Apparat
Walls |
Label :
Shitkatapult |
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Ceux qui préfèrent le versant pop et expérimental d'Apparat, développé sur Silizium deux ans auparavant, ont dû craindre un véritable abrutissement de l'artiste devant les dance-floor avec deux production désagréablement régressives, son horrible Berlin, Montreal, Tel Aviv et le pas joli joli album de techno avec Ellen Allien. Mais vu la beauté de ce disque, on peut lui pardonner : c'est comme si il ne s'était rien passé. Walls n'est autre que la suite de Silizium, et son accomplissement, même si cet accomplissement présente des limites.
Ne connaissant absolument pas l'artiste lors de la découverte de cet album il y a quelques mois (j'ai rebroussé chemin dans la discographie depuis), je me suis retrouvé littéralement sur le cul lors de la première écoute. L'une des choses que je recherche dans la musique depuis longtemps était là, sur cette galette colorée, accomplie de manière brillante : un équilibre, souvent difficile à trouver sans vaciller, entre l'aspect expérimental de l'electro héritée du label Warp (Aphex Twin) et la pop la plus accrocheuse, utilisant des ficelles qu'un TRES grand public connaît.
Le disque est donc constitué de chansons accessibles et pourtant très audacieuses en apparence, qui vont se révéler pour la plupart impossibles à se sortir de la tête après écoute. Il y a quelque chose qui rapelle Björk, dans cette volonté de faire se rencontrer le populaire, la nature et la technologie...
La moitié du disque est constituée d'instrumentaux. Et quand il s'agit d'instrumentaux, Sasha Ring vise la structure et la mélodie simple, en sublimant tout ça part un travail de production très fouillé (au passage merci à Joshua Eustis de Telefon Tel Aviv, qui s'est occupé du mixage). De grandioses envolées de violons se lézardent de saturations électroniques, les machines crachent, une kalimba rêvasse et l'esprit vacille.
La froideur de l'électro germanique sert de socle pour laisser pousser son exact opposé, nappes apaisées et apaisantes, voix pures, piano errant ou violon épris de grands espaces. Prenons l'instrumental " Fractales ". Ces deux morceaux imbriqués l'un dans l'autres m'évoquent la naissance et la mort d'un paysage naturel rayonnant et cybernétique. Cette sensation d'évoluer au centre d'une nature artificielle et assez fascinante reste présente dans tout le disque, du fait de la manière toute personnelle que possède Sasha Ring de mêler élements organiques et électroniques, chose aujourd'hui assez banale en fin de compte.
Par la finesse et la redoutable efficacité de ses compositions, Apparat sort du lot. A ses côté se trouve un atout majeur en la personne de Raz Ohara. Ce chanteur folk-soul au groove étrange, presque autant porté sur les mouvements de sa respiration entre ses mots que par sa voix elle-même, insuffle à " Hailin From the Edge " ou à " Holdon " un groove proche du génie. Et lorsqu'un Apparat se met à chanter, c'est pour mieux cotoyer les cimes immaculées qu'on pû explorer à leur manière les islandais de Sigur Ros ("Arcadia"). Dans la dernière partie du disque, Apparat laisse définitivement tomber ses origines electro-pop-ambiant pour inviter un vrai batteur, et se rapproche alors d'un shoegazing frénétique, tourbillonant et véritablement émouvant (" Headup "). Le disque se clôture par un court morceau caché, qui vient confirmer le fait qu'un morceau caché ne sert à rien et n'est même plus surprenant aujourd'hui à mon sens.
Voilà ce que je pense au départ. Mais Walls est de ces albums qui ne vivent pas bien sur la durée. L'album possède bien sûr quelques défauts qui émergent bien après coup, et pas des moindres. Quelques effets sonores un peu clinquants et faciles, sur les beats notamment, et trop peu de passages franchement expérimentaux. La production est irréprochable et on peut y ressentir un manque de naturel, d'aléatoire, tout est trop mesuré, compressé. Et puis, il y a les vidéos de "Holdon", "Fractacles" et le beau à pleurer "You Don't Know Me" qui donnent sérieusement l'impression de s'être fait arnaquer. Des images de sports extrêmes comme le ski de fond (!!!), images de synthèse hypra-léchées (la ville du futur) et sans vie ou clip vaguement provoc', mélange de "Bienvenue à Gattaca" et publicité pour bagnole de luxe. Immonde. Apparat semble mettre au même niveau expérimentations sonores intéressantes (mais soumises au format pop) et tape-à-l'oeil visuel conventionnel, même si bien sûr il n'est pas le réalisateur des clips. Ce genre de vidéos est censé illustrer l'univers de l'artiste, et je ne me doutais pas qu'on puisse l'associer à l'univers de la pub. D'où l'impression de m'être fait rouler.
