Patti Rothberg

Between The 1 And The 9

Between The 1 And The 9

 Label :     EMI 
 Sortie :    mardi 02 avril 1996 
 Format :  Album / CD   

Résultat du filtrage MTV d'un mouvement riot grrrls déjà proche du point mort au milieu des années 90? Prolongement certain de la vague de ces artistes féminines à cartons radiophoniques annoncée par Sheryl Crow puis confirmée par le triomphe d'Alanis Morrissette? Quoi qu'on en pense, Patti Rothberg, chantouilleuse new-yorkaise multi-instrumentiste (dans le sens "musicien modeste" du terme), aura elle aussi eu droit au petit tremplin des "poules - songwriteuses bab' - en or" à la parution de son premier album. Un lancement en deux temps, d'abord à tâtons avec un premier hors-d'œuvre nommé "Inside", au clip pas cher pour éveiller l'attention, et qui n'aura d'ailleurs ouvert qu'un oeil aux mieux intentionnés... La faute au minimum syndical d'une composition "légère" et "charmante", mais contenant en tout et pour tout un couplet, un refrain, un autre couplet, un autre refrain triplé, et un texte infantile sur deux minutes vingt. Puis après ce false start, le vif du sujet avec un excellent "Treat Me Like Dirt" sortit de nulle part, qui avait trouvé un petit public en un rien de temps (mais surtout aux Etats-Unis). Un titre énergique de près de cinq minutes collant au mieux à ce que pourrait être la définition d'un tube radio folk-rock parfait, également accompagné de sa vidéo promotionnelle, où on découvrait ce faux mais attachant vilain petit canard en converses et cheveux gras jammant entre potes aux abords d'une usine désaffectée sous une photographie à la luminosité saturée, comme beaucoup de bons vieux clips grungy des nineties... Bref, et en une phrase beaucoup moins sinueuse (!), de quoi se forger un bel espoir d'album qui tue.
Or le contenu de ce gentillet Between The 1 And The 9 est plus proche de son premier extrait que du second. Toute l'ironie résidant d'ailleurs dans le jeu de mot : à l'écoute des treize titres (douze plus un caché, autre manie de l'époque), on a le plus souvent l'impression d'avoir affaire à des "extraits" de chansons. Des ébauches, voire des brouillons, qui lorsqu'ils touchent à grand peine les trois minutes du bout du doigt ("This One's Mine" : vingts secondes de fade out sur une chanson qui n'en fait déjà que deux trente-cinq...), s'enfoncent dans la plus plate convention des couplets et refrains nus et/ou des mélodies de catalogue FM rock-country. "Forgive Me" n'est justement pas pardonnable, et il faut effectivement avoir perdu la tête pour vouloir concurrencer Sheryl Crow dans le ternaire bluesy "Out Of My Mind"... On saisit assez facilement que la jeune fille a voulu nous sortir son Exile In Guyville, garni d'une multitude de petites pièces courtes efficaces (pour peu qu'on aime EIGV...), mais n'est parvenu qu'à torcher un album qui n'offre qu'une désagréable sensation d'inachevé en sortie d'alambique. Où est l'ivresse ? On en reste déçu, sur sa soif. Des chansons weight watchers à 0%, dont le premier titre est à l'image de l'album : le petit motif atmosphérique sous effet flanger de "Flicker", paraît faire monter la pression, annonce une chanson que sa forme trop sage et son semblant de refrain bâclé ne comblent pas... Comment peut-on gâcher le potentiel épique de "Looking For A Girl" en enchaînements trois couplets et refrains en deux minutes trente sans rien y apporter ? Et pourquoi "finir en beauté" sur "It's Alright" en sortant la gratte sèche et les arrangements de cordes symphoniques pour un titre anecdotique couplet-refrain-couplet-refrain-picétou de deux minutes à peine ?! Surtout pour re-enchaîner derrière avec une "ghost track" rock bas de gamme irritant... Seul "Up Against The Wall" a le mérite d'être rapide et entraînant, comme une caution rock faussement déglingué en terre Veruca Salt démontrant que la jeune fille peut s'y mettre... (allez, b*rdel!). Lauren Hoffman, Cat Power, Julie Doiron ont pourtant bien réussi avec si peu... C'est dommage, l'album se résume à une belle promesse, non tenue.

En fin de course, et malgré un prénom de bonne augure et un capital sympathie certain, on a finit à l'époque par plus rapprocher le talent de mademoiselle Rothberg de celui de Meredith Brooks que de Patti Smith... Et même si un album n'aurait ici jamais si bien porté son nom - la perche est trop facile - ça vaut tout de même un brun plus que 05/20...


Pas terrible   9/20
par X_YoB


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