Shugo Tokumaru
Night Piece |
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J'imagine bien Night Piece sorti d'un transistor crachotant, posé entre les fougères d'une forêt, la nuit. Grillons en toile de fond, un petit ukulélé nonchalant introduit cette petite ode aux mystères de l'ombre, qui devient entre les doigts d'un jeune bricoleur japonais un petit cocon rassurant et intime. La pénombre est souvent source de peurs, alors qu'il suffit parfois de trois petits instruments qui font des bruits pour nous rappeler ce que nos esprits étroits peuvent oublier : le noir peut aussi prendre de textures patinées, de soie ou de velours.
Dix tendres miniatures, étranges, anachroniques et élégantes, constituent le songe nocturne du jeune Shugo, alors à son premier album. Un album résultant d'une petite poignée de nuits d'expérimentations hasardeuses, qui, mises bout à bout, prennent un tour pénétrant, dont le chant en japonais, assez extraterrestre pour nous, doit être en partie responsable. Le disque dure seulement 25 minutes et je ne sens aucune sensation de bâclage, ni une seconde en moins. Si un bon docteur prescrit Night Piece plutôt qu'un grossier cacheton new-age, c'est qu'il devrait suffire à calmer le stress d'une nuit d'insomnie. Ukulélé, pipeau, piano-jouet, quelques petits guitares acoustiques, grenouilles, craquements de vinyle, frôlements et bruissements, voix sensible et murmurée placée en retrait, le disque est dénudé jusqu'à l'os, mais si le souffle de vent qui traverse la berceuse "Switch" provoque un frisson, c'est que ce souffle est la douce et chaude respiration de l'air, naturelle et intouchable. Rien ne vient surligner les notes, Shugo Tokamaru préfère les laisser exposées aux songes, laisser respirer leur formidable pouvoir évocateur. Pour ma part, si elles trouvent quelque part dans ma mémoire un écho magique, c'est celui de ces quelques minutes rares où alors qu'à deux ou trois, nous nous étions éloignés d'un sombre sentier pour trouver la lumière de la lune, nous en découvrions une autre : tout autour de nous, une multitude de petites lumières vertes clignotaient, grouillaient, voletaient. La forêt était littéralement infestée de lucioles. Shugo aurait pu apparaître assis devant nos yeux stupéfaits avec ses vieux jouets rouillés, et nous lancer : "ce que vous voyez me semble tout à fait normal", avant de se lancer dans son anachronique "Paparazzi", ce jazz manouche aux sursauts de guitare étranges, comme si une des lucioles s'était soudain prise pour Sanguku.
Pas besoin d'attendre un disque "abouti" est "bien produit", avec Shugo, un petit disque bricolé devient déjà un véritable trésor.
Dix tendres miniatures, étranges, anachroniques et élégantes, constituent le songe nocturne du jeune Shugo, alors à son premier album. Un album résultant d'une petite poignée de nuits d'expérimentations hasardeuses, qui, mises bout à bout, prennent un tour pénétrant, dont le chant en japonais, assez extraterrestre pour nous, doit être en partie responsable. Le disque dure seulement 25 minutes et je ne sens aucune sensation de bâclage, ni une seconde en moins. Si un bon docteur prescrit Night Piece plutôt qu'un grossier cacheton new-age, c'est qu'il devrait suffire à calmer le stress d'une nuit d'insomnie. Ukulélé, pipeau, piano-jouet, quelques petits guitares acoustiques, grenouilles, craquements de vinyle, frôlements et bruissements, voix sensible et murmurée placée en retrait, le disque est dénudé jusqu'à l'os, mais si le souffle de vent qui traverse la berceuse "Switch" provoque un frisson, c'est que ce souffle est la douce et chaude respiration de l'air, naturelle et intouchable. Rien ne vient surligner les notes, Shugo Tokamaru préfère les laisser exposées aux songes, laisser respirer leur formidable pouvoir évocateur. Pour ma part, si elles trouvent quelque part dans ma mémoire un écho magique, c'est celui de ces quelques minutes rares où alors qu'à deux ou trois, nous nous étions éloignés d'un sombre sentier pour trouver la lumière de la lune, nous en découvrions une autre : tout autour de nous, une multitude de petites lumières vertes clignotaient, grouillaient, voletaient. La forêt était littéralement infestée de lucioles. Shugo aurait pu apparaître assis devant nos yeux stupéfaits avec ses vieux jouets rouillés, et nous lancer : "ce que vous voyez me semble tout à fait normal", avant de se lancer dans son anachronique "Paparazzi", ce jazz manouche aux sursauts de guitare étranges, comme si une des lucioles s'était soudain prise pour Sanguku.
Pas besoin d'attendre un disque "abouti" est "bien produit", avec Shugo, un petit disque bricolé devient déjà un véritable trésor.
Parfait 17/20 | par Sam lowry |
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