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Dernier maillon d'une discographie aussi courte que dense, Jane From Occupied Europe est un sacré client : décharné, bruitiste, c'est un radeau de la méduse musical, il y a quelque chose d'effrayant dans cet amoncellement de morceaux qui, malgré leur rythmiques nerveuses, ont tous l'air d'être à l'agonie.
La première écoute est déstabilisante, tout paraît confus, brouillon, et pourtant, vaille que vaille, prenant l'eau de tous les côtés, la machine avance, allant jusqu'à toucher des rivages périlleux et passionnants, s'aventurant dans les eaux troubles d'un post-punk mêlé d'indus.
Bien que riche et fouillé, le son est rugueux au possible, les mélodies, parfois magnifiques, sont déconstruites à dessein et enfouies sous des piles de linge sale. Malgré toutes ces dissonances et ces crissements qui pourraient laisser croire à une volonté de "sophistication tachiste", c'est un disque profondément punk, foutraque et sincère, craché d'une traite sans possibilité de se retourner. Occulté du post-punk par des trajectoires peut-être plus lisibles, Jane From Occupied Europe mérite un petit détour, il y a dans ce disque, à l'exemple du piano fragile de "A Raincoat's Room", des percées de lumière qui à elles seules en justifie l'écoute.