Venetian Snares
Making Orange Things |
Label :
Planet Mu |
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Ce qui me fascine chez Venetian Snares, c'est la capacité d'Aaron Funk à balancer un breakcore, speed, noise et parfois ambiant au milieu d'un enchevêtrement de rythmes iconoclastes n'évoquant aucune gestuelle autre que la crise d'épilepsie. Et lorsqu'il s'accouple au non moins célèbre Speedranch pour engendrer cet enfant bâtard qu'est Making Orange Things, le cassage de nuques et de reins n'est pas loin.
Incroyable mélange de noisecore et de breakcore on ne peut plus radical et mentalement aliénant, cet album dégage une atmosphère de folie débridée où les martèlements de beats rageurs sont autant de sursauts de démence.
Vocaux hurlés et distordus au-delà de l'audible ("We Hate Russell"), l'hystérie barbare de Speedranch est passée au hachoir des breaks ininterrompus de Venetian Snares, toujours à contretemps, jamais là où on les attend.
La force de cet assemblage disparate de sons concassés est que des mélodies naissent, tels des golems issus de la plus puante des fanges. Cela dit les stridences propres à l'indus ne sont pas oubliées (l'éprouvant "Pay Me for Sex"), et lorsque je parle de mélodies, ce n'est pas en termes de synth-pop que je l'entends. Il faut passer le mur de l'agression sonore pour la déceler, elle se devine plus qu'elle ne s'entend, puzzle éclaté aux quatre points de l'album et que l'auditeur se doit de recomposer.
Plus on s'enfonce dans ce magma robotisé, dans ce brouet de machines esclaves de maîtres hallucinés au cerveau rongé par on ne sait quel acide, et plus l'écoute se fait hypnose, transe, jeu, à l'image de ce pont au sein de "Unborn Baby" où l'on distingue un sample fantomatique du "Beat It" de M.J., jeté là sans fioritures, bouclant sur lui-même jusqu'à sa défiguration totale par un beat hardcore vengeur.
Il ne s'agit pas là non plus de collages aléatoires de sons : tout est pensé, pesé, réfléchi et construit. Richesse et intelligence hors norme sont sans doute les traits de caractères dominants de ce détonant Making Orange Things. Certes, l'auditeur crisse des dents, cherche un point d'appui inexistant et doit puiser en lui la force mentale nécessaire pour ne pas couper court, mais ces efforts ne sont pas vains. Chaque titre offre son lot de récompenses, d'inattendu, ne serait-ce qu'au niveau du panel de sons proposés. Jamais entendu ailleurs.
Cela dit, il ne faut pas induire les acheteurs potentiels en erreur. Etant moi-même friand des travaux d'Aaron, j'ai quand même été particulièrement déstabilisé par la fureur technoïde du projet et ce bien qu'étant habitué aux musiques agressives. Tout n'est ici que distorsions extrêmes, bondage musical et terrorisme.
Et lorsqu'en guise de final, les deux groupes nous sortent une reprise du "Stairway to Heaven" rebaptisée "Halfwayup The Stairway Of Mucus", sorte de monstre hybride, mutant, nourri à l'indus et à la limaille de fer, on finit par craquer. Les oreilles en miettes, le cerveau s'écoulant par les cavités nasales, des hémorragies internes nous faisant chier du sang.
Projet fou mené par deux concasseurs, cet album est fait pour tous les amateurs de soirées hardcore. C'est brutal, raffiné dans le primal, rythmiquement inhumain et possédé jusqu'à la moelle d'un désir de faire réellement mal. Vraisemblablement, Making Orange Things passé à fond dans un lieu uniquement éclairé de stroboscopes et envahi par les fumigènes a toutes les chances de créer un phénomène d'hystérie collective pouvant s'achever en grande partouze cybernétique, en revanche, cela passe beaucoup moins bien comme musique de salon pour accompagner une lecture, un dîner ou du ménage sauf si : vous lisez du Norman Spinrad ou un auteur affilié à la génération cyber punk, vous mangez des champignons assaisonnés de LSD en compagnie d'une association de malades atteints du Parkinson, ou vous vous êtes mis en tête d'agrandir votre espace vital en brisant les cloisons à mains nues. Dans tous les autres cas, il sera dur de tenir le choc...
