Martin Rev
See Me Ridin' |
Label :
ROIR |
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Parfois après s'être pris un coup sur la tête on sourit d'extase, la mine en cake et les lèvres en banane. La matière cérébrale a tonné, un point de vue efface l'ancien dans un tonnerre, et la tête, rentrée dans les épaules, au chaud, comme les oiseaux, le crâne plein de cloches qui ding dong ding: "J'aime la fraise, surtout quand c'est pour rire..."
C'est avec une trogne de joyeuse autruche que Martin Rev a traversé la frontière belge en compagnie de son acolyte aux grosses couilles: le bien nommé Alan Vega. Les douaniers belges ont flairé le coup: "ils sont raides c'est clair". Ils ont demandé à Martin Rev d'ouvrir sa valise croyant gagner leur journée. L'autre l'a fait avec banane et les belges ont dû s'essuyer les yeux à plusieurs reprises avant de signaler ce qu'ils voyaient sous leurs nez. La moitié de la valise était occupée par des dizaines de lunettes de ski toute plus hip les unes que les autres (au cas où sans doute). Le reste servait à entreposer toutes sortes de boites de vitamines tout à fait légales. Pas un slip ni une brosse à dent. Voilà le kit de survie de Martin Rev: des lunettes et des vitamines. Ca devait sonner sur les talkies walkies! De la folie inoffensive, celle d'un enfant peut-être, pas celle d'un jeu en tout cas, car tout le monde sait que Suicide n'avait rien d'un jeux d'enfant. Mais allez visualiser ce que Rev a dans le ciboulot à ce moment là...
C'était en 77 et le Martin, a priori, est toujours sonné aujourd'hui (de naissance peut-être). Avec une assurance désarmante, il nous a pondu sur une galette de polycarbonate le disque impossible, 15 ans plus loin.
Impossible? Si ce n'est pour un esprit tout à fait ahuri, à jamais perché haut dans des mirages cérébraux de fée clochette comme celui de Rev.
Douze chansons sucrées imitation fifties aux orchestrations cheap de synthés bon marchés et aux paroles d'une naïveté cholesterol, voilà le contenu. Rev, d'une voix malicieuse, toujours au bord d'un rire secret, cligne du verre sur des chansons d'amour, à l'eau de loukoum, truffées de saxos digitaux à la respiration midi. On ose y croire tant le décalage est fort. Un cocktail qui serait resté intact dans un placard depuis les fifties... La tranche de citron en prime. Ca doit avoir un mauvais goût mais ce cocktail tient tout de même du miracle! Alors on le regarde.
Aujourd'hui j'ai le sentiment d'avoir un morceau d'ovni dans mon étagère...
Si l'on prend le présupposé que le réel est soumis à des lois, que ce qui arrive est calculé, du moins entre en concordance avec une grande équation, reste à savoir quel rôle un tel objet peut jouer dans la table de multiplication divine. Rev ne doit pas se poser ce genre de question...
Ce qui sonne après quelques écoutes est l'incroyable décalage mais aussi la solitude du délire. Seul un homme dans une tour a pu soutenir un tel projet. Ou bien, peut-être que la valise belge peut revenir nous en dire plus. Car, à bien y réfléchir, ses dizaines de verres fumés montés sur du plastique flashy, et tout ses boites de vitamines, doivent bien provoquer une alchimie secrète derrière le crâne de Rev. C'est celle là même qui le pousse à créer tout en absorbant le réel, mais sous un angle si fou, si peu commun, qu'il nous montre des étoiles que l'on ne voyait jusque là.
Cet album est un joyau. N'est pas naïf qui veut. Picasso est bien tombé sur le cul en découvrant le Douanier Rousseau...
C'est avec une trogne de joyeuse autruche que Martin Rev a traversé la frontière belge en compagnie de son acolyte aux grosses couilles: le bien nommé Alan Vega. Les douaniers belges ont flairé le coup: "ils sont raides c'est clair". Ils ont demandé à Martin Rev d'ouvrir sa valise croyant gagner leur journée. L'autre l'a fait avec banane et les belges ont dû s'essuyer les yeux à plusieurs reprises avant de signaler ce qu'ils voyaient sous leurs nez. La moitié de la valise était occupée par des dizaines de lunettes de ski toute plus hip les unes que les autres (au cas où sans doute). Le reste servait à entreposer toutes sortes de boites de vitamines tout à fait légales. Pas un slip ni une brosse à dent. Voilà le kit de survie de Martin Rev: des lunettes et des vitamines. Ca devait sonner sur les talkies walkies! De la folie inoffensive, celle d'un enfant peut-être, pas celle d'un jeu en tout cas, car tout le monde sait que Suicide n'avait rien d'un jeux d'enfant. Mais allez visualiser ce que Rev a dans le ciboulot à ce moment là...
C'était en 77 et le Martin, a priori, est toujours sonné aujourd'hui (de naissance peut-être). Avec une assurance désarmante, il nous a pondu sur une galette de polycarbonate le disque impossible, 15 ans plus loin.
Impossible? Si ce n'est pour un esprit tout à fait ahuri, à jamais perché haut dans des mirages cérébraux de fée clochette comme celui de Rev.
Douze chansons sucrées imitation fifties aux orchestrations cheap de synthés bon marchés et aux paroles d'une naïveté cholesterol, voilà le contenu. Rev, d'une voix malicieuse, toujours au bord d'un rire secret, cligne du verre sur des chansons d'amour, à l'eau de loukoum, truffées de saxos digitaux à la respiration midi. On ose y croire tant le décalage est fort. Un cocktail qui serait resté intact dans un placard depuis les fifties... La tranche de citron en prime. Ca doit avoir un mauvais goût mais ce cocktail tient tout de même du miracle! Alors on le regarde.
Aujourd'hui j'ai le sentiment d'avoir un morceau d'ovni dans mon étagère...
Si l'on prend le présupposé que le réel est soumis à des lois, que ce qui arrive est calculé, du moins entre en concordance avec une grande équation, reste à savoir quel rôle un tel objet peut jouer dans la table de multiplication divine. Rev ne doit pas se poser ce genre de question...
Ce qui sonne après quelques écoutes est l'incroyable décalage mais aussi la solitude du délire. Seul un homme dans une tour a pu soutenir un tel projet. Ou bien, peut-être que la valise belge peut revenir nous en dire plus. Car, à bien y réfléchir, ses dizaines de verres fumés montés sur du plastique flashy, et tout ses boites de vitamines, doivent bien provoquer une alchimie secrète derrière le crâne de Rev. C'est celle là même qui le pousse à créer tout en absorbant le réel, mais sous un angle si fou, si peu commun, qu'il nous montre des étoiles que l'on ne voyait jusque là.
Cet album est un joyau. N'est pas naïf qui veut. Picasso est bien tombé sur le cul en découvrant le Douanier Rousseau...
Parfait 17/20 | par Toitouvrant |
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