Quoi qu'il en soit, Walls est exactement le genre de disque qui peut donner envie à un public enclin à un musique très formatée d'écouter des choses plus exigeantes, chose qui a dû déjà se produire chez certains tant le disque a fait parler de lui (pour une production indépendante j'entends).
Pour sa classe et son utilité publique, ma note sera tendre tout de même.
Ne connaissant absolument pas l'artiste lors de la découverte de cet album il y a quelques mois (j'ai rebroussé chemin dans la discographie depuis), je me suis retrouvé littéralement sur le cul lors de la première écoute. L'une des choses que je recherche dans la musique depuis longtemps était là, sur cette galette colorée, accomplie de manière brillante : un équilibre, souvent difficile à trouver sans vaciller, entre l'aspect expérimental de l'electro héritée du label Warp (Aphex Twin) et la pop la plus accrocheuse, utilisant des ficelles qu'un TRES grand public connaît.
Le disque est donc constitué de chansons accessibles et pourtant très audacieuses en apparence, qui vont se révéler pour la plupart impossibles à se sortir de la tête après écoute. Il y a quelque chose qui rapelle Björk, dans cette volonté de faire se rencontrer le populaire, la nature et la technologie...
La moitié du disque est constituée d'instrumentaux. Et quand il s'agit d'instrumentaux, Sasha Ring vise la structure et la mélodie simple, en sublimant tout ça part un travail de production très fouillé (au passage merci à Joshua Eustis de Telefon Tel Aviv, qui s'est occupé du mixage). De grandioses envolées de violons se lézardent de saturations électroniques, les machines crachent, une kalimba rêvasse et l'esprit vacille.
La froideur de l'électro germanique sert de socle pour laisser pousser son exact opposé, nappes apaisées et apaisantes, voix pures, piano errant ou violon épris de grands espaces. Prenons l'instrumental " Fractales ". Ces deux morceaux imbriqués l'un dans l'autres m'évoquent la naissance et la mort d'un paysage naturel rayonnant et cybernétique. Cette sensation d'évoluer au centre d'une nature artificielle et assez fascinante reste présente dans tout le disque, du fait de la manière toute personnelle que possède Sasha Ring de mêler élements organiques et électroniques, chose aujourd'hui assez banale en fin de compte.
Par la finesse et la redoutable efficacité de ses compositions, Apparat sort du lot. A ses côté se trouve un atout majeur en la personne de Raz Ohara. Ce chanteur folk-soul au groove étrange, presque autant porté sur les mouvements de sa respiration entre ses mots que par sa voix elle-même, insuffle à " Hailin From the Edge " ou à " Holdon " un groove proche du génie. Et lorsqu'un Apparat se met à chanter, c'est pour mieux cotoyer les cimes immaculées qu'on pû explorer à leur manière les islandais de Sigur Ros ("Arcadia"). Dans la dernière partie du disque, Apparat laisse définitivement tomber ses origines electro-pop-ambiant pour inviter un vrai batteur, et se rapproche alors d'un shoegazing frénétique, tourbillonant et véritablement émouvant (" Headup "). Le disque se clôture par un court morceau caché, qui vient confirmer le fait qu'un morceau caché ne sert à rien et n'est même plus surprenant aujourd'hui à mon sens.
Voilà ce que je pense au départ. Mais Walls est de ces albums qui ne vivent pas bien sur la durée. L'album possède bien sûr quelques défauts qui émergent bien après coup, et pas des moindres. Quelques effets sonores un peu clinquants et faciles, sur les beats notamment, et trop peu de passages franchement expérimentaux. La production est irréprochable et on peut y ressentir un manque de naturel, d'aléatoire, tout est trop mesuré, compressé. Et puis, il y a les vidéos de "Holdon", "Fractacles" et le beau à pleurer "You Don't Know Me" qui donnent sérieusement l'impression de s'être fait arnaquer. Des images de sports extrêmes comme le ski de fond (!!!), images de synthèse hypra-léchées (la ville du futur) et sans vie ou clip vaguement provoc', mélange de "Bienvenue à Gattaca" et publicité pour bagnole de luxe. Immonde. Apparat semble mettre au même niveau expérimentations sonores intéressantes (mais soumises au format pop) et tape-à-l'oeil visuel conventionnel, même si bien sûr il n'est pas le réalisateur des clips. Ce genre de vidéos est censé illustrer l'univers de l'artiste, et je ne me doutais pas qu'on puisse l'associer à l'univers de la pub. D'où l'impression de m'être fait rouler.
Quoi qu'il en soit, Walls est exactement le genre de disque qui peut donner envie à un public enclin à un musique très formatée d'écouter des choses plus exigeantes, chose qui a dû déjà se produire chez certains tant le disque a fait parler de lui (pour une production indépendante j'entends).
Pour sa classe et son utilité publique, ma note sera tendre tout de même.
Très bon 16/20 | par Sam lowry |
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