Incroyable mélange de noisecore et de breakcore on ne peut plus radical et mentalement aliénant, cet album dégage une atmosphère de folie débridée où les martèlements de beats rageurs sont autant de sursauts de démence.
Vocaux hurlés et distordus au-delà de l'audible ("We Hate Russell"), l'hystérie barbare de Speedranch est passée au hachoir des breaks ininterrompus de Venetian Snares, toujours à contretemps, jamais là où on les attend.
La force de cet assemblage disparate de sons concassés est que des mélodies naissent, tels des golems issus de la plus puante des fanges. Cela dit les stridences propres à l'indus ne sont pas oubliées (l'éprouvant "Pay Me for Sex"), et lorsque je parle de mélodies, ce n'est pas en termes de synth-pop que je l'entends. Il faut passer le mur de l'agression sonore pour la déceler, elle se devine plus qu'elle ne s'entend, puzzle éclaté aux quatre points de l'album et que l'auditeur se doit de recomposer.
Plus on s'enfonce dans ce magma robotisé, dans ce brouet de machines esclaves de maîtres hallucinés au cerveau rongé par on ne sait quel acide, et plus l'écoute se fait hypnose, transe, jeu, à l'image de ce pont au sein de "Unborn Baby" où l'on distingue un sample fantomatique du "Beat It" de M.J., jeté là sans fioritures, bouclant sur lui-même jusqu'à sa défiguration totale par un beat hardcore vengeur.
Il ne s'agit pas là non plus de collages aléatoires de sons : tout est pensé, pesé, réfléchi et construit. Richesse et intelligence hors norme sont sans doute les traits de caractères dominants de ce détonant Making Orange Things. Certes, l'auditeur crisse des dents, cherche un point d'appui inexistant et doit puiser en lui la force mentale nécessaire pour ne pas couper court, mais ces efforts ne sont pas vains. Chaque titre offre son lot de récompenses, d'inattendu, ne serait-ce qu'au niveau du panel de sons proposés. Jamais entendu ailleurs.
Cela dit, il ne faut pas induire les acheteurs potentiels en erreur. Etant moi-même friand des travaux d'Aaron, j'ai quand même été particulièrement déstabilisé par la fureur technoïde du projet et ce bien qu'étant habitué aux musiques agressives. Tout n'est ici que distorsions extrêmes, bondage musical et terrorisme.
Et lorsqu'en guise de final, les deux groupes nous sortent une reprise du "Stairway to Heaven" rebaptisée "Halfwayup The Stairway Of Mucus", sorte de monstre hybride, mutant, nourri à l'indus et à la limaille de fer, on finit par craquer. Les oreilles en miettes, le cerveau s'écoulant par les cavités nasales, des hémorragies internes nous faisant chier du sang.
Projet fou mené par deux concasseurs, cet album est fait pour tous les amateurs de soirées hardcore. C'est brutal, raffiné dans le primal, rythmiquement inhumain et possédé jusqu'à la moelle d'un désir de faire réellement mal. Vraisemblablement, Making Orange Things passé à fond dans un lieu uniquement éclairé de stroboscopes et envahi par les fumigènes a toutes les chances de créer un phénomène d'hystérie collective pouvant s'achever en grande partouze cybernétique, en revanche, cela passe beaucoup moins bien comme musique de salon pour accompagner une lecture, un dîner ou du ménage sauf si : vous lisez du Norman Spinrad ou un auteur affilié à la génération cyber punk, vous mangez des champignons assaisonnés de LSD en compagnie d'une association de malades atteints du Parkinson, ou vous vous êtes mis en tête d'agrandir votre espace vital en brisant les cloisons à mains nues. Dans tous les autres cas, il sera dur de tenir le choc...
Très bon 16/20 | par Arno Vice |
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