Pulseprogramming
Tulsa For One Second |
Label :
Aesthetics |
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Et moi qui pensais que les meilleurs artistes de douce électro-pop provenaient d'Allemagne et gravitaient autour de The Notwist! En effet, peu de projets américains sont parvenus à rester dans ma mémoire autant que Neon Golden ou Far Away Trains Passing By d'Ulrich Schnauss. Mais il existe quelques disques outre-atlantique (difficiles à dénicher!) qui soutiennent la comparaison avec ceux de leurs ainés de Morr Music, et ce Tulsa For One Second fait incontestablement partie de ceux-là.
Joel Kriske et Marc Hellner s'éloignent donc de l'électronica abstraite de leur premier album pour venir nous offrir un album relativement plus accessible. Il ne s'agit pas encore véritablement de chansons, mais d'une collection de ritournelles pop très fragiles aux beats malicieux, pleins de petits bleeps saupoudrées par deux voix détachées qui n'égrènent que quelques mots de temps en temps, celle d'Hellner me faisant penser à un David Gilmour sous morphine, et celle de Lindsay Anderson échappée de L'Altra, ici très sobre, bien loin des vocalises " soul en toc " de sa collaboration avec Telefon Tel Aviv. Ces derniers se sont à mon avis plantés à courir après les formats pop après un premier album de pure électronica magnifique (pardon mais l'apport des voix m'a toujours semblé quasi-inutile dans les productions du regretté duo de la Nouvelle-Orléans). Pulseprogramming ne tombe pas dans l'écueil de la surproduction ou de la facilité mélodique, et la voix de Lindsay, bien entourée, non plus. A force de jouer avec l'espace sonore pour le rétrécir encore et toujours plus, la musique de Pulseprogramming devient même souvent poignante.
Quelques sombres constructions ambiant s'alternent avec des morceaux plus pêchus de house enbryonnaire ou de pop modèle réduit, où sourd toujours une pointe de déprime. Moi qui déteste généralement l'effet de l'ignoble vocoder dans des productions autres que celles de Kraftwerk, le premier morceau, " Blooms Eventually ", porte la marque d'une sensibilité peu commune qui rend l'emploi de la machine pour une fois judicieux. Une musique absolument rêveuse, me plaçant dans une chrysalide de beats sautillants, un petit rêve monochrome. La voix pourrait venir d'un robot qui chercherait maladroitement à imiter la tendresse d'un humain amoureux.
C'est dans ses morceaux plus purement électroniques et dépourvus de voix que le duo me charme le moins, mais il possède au moins le mérite de préparer ses attaques : après une composition très proche de l'atmosphère zen du premier Telefon Tel Aviv, " Off To Do Snowery Snapshot " déroule un tapis hip-hop puissant contrebalancé par une mélodie aérienne et désabusée. Le morceau avance comme avancerait un ange survolant une ville bombardée. Probablement mon gros coup de coeur de l'album.
Les textures sonores très travaillées n'enlèvent rien à l'impression d'écouter un travail d'ascèses qui se sont concentrés sur l'essentiel. Parfois discrètement enjoué, frôlant parfois le plombant, le duo ne lâche jamais son parti-pris minimal, à la luxuriance effacée mais présente. La sensation que j'éprouve sur le dernier titre, " Bless the Drastic Space ", est assez similaire à celle ressentie à l'écoute de " Idiotheque " de Radiohead : même désespoir dansant, même fuite en avant contrariée, mêmes tiraillements. Une petite piste cachée vient ensuite construire un cocon de grouillements de boîtes à musique. Tulsa For One Second me touche car derrière son univers-bulle et apparemment rassurant, peine à se dissimuler une certaine noirceur, assez proche en fin de compte de Lali Puna.
Si l'ombre de Telefon Tel Aviv plane entre les beats, ce n'est pas étonnant, c'est Charlie Cooper lui-même qui s'occupe du mixage de cet album. J'en profite au passage pour faire un clin d'oeil à ce passionné disparu en janvier 2009, bien trop tôt...
Joel Kriske et Marc Hellner s'éloignent donc de l'électronica abstraite de leur premier album pour venir nous offrir un album relativement plus accessible. Il ne s'agit pas encore véritablement de chansons, mais d'une collection de ritournelles pop très fragiles aux beats malicieux, pleins de petits bleeps saupoudrées par deux voix détachées qui n'égrènent que quelques mots de temps en temps, celle d'Hellner me faisant penser à un David Gilmour sous morphine, et celle de Lindsay Anderson échappée de L'Altra, ici très sobre, bien loin des vocalises " soul en toc " de sa collaboration avec Telefon Tel Aviv. Ces derniers se sont à mon avis plantés à courir après les formats pop après un premier album de pure électronica magnifique (pardon mais l'apport des voix m'a toujours semblé quasi-inutile dans les productions du regretté duo de la Nouvelle-Orléans). Pulseprogramming ne tombe pas dans l'écueil de la surproduction ou de la facilité mélodique, et la voix de Lindsay, bien entourée, non plus. A force de jouer avec l'espace sonore pour le rétrécir encore et toujours plus, la musique de Pulseprogramming devient même souvent poignante.
Quelques sombres constructions ambiant s'alternent avec des morceaux plus pêchus de house enbryonnaire ou de pop modèle réduit, où sourd toujours une pointe de déprime. Moi qui déteste généralement l'effet de l'ignoble vocoder dans des productions autres que celles de Kraftwerk, le premier morceau, " Blooms Eventually ", porte la marque d'une sensibilité peu commune qui rend l'emploi de la machine pour une fois judicieux. Une musique absolument rêveuse, me plaçant dans une chrysalide de beats sautillants, un petit rêve monochrome. La voix pourrait venir d'un robot qui chercherait maladroitement à imiter la tendresse d'un humain amoureux.
C'est dans ses morceaux plus purement électroniques et dépourvus de voix que le duo me charme le moins, mais il possède au moins le mérite de préparer ses attaques : après une composition très proche de l'atmosphère zen du premier Telefon Tel Aviv, " Off To Do Snowery Snapshot " déroule un tapis hip-hop puissant contrebalancé par une mélodie aérienne et désabusée. Le morceau avance comme avancerait un ange survolant une ville bombardée. Probablement mon gros coup de coeur de l'album.
Les textures sonores très travaillées n'enlèvent rien à l'impression d'écouter un travail d'ascèses qui se sont concentrés sur l'essentiel. Parfois discrètement enjoué, frôlant parfois le plombant, le duo ne lâche jamais son parti-pris minimal, à la luxuriance effacée mais présente. La sensation que j'éprouve sur le dernier titre, " Bless the Drastic Space ", est assez similaire à celle ressentie à l'écoute de " Idiotheque " de Radiohead : même désespoir dansant, même fuite en avant contrariée, mêmes tiraillements. Une petite piste cachée vient ensuite construire un cocon de grouillements de boîtes à musique. Tulsa For One Second me touche car derrière son univers-bulle et apparemment rassurant, peine à se dissimuler une certaine noirceur, assez proche en fin de compte de Lali Puna.
Si l'ombre de Telefon Tel Aviv plane entre les beats, ce n'est pas étonnant, c'est Charlie Cooper lui-même qui s'occupe du mixage de cet album. J'en profite au passage pour faire un clin d'oeil à ce passionné disparu en janvier 2009, bien trop tôt...
Très bon 16/20 | par Sam lowry |
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