Pop Will Eat Itself

Pour ce premier album, Pop Will Eat Itself délaisse presque entièrement son orientation shoegazing qui caractérisait ses premiers disques. Le précédent maxi Love Missile F1-11 (titre qu'on retrouve ici) introduisait un chant un peu hip hop, c'est désormais ce style qui prévaut. Les trois premiers morceaux sont ainsi de purs titres de hip hop de fin des années 80, avec ce que ça implique comme gros beat old school et phrasé un peu daté. PWEI touche également à l'electro, donnant ainsi pas mal de boost aux morceaux, carrément dansants. Et si l'on peut regretter la noise pop des débuts, difficile de ne pas accrocher à ce revirement tant le groupe a conservé son énergie et sa bonne humeur ! "Beaver Patrol" et "Hit The Hi-Tech Groove" sont clairement les tubes de l'album, bourrés de samples aussi bien issus d'autres chansons que de la télévision. Le côté braillard rappelle les Beastie Boys, grosse influence du changement de style du groupe (et également victimes du sampling acharné !), tandis que les paroles baignent dans un mélange de débilité et d'éloge de l'adolescence (ce qui est probablement la même chose). Pas de panique cependant, PWEI n'a pas oublié ses racines et nous a gardé quelques petites douceurs pop (bien moins noisy qu'auparavant toutefois) avec "Evelyn" ou "Inside You". Et surtout, surtout, "There Is No Love Between Us Anymore", LE morceau de cet album, à mon avis LE morceau de Pop Will Eat Itself, une espèce de balade aux paroles minimalistes (tout est dit dans le titre) à la mélodie mélancolique et fatale, avec toujours ce côté entraînant. En bref, sans être exceptionnel, ce premier album est plus que très sympathique avec ses trois morceaux de folie et son ambiance toujours aussi festive. Le grebo est désormais ce mélange bizarre de pop/dance/hip hop, et PWEI en est le gourou incontesté !