du télescopage, du chaos maîtrisé. Si on le compare à Horsedrawn Wishes, Shoulder Voices donne l'impression d'être tout en guitares. Mais ce qui frappe, c'est d'abord l'originalité des contrastes. Arabesques délicates au milieu d'orages (comme sur "Shallow Thunder"), plaintes aigues se perdant dans le lointain ou explosant dans un rugissement... Plus qu'au souci de remplir efficacement le son, c'est à un véritable univers qu'on a affaire. Un univers hanté, peuplé de choses obscures qui s'incarnent en une forme sinueuse et violente. Que ce soit l'étrange sonorité vibratoire de la guitare ouvrant "Miss Leader", le petit rythme tambouriné de "Violence To Violence" et sa scansion psychiatrique (Eéohooha ha hé !), ou le somptueux "Slave" et ses quelques notes de violoncelle sur une symphonie de bruit... On a dit que R.S. devait autant aux Pink Floyd qu'à Phil Spector, à la musique celtique ou au hip-hop. On pourrait encore évoquer une hybridation musicale monstrueuse entre la poésie de Joyce et Syd Barrett. Tant il est vrai que cette musique appelle un dépaysement, une altérité radicale. Que l'on prête aussi un instant attention aux textes. On y retrouvera cette distanciation typique de R.S. (sentences désespérées/hallucinées distribuées sur un ton de nonchalance heureuse). Un art resté sans équivalent.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Artobal |
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