Empalot
En Concert |
Label :
Gabriel Editions |
||||
Empalot sur CD, c'est déjà une grosse claque, mais les voir sur scène relève véritablement de l'expérience inoubliable.
À mi-chemin du concert et de la performance théâtrale, chacune des prestations, bien trop rares, de ce groupe, est l'occasion d'une nouvelle mise en scène. Un concert, un décor, des costumes, le tout à usage unique. Tantôt manga, univers mythologique, extra-terrestre, ambiance urbaine, j'ai encore un souvenir ému de leur prestation en ouverture de Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra au cours d'un festival en plein air dans les Landes et de la branlée qu'ils avaient infligée à ces derniers. Et partout, toujours, M. Dru, imperturbable dans son costard cravate impeccable, lisant son journal pendant que les fadas envoient la sauce.
Ce live, enregistré à Toulouse, est un témoignage parfait de ce que dégage le groupe sur scène : puissance, fantaisie, innovation et charisme, dans une atmosphère on ne peut plus chaleureuse. Il faut dire que ces mecs sont des légendes dans le Sud, et laissent partout où ils passent un souvenir excellent, de même qu'avec Gojira, et ce dès leur début lorsqu'ils jouaient dans des soirées organisées par des associations punks.
Présenté dans un package très sobre (pochette cartonnée comme un sampler de magasine), En Concert reprend les meilleurs moments de Tous Aux Cèpes tout en incorporant trois morceaux inédits.
Les festivités débutent avec un "Dru" excellent comme mise en bouche, bien que très fidèle à sa version originale, et s'enchaîne avec une minute de "conférence" où les sons d'outre espace dialoguent avec Stéphane, chanteur ahurissant tant sa présence scénique en impose. À mon sens, ce mec est un des tous meilleurs "frontman" en activité, hélas trop discret du fait de l'aspect secondaire de cette parenthèse gojiresque qu'est Empalot.
S'en suit le premier inédit : "The Pim Pam Show." Puissant et racé, ce morceau offre un break groovy et saccadé à souhait, où la syncope est reine. Les textes sont toujours aussi originaux et l'ensemble incroyablement en place, avec un passage en blast beat de dingue. Maintenant, Toulouse, déchausse-toi les dents.
"Muy bien", qui lui succède, est également tout beau tout nouveau. On pense à un Rage Against The Machine des grands jours, sirène et phrasé rap en avant, mais avec un côté festif plutôt que revendicatif, le saxo, toujours utilisé avec beaucoup d'à propos, étant pour beaucoup dans cette chaleur hautement communicative.
Le groupe déroule ses classiques avec élégance et entrain ("Mister Inconvénient", "Ua 2" repris en chœur par une foule conquise, "La Trappe De Especial" enchaînée avec le phénoménal "Pkk"), se permettant même de nouveaux arrangements plein de feeling et d'inspiration. On comprend bien que pour Empalot, la scène n'est pas anecdotique et que recracher les compositions à la lettre n'est pas l'objectif. Il faut surprendre le spectateur, le faire voyager le temps du spectacle, le faire rire et s'émouvoir.
Le troisième et dernier inédit, "Zaramapotato" est sans doute le titre le plus proche de Gojira. Les guitares sont tranchantes et étouffées, les riffs cycliques, jusqu'à la voix, surpuissante mais toujours audible et de grande qualité. Sans contexte, une des grandes réussites de ce groupe, qui y incorpore une rupture dont lui seul a le secret, avec onomatopées, rythmique écrasante et contre temps de rigueur. Bref, on prend sa déculottée et on la ferme parce que ces types ont le truc en plus qui les rend terriblement attachants et indispensables à la scène rock.
Je passe sur les quelques interludes qui animent ce concert d'anthologie, ils ne prennent leur véritable sens que dans leur dimension visuelle, toujours originale (pour avoir eu la chance de les voir plusieurs fois), surprenante et pourtant si fragile, le décor finissant généralement dans le public, conquis, le sourire figé sur des lèvres gourmandes en réclamant toujours plus.
Niveau concert, il y a définitivement un avant et un après Empalot. On a beau ne pas aimer les musiques trop brutales et faire une allergie à tout ce qui ressemble de près ou de loin au metal, si l'on a un tant soit peu l'âme artiste et un fond d'honnêteté, on ne pourra que reconnaître le caractère exceptionnel de ce groupe qui fait de chacune de ses apparitions un souvenir inoubliable.
Si jamais ils passent près de chez vous, ne faites surtout pas l'erreur de les ignorer, vous passeriez sans aucun doute à côté d'une soirée mémorable...
