Modified Toy Orchestra
Toygopop |
Label :
Warm Circuit |
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Si vous cherchez des sons originaux et crados, rien de mieux que le circuit-bending, cet art de court-circuiter les instruments électroniques de faible intensité. Dans les années 60, Reed Ghazala ne se doutait pas que ses inventions allaient faire des émules, et qu'il allait devenir le grand gourou. Ne nécessitant que de connaissances basiques en électronique, le circuit-bending est une approche vraiment ludique et régressive de la création musicale. Un tournevis, des petits câbles, un fer à souder, des potards à fixer éventuellement, et c'est parti pour faire cracher à un pauvre instrument à piles dégôté dans un vide-grenier ou une poubelle des sons désuets totalement hallucinants, impossibles à créer sur ordinateur, même avec les meilleurs instruments virtuels vintage. Le circuit-bending est une pratique qui fait à présent école, mais toujours pratiquée par une poignée d'aficionados éparpillés. La plupart du temps associé à la musique bruitiste, et donc à l'improvisation, rares sont les bidouilleurs qui se sont aventurés dans des choses plus mélodiques et structurées. Le Modified Toy Orchestra fait partie de ces derniers, et parvient à créer un excellent album d'électronica, totalement déviant, mais aussi souvent très poétique.
C'est le grand détournement... Brian Duffy et sa clique révèlent les potentialités cachées de célèbres instruments jouets, comme le mini-synthé Casio SA1, la Dictée Magique (un ordinateur éducatif conçu dans les années 80, distiné à apprendre des mots aux enfants), le Playskool Saxophone, ou bien sûr la Hula Barbie, la Barbie parlante immortalisée sur la pochette, affublée d'antennes ressemblant à des seringues (il s'agit en fait de boutons pour contrôler sa voix...). Et ce n'est qu'un échantillon! " A Grand Occasion " démarre le disque en fanfare : mélodie niaise et accrocheuse, rythme roboratif saupoudré de " lalala " de bébé et de " meeuhh ", décalages à tous les étages, on est morts de rire. Mais à partir de " Had a Farm ", qui suit cette intro cinglée, on se rend compte que Toygopop est bien plus qu'une poilade régressive : ce morceau est un petit ovni qui évoque les productions ambient de chez Warp, avec un beat indescriptible : speed, simpliste, à la fois minuscule et saturé à mort. De beaux accords nébuleux en contrepoint viennent placer l'auditeur au milieu d'un univers doux et lugubre, du genre "les Playmobils morts sortent de leur tombe pour foutre le bordel". Tout au long du disque, les sons sont uniques et délicieusement foireux... C'est comme si vous assistiez à la métamorphose de votre vieux synthé à 3 tons (celui qu'on vous avait offert à Noël quand vous aviez trois ans), en vaillant explorateur sous les mains pourtant expertes de chirugiens ratés. On peut passer de jolie dérive électro-pop, très paisible (" Monkey Hands "), à du génial n'importe quoi (le dingo " Caramel Accident "), pour s'arrêter dans des contrées plus sombres et oppressantes (" This is the Monkey ", sorte de hip-hop saturé et malade). Des machines pourries, grâce à leur nouvelle intelligence, se promènent gaiement dans l'histoire de la musique électronique : beaucoup de clins d'oeil (Kraftwerk, Warp, Tex Avery...), mais en même temps un résultat qui ne ressemble bien sûr à rien d'autre. Ce qui est certain, c'est que pour un premier album, les anglais accomplissent un petit tour de force : celui de construire un véritable disque, assez cohérent, drôle et original. A certains instants du disque, qui dure seulement 38 minutes, leur musique se fait plus bruitiste, et plus hasardeuse, c'est dans ces moments que la magie opère moins. Le groupe est à son meilleur quand il développe un beau motif rythmique ou une belle mélodie, car c'est là que la suprise survient : on découvre alors qu'on peut construire des morceaux assez ambitieux avec exclusivement des instruments jouets. Il s'agit d'un premier album, reste plus qu'à espérer que le concept soit exploité à fond.
