Pink Martini

Sympathique... Doux euphémisme... Le souvenir d'un passage éclair estival du coté d'un Trocadéro encore animé par une poignée d'enfants insouciants, pour un disque qui semble revenir de loin. Les présentations se font toujours très vite et très proprement avec ce genre de galette : un artwork sibyllin pour un son réellement intemporel, quoi de plus naturel. En remettant au goût du jour en fin de siècle dernier tout un genre musical enterré au mausolée de la world music, Pink Martini se donne l'ambition dès son tout premier opus de devenir bien plus qu'un simple groupe de qualité. C'est l'image d'une icône aux compositions incontournables qui s'impose dès les premiers mois de sa sortie, celle d'une curiosité, d'un phénomène exotique rétro à la portée de n'importe quel ignare. Construit sur des fondations jazz on ne peut plus classiques (contrebasse, trompette, piano etc...), Sympathique se résume à de fins collages d'influences de musiques du monde aussi diverses qu'incongrues, mais toujours très fougueuses et brûlantes. Une automutilation de genres en vue d'une restructuration bien inédite, relevant quelques remises à jours absolument transcendantes, et je pèse mes mots. Introduits par quelques chants de diva inoubliables, nous voilà oreilles et sens enivrés le temps d'une petite heure par de brillants et chaleureux déluges de piano, de subtils basses passionnées accompagnées de couplets toujours très sensuels. Une musique à faire flirter les esprits avec les sentiments d'un explorateur en quête de nouvelles aventures, avec l'émotion d'un Indiana Jones épris du bonheur d'avoir déniché là tout un monde exotique perdu. Terriblement rétro et chaleureux, Sympathique ne semble pas être le genre de disque assujetti au vieillissement, car ne cesse de surprendre sur tout le long par son incroyable audace et par son génie, et ce malgré l'aspect bien classique de ses fondations. Un véritable chef d'œuvre né de l'imagination navigatrice d'une poignée de virtuoses.