À mi-chemin du concert et de la performance théâtrale, chacune des prestations, bien trop rares, de ce groupe, est l'occasion d'une nouvelle mise en scène. Un concert, un décor, des costumes, le tout à usage unique. Tantôt manga, univers mythologique, extra-terrestre, ambiance urbaine, j'ai encore un souvenir ému de leur prestation en ouverture de Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra au cours d'un festival en plein air dans les Landes et de la branlée qu'ils avaient infligée à ces derniers. Et partout, toujours, M. Dru, imperturbable dans son costard cravate impeccable, lisant son journal pendant que les fadas envoient la sauce.
Ce live, enregistré à Toulouse, est un témoignage parfait de ce que dégage le groupe sur scène : puissance, fantaisie, innovation et charisme, dans une atmosphère on ne peut plus chaleureuse. Il faut dire que ces mecs sont des légendes dans le Sud, et laissent partout où ils passent un souvenir excellent, de même qu'avec Gojira, et ce dès leur début lorsqu'ils jouaient dans des soirées organisées par des associations punks.
Présenté dans un package très sobre (pochette cartonnée comme un sampler de magasine), En Concert reprend les meilleurs moments de Tous Aux Cèpes tout en incorporant trois morceaux inédits.
Les festivités débutent avec un "Dru" excellent comme mise en bouche, bien que très fidèle à sa version originale, et s'enchaîne avec une minute de "conférence" où les sons d'outre espace dialoguent avec Stéphane, chanteur ahurissant tant sa présence scénique en impose. À mon sens, ce mec est un des tous meilleurs "frontman" en activité, hélas trop discret du fait de l'aspect secondaire de cette parenthèse gojiresque qu'est Empalot.
S'en suit le premier inédit : "The Pim Pam Show." Puissant et racé, ce morceau offre un break groovy et saccadé à souhait, où la syncope est reine. Les textes sont toujours aussi originaux et l'ensemble incroyablement en place, avec un passage en blast beat de dingue. Maintenant, Toulouse, déchausse-toi les dents.
"Muy bien", qui lui succède, est également tout beau tout nouveau. On pense à un Rage Against The Machine des grands jours, sirène et phrasé rap en avant, mais avec un côté festif plutôt que revendicatif, le saxo, toujours utilisé avec beaucoup d'à propos, étant pour beaucoup dans cette chaleur hautement communicative.
Le groupe déroule ses classiques avec élégance et entrain ("Mister Inconvénient", "Ua 2" repris en chœur par une foule conquise, "La Trappe De Especial" enchaînée avec le phénoménal "Pkk"), se permettant même de nouveaux arrangements plein de feeling et d'inspiration. On comprend bien que pour Empalot, la scène n'est pas anecdotique et que recracher les compositions à la lettre n'est pas l'objectif. Il faut surprendre le spectateur, le faire voyager le temps du spectacle, le faire rire et s'émouvoir.
Le troisième et dernier inédit, "Zaramapotato" est sans doute le titre le plus proche de Gojira. Les guitares sont tranchantes et étouffées, les riffs cycliques, jusqu'à la voix, surpuissante mais toujours audible et de grande qualité. Sans contexte, une des grandes réussites de ce groupe, qui y incorpore une rupture dont lui seul a le secret, avec onomatopées, rythmique écrasante et contre temps de rigueur. Bref, on prend sa déculottée et on la ferme parce que ces types ont le truc en plus qui les rend terriblement attachants et indispensables à la scène rock.
Je passe sur les quelques interludes qui animent ce concert d'anthologie, ils ne prennent leur véritable sens que dans leur dimension visuelle, toujours originale (pour avoir eu la chance de les voir plusieurs fois), surprenante et pourtant si fragile, le décor finissant généralement dans le public, conquis, le sourire figé sur des lèvres gourmandes en réclamant toujours plus.
Niveau concert, il y a définitivement un avant et un après Empalot. On a beau ne pas aimer les musiques trop brutales et faire une allergie à tout ce qui ressemble de près ou de loin au metal, si l'on a un tant soit peu l'âme artiste et un fond d'honnêteté, on ne pourra que reconnaître le caractère exceptionnel de ce groupe qui fait de chacune de ses apparitions un souvenir inoubliable.
Si jamais ils passent près de chez vous, ne faites surtout pas l'erreur de les ignorer, vous passeriez sans aucun doute à côté d'une soirée mémorable...
Très bon 16/20 | par Arno Vice |
En ligne
387 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages