Mad Pop'X

Happy

Happy

 Label :     Night & Day 
 Sortie :    vendredi 29 mai 1998 
 Format :  Album / CD  DVD   

L'influence du grunge s'estompe petit à petit dans la dernière partie des années 90‘s, pour notamment laisser sa place au neo-metal, et au retour d'un punk plus mélodique. Arrivé un brun à la traîne avec son Yormca fin 95, Mad Pop'X a pourtant bien vite compris que l'heure n'est plus à la rouille et la crasse cyniques, et nomme en 1998 son second et dernier disque Happy. Il est aujourd'hui de ceux qui témoignent à merveille de ce changement d'époque, de ce changement de cap, pour le meilleur ou le pire selon les goûts de chacun. Un rock ici moins viril mais d'une trempe similaire ; toujours si efficace mais plus soigné, et plus varié encore. Les avancées dans la production aidant à s'éloigner de l'aspect souvent brut voire garage des œuvres grunge... Le trio de l'Essonne va ainsi utiliser ce matériau grunge qu'il maîtrise quasiment à la perfection pour tenter de s'en dépêtrer un peu, et de découvrir de nouveaux horizons.
Et bien qu'au début il soit toujours difficile de tenir en équilibre sans les petites roues, le groupe s'en sort vraiment bien, même dans ses sorties de pistes. Au contraire, pour certaines elles étaient à l'époque les promesses d'une liberté artistique intéressantes. "Brothers" est d'ailleurs en charge de nous le faire comprendre d'entrée de jeu. Il ouvre l'album à l'image du "The Bit" qui ouvrait le Stag des Melvins. Sauf qu'ici MPX utilise pleinement les sonorités orientales pour y infuser une incarnation personnelle d'Alice In Chains. Par la suite, si "Sign" régurgite un mélange de motifs du "Wicked Garden" de Stone Temple Pilots et du "One Weak" de Deftones, rien de grave. L'efficacité heavy nous prend au piège. Idem pour "All We Have" : chanson déjà entendue ; tempo rapide suffisament contagieux. Les douches écossaise "Rotten" ou "Better Times" et son harmonica ne surprendront pas comme elles sont censées le faire, mais leurs charmes opèrent. Et des erzats tendus du jeune Nirvana comme "Happy" ne feront jamais de tord à quiconque... On navigue souvent en plein sur la ligne de démarcation qui sert de frontière entre l'excellent et le raté, si bien qu'on ne peut pas vraiment s'autoriser de jugement hystérique.
Car les tentatives du trio, ces "sorties de pistes", vont au choix enthousiasmer ou frustrer les auditeurs du premier album. La vélocité post-hardcore d'un "Hippies Again", aucun problème pour les moins cons. Excellente surprise. La réjouissante brèche power-pop entamée par "Again" et "In A Thousand Years", passe encore. Ou comment faire son Grohl, de Nirfighters à Foo Vana... Mais lorsque le tout est enrobé d'un "Romeo's Lullaby" final, pas certain qu'on comprenne où le groupe veut en venir. Une chansonnette à la guitare sèche, carrément contre-productive (anti-grunge, anti-metal, anti-burnes). Tout à fait impossible à caser sur Yormca. Très belle, là, y'a pas de doute. Or que penser d'un disque de rrrroooooocccckkkkk une fois passée cette ballade des gens neuneux ? Que Mad Pop'X a cherché à bouffer à tous les râteliers ? Une réponse, une solution germait pourtant dans le ventre de leur album : "Jim", seul et excellent titre en français des trois gus. Preuve qu'ils sont capable d'écrire des paroles en français plus intéressantes que le mauvais anglais de sixième si chère aux rockers francophones atteints du complexe du cornflex. Une voie qu'ils auraient pu emprunter pour forger leur propre rock. Sans parodier, une identité solide, qui "ressemble à", mais qui tue dans sa langue. L'échantillon est d'autant plus frustrant qu'il n'a pas eu de suite... Dommage, y'aurait bien eu moyen de se hisser parmi les Noir Dés' et autres Virago...


Pas mal   13/20
par X_YoB


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