The Werefrogs
Swing |
Label :
Ultimate |
||||
Il y a quelque chose qui cloche avec la musique de Werefrogs. Entraînante et tonitruante, elle laisse tourbillonner des mélodies entêtantes et des bourdonnements de guitares saturées mais il y a derrière elle, on le sent, on le devine, un spleen à peine dévoilé.
Conservant une structure d'un premier abord énergique et bien ancrée dans l'action ("Green" ou le violent "Nixie Concussion"), le groupe sème pourtant quelques touches qui plombent l'ambiance, comme ça, l'air de rien. En fait on a le droit à neuf plaintes qui ressemblent plus ou moins à des formats de rock accrocheur. Les parties de guitares, ce son saturé, ne sont le signe que d'un état d'esprit quelque peu désabusé. Une rage frustrée s'insinue malicieusement, que ce soit au cours d'énergiques brûlots (l'excellent "Transfigured" qui démarre comme un titre sadcore de Idaho et où le chanteur finit par crier) où le jeu parfait trouve toujours une ligne de déviance, dans des passages instrumentaux vigoureux ou dans quelques prolongements de saturations qui glissent et s'échappent, ou que ce soit pendant ces retenues, cette légèreté, ces coups d'oreillers que l'on entend dans "Doctor Pain", morceau plus évasif, proche du jazz. La voix de Marc Wolf s'y fait plus soufflée, la batterie plus discrète et matinée et les guitares plus douces.
Les distorsions de départ de "Jellyfish" avant que la basse ne rentre balise bien la route pourtant : "le monde est moche, gardez ça à l'esprit, et ça risque parfois de vous faire mal, et le pire, c'est que vous ne pourrez rien y faire". Et quand bien même le refrain, magnifique et éclatant, finit par survenir, ce n'est que pour rajouter une dose supplémentaire à la boule de colère qui est en train de se former. Marc Wolf s'éraille même la voix sur la fin.
Mature, racé, le rock de The Werefrogs impose d'entrée et sans détour une façon de consumer la poudre captivante. Pourtant il s'agit d'autre chose: ce n'est pas la fougue de la jeunesse qui parle mais un certain abattement, qui teint en gris toutes les compositions. Et une certaine grâce jaillit des moments plus calmes et des ballades névralgiques, aux mélodies claires et somptueuses, comme sur le final "H. Dumty", à la guitare sèche.
On aurait du deviner, et on s'en veut d'avoir été pris au piège, qu'en réalité, le groupe new-yorkais est parasité par une tristesse, comme en témoigne "Lighthouse", sa guitare sèche, ses saturations en arrière fond, et ce refrain plombé, qui descend, et descend encore, alors qu'il devrait au contraire être moins grave que le couplet. Ici c'est l'inverse parce qu'on se laisse aller. Et que toute cette inutilité d'action se convertit en frustration, qui tourne sur lui-même, se débat inutilement, à l'image de cette voix trafiquée, de ces solos de guitares qui semblent se noyer ou de cette basse qui écrase tout. "Now that is over, I'm just a little colder" est-il répété jusqu'à extinction. Et alors c'est là que toute la tristesse insondable du groupe apparaît au grand jour, morne et effrayante.
Une noirceur absolue révélée le temps d'un instant en plein milieu de l'album, plutôt qu'à la fin, non pas comme la vérité enfin dévoilée, mais au contraire une brève apparition de la facette cachée du groupe et de la justification de leur musique. Car derrière ce jeu en tohu-bohu, il y a ça : un désespoir qui transforme "Goddess" en morceau lent, rampant, soutenu par une basse et une guitare sèche répétitive, véritable écrin à des propos sans la moindre once de gaîté. "I know it's a selfish world" est-il murmuré d'une voix absolument grave.
Puis vite, on rallume les lumières et on passe à un morceau plus rock, quitte à couper la chanson, presque plus léger (le superbe "Potvan" avec ses hoquets qui montent dans les aigus), comme si prolonger aurait été insoutenable. Mais trop tard : le venin a pris.
Conservant une structure d'un premier abord énergique et bien ancrée dans l'action ("Green" ou le violent "Nixie Concussion"), le groupe sème pourtant quelques touches qui plombent l'ambiance, comme ça, l'air de rien. En fait on a le droit à neuf plaintes qui ressemblent plus ou moins à des formats de rock accrocheur. Les parties de guitares, ce son saturé, ne sont le signe que d'un état d'esprit quelque peu désabusé. Une rage frustrée s'insinue malicieusement, que ce soit au cours d'énergiques brûlots (l'excellent "Transfigured" qui démarre comme un titre sadcore de Idaho et où le chanteur finit par crier) où le jeu parfait trouve toujours une ligne de déviance, dans des passages instrumentaux vigoureux ou dans quelques prolongements de saturations qui glissent et s'échappent, ou que ce soit pendant ces retenues, cette légèreté, ces coups d'oreillers que l'on entend dans "Doctor Pain", morceau plus évasif, proche du jazz. La voix de Marc Wolf s'y fait plus soufflée, la batterie plus discrète et matinée et les guitares plus douces.
Les distorsions de départ de "Jellyfish" avant que la basse ne rentre balise bien la route pourtant : "le monde est moche, gardez ça à l'esprit, et ça risque parfois de vous faire mal, et le pire, c'est que vous ne pourrez rien y faire". Et quand bien même le refrain, magnifique et éclatant, finit par survenir, ce n'est que pour rajouter une dose supplémentaire à la boule de colère qui est en train de se former. Marc Wolf s'éraille même la voix sur la fin.
Mature, racé, le rock de The Werefrogs impose d'entrée et sans détour une façon de consumer la poudre captivante. Pourtant il s'agit d'autre chose: ce n'est pas la fougue de la jeunesse qui parle mais un certain abattement, qui teint en gris toutes les compositions. Et une certaine grâce jaillit des moments plus calmes et des ballades névralgiques, aux mélodies claires et somptueuses, comme sur le final "H. Dumty", à la guitare sèche.
On aurait du deviner, et on s'en veut d'avoir été pris au piège, qu'en réalité, le groupe new-yorkais est parasité par une tristesse, comme en témoigne "Lighthouse", sa guitare sèche, ses saturations en arrière fond, et ce refrain plombé, qui descend, et descend encore, alors qu'il devrait au contraire être moins grave que le couplet. Ici c'est l'inverse parce qu'on se laisse aller. Et que toute cette inutilité d'action se convertit en frustration, qui tourne sur lui-même, se débat inutilement, à l'image de cette voix trafiquée, de ces solos de guitares qui semblent se noyer ou de cette basse qui écrase tout. "Now that is over, I'm just a little colder" est-il répété jusqu'à extinction. Et alors c'est là que toute la tristesse insondable du groupe apparaît au grand jour, morne et effrayante.
Une noirceur absolue révélée le temps d'un instant en plein milieu de l'album, plutôt qu'à la fin, non pas comme la vérité enfin dévoilée, mais au contraire une brève apparition de la facette cachée du groupe et de la justification de leur musique. Car derrière ce jeu en tohu-bohu, il y a ça : un désespoir qui transforme "Goddess" en morceau lent, rampant, soutenu par une basse et une guitare sèche répétitive, véritable écrin à des propos sans la moindre once de gaîté. "I know it's a selfish world" est-il murmuré d'une voix absolument grave.
Puis vite, on rallume les lumières et on passe à un morceau plus rock, quitte à couper la chanson, presque plus léger (le superbe "Potvan" avec ses hoquets qui montent dans les aigus), comme si prolonger aurait été insoutenable. Mais trop tard : le venin a pris.
Sympa 14/20 | par Vic |
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