Petites réserves de côté, profitons de l'aspect touchant et pas si boîteux que ça de ces pièces bricolées, et regardons l'essentiel : le quintet nous montre, à l'heure où les concepteurs d'équipement home-studio se livrent à une concurrence sans merci à qui inventera la machine la moins chère et la plus sophistiquée, que toutes ces évolutions ne sont pas forcément indispensables, et qu'on peut composer un morceau autrement. Un peu comme Domotic qui construit un album d'électro ciselée à partir d'un vieux synthé Yamaha bas de gamme (Bye Bye), le Modified Toy Orchestra place sur un autel une Barbie modifiée, parmi tant d'autres objets bizarres. Imaginez le résultat...
C'est le grand détournement... Brian Duffy et sa clique révèlent les potentialités cachées de célèbres instruments jouets, comme le mini-synthé Casio SA1, la Dictée Magique (un ordinateur éducatif conçu dans les années 80, distiné à apprendre des mots aux enfants), le Playskool Saxophone, ou bien sûr la Hula Barbie, la Barbie parlante immortalisée sur la pochette, affublée d'antennes ressemblant à des seringues (il s'agit en fait de boutons pour contrôler sa voix...). Et ce n'est qu'un échantillon! " A Grand Occasion " démarre le disque en fanfare : mélodie niaise et accrocheuse, rythme roboratif saupoudré de " lalala " de bébé et de " meeuhh ", décalages à tous les étages, on est morts de rire. Mais à partir de " Had a Farm ", qui suit cette intro cinglée, on se rend compte que Toygopop est bien plus qu'une poilade régressive : ce morceau est un petit ovni qui évoque les productions ambient de chez Warp, avec un beat indescriptible : speed, simpliste, à la fois minuscule et saturé à mort. De beaux accords nébuleux en contrepoint viennent placer l'auditeur au milieu d'un univers doux et lugubre, du genre "les Playmobils morts sortent de leur tombe pour foutre le bordel". Tout au long du disque, les sons sont uniques et délicieusement foireux... C'est comme si vous assistiez à la métamorphose de votre vieux synthé à 3 tons (celui qu'on vous avait offert à Noël quand vous aviez trois ans), en vaillant explorateur sous les mains pourtant expertes de chirugiens ratés. On peut passer de jolie dérive électro-pop, très paisible (" Monkey Hands "), à du génial n'importe quoi (le dingo " Caramel Accident "), pour s'arrêter dans des contrées plus sombres et oppressantes (" This is the Monkey ", sorte de hip-hop saturé et malade). Des machines pourries, grâce à leur nouvelle intelligence, se promènent gaiement dans l'histoire de la musique électronique : beaucoup de clins d'oeil (Kraftwerk, Warp, Tex Avery...), mais en même temps un résultat qui ne ressemble bien sûr à rien d'autre. Ce qui est certain, c'est que pour un premier album, les anglais accomplissent un petit tour de force : celui de construire un véritable disque, assez cohérent, drôle et original. A certains instants du disque, qui dure seulement 38 minutes, leur musique se fait plus bruitiste, et plus hasardeuse, c'est dans ces moments que la magie opère moins. Le groupe est à son meilleur quand il développe un beau motif rythmique ou une belle mélodie, car c'est là que la suprise survient : on découvre alors qu'on peut construire des morceaux assez ambitieux avec exclusivement des instruments jouets. Il s'agit d'un premier album, reste plus qu'à espérer que le concept soit exploité à fond.
Petites réserves de côté, profitons de l'aspect touchant et pas si boîteux que ça de ces pièces bricolées, et regardons l'essentiel : le quintet nous montre, à l'heure où les concepteurs d'équipement home-studio se livrent à une concurrence sans merci à qui inventera la machine la moins chère et la plus sophistiquée, que toutes ces évolutions ne sont pas forcément indispensables, et qu'on peut composer un morceau autrement. Un peu comme Domotic qui construit un album d'électro ciselée à partir d'un vieux synthé Yamaha bas de gamme (Bye Bye), le Modified Toy Orchestra place sur un autel une Barbie modifiée, parmi tant d'autres objets bizarres. Imaginez le résultat...
Très bon 16/20 | par Sam lowry |
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