Mojave 3

Triste moment que le split d'un groupe chéri: l'aventure se termine, les membres se dispersent, et le fan suit leurs parcours respectifs, espérant retrouver la magie passée. C'est ainsi qu'aurait pu s'achever Slowdive: oublié le mur de fuzz produit par Neil Halstead d'où émerge comme par enchantement la voix caressante de Rachel Goswell. Et bien il n'en est rien, car il ne s'agit pas ici de séparation, mais plutôt de migration. De Creation à 4AD, du shoegaze à la country-folk, de la Big Muff à la steel guitar... De Slowdive à Mojave 3, car il s'agit peu ou prou du même line up: Simon Rowe (ex-Chapterhouse) ayant rejoint Goswell, Halstead et Ian McCutcheon.

Alors, à quoi s'attendre à l'écoute de ce premier album du renouveau? A une profonde mélancolie dans un premier temps. Ce sentiment, naissant des premières notes de "Love Songs On The Radio", ne quittera pas l'auditeur tout au long de l'écoute de "Ask Me Tommorow". Peu importe que ce soit Neil Halstead ou Rachel Goswell qui se charge de l'interprétation, il y' aura toujours le piano de "Tommorow's Taken", ou le violoncelle de "After All" pour vous plonger dans la plus triste introspection. Certes, il reste la guitare électrique bancale de "Mercy" pour rappeler les origines noisy pop de Mojave 3, mais on pense plus volontiers aux Cowboy Junkies. Et c'est d'ailleurs là que se sent le talent de compositeur d'Halstead: ces anglais s'offrent le luxe d'écrire un très bon album d'americana, sans pour autant être à côté de leur sujet, ou même faire dans le plagiat.

"Ask Me Tommorow" ou la bande son idéale d'une balade dans le désert du Mojave, subitement plongé dans le smog londonien.