Spoonfed Hybrid

Spoonfed Hybrid, qui n'a sorti qu'un album éponyme et quelques EPs, est le projet temporaire de Ian Masters après son départ des Pale Saints. Ce disque marque pour lui une franche rupture avec le shoegazing de son précédent groupe, même si certains morceaux calmes de In Ribbons tranchaient déjà nettement avec "The Comforts of Madness".

Dès l'introductif "Heaven's Knot", c'est une douce mélancolie qui prévaut. Prédominance des claviers, abandon des guitares saturées au profit de guitares acoustiques, absence de batterie juste parfois compensée par de discrètes percussions.... et émergeant au dessus de tout ceci la voix fragile et si touchante de Ian Masters, mieux mise en valeur qu'avec les Pale Saints.

Le disque évoque irrésistiblement Eyeless in Gaza, qui constitue la principale influence de Ian Masters comme celui-ci l'a maintes fois reconnu. A l'instar de Eyeless in Gaza, Spoonfed Hybrid est un duo, Ian Masters étant secondé par le multi-instrumentiste Chris Trout (piano, percussions, trombone, trompette...), ancien membre des obscurs AC Temple.

Chris Trout est sans doute à l'origine de la variété des sonorités qui servent parfaitement chaque morceau en lui donnant sa propre identité. Il chante également un titre, le solennel "A Pocketful Of Dust", qui rappelle les morceaux de Dead Can Dance chantés par Brendan Perry tout en s'intégrant parfaitement au sein de l'album.

Au final, un album passé quasiment inaperçu à l'époque, qui constitue pourtant un puzzle fascinant pour les amateurs du label 4AD et d'une certaine new-wave atmosphérique.

Ian Masters sortira deux ans plus tard sous le nom de ESP Continent l'album très dépouillé Mars Is A Ten, réalisé avec l'aide de Warren Defever de His Name is Alive, avant de quasiment cesser toute activité discographique.