This Heat
Deceit |
Label :
Rough Trade |
||||
Deceit fait véritablement figure d'album majeur aujourd'hui pour qui y a déposé ses oreilles plus de quatre fois. C'est le deuxième album de This Heat ainsi que son dernier notamment en raison du départ d'un des membres du trio pour étudier la dance katakali en inde. Celui-ci, Gareth Williams -basse-, fut engagé à la demande de Charles Bullen -guitare- et Charles Hayward -batterie- qui formaient alors le duo d'improvisation Dolphin Logic pour notamment sa fraîcheur de non-musicien et vrai étudiant en arts. Cherchant à s'éloigner d'un esprit de virtuosité en vogue dans l'Angleterre des années 70 et l'institution Soft Machine post-Robert Wyatt, ils enregistrent le Blue And Yellow Ep en 1978 en misant sur un ascétisme et une sobriété tranchants du côté instrumental pour quelques mélodies vocales d'une sincérité singulière. Le point de départ du deuxième album sera l'idée de regarder la télévision tout en la détestant.
Deceit peut donc être vu comme une vision critique de la société car l'idée de Charles Hayward est d'utiliser la lucarne comme point de convergence, de s'inspirer du focus qu'elle procure pour livrer des textes sur la guerre froide, sa menace alors omniprésente d'un conflit nucléaire apocalyptique symbolisé par le dernier titre, suggestion du néant d'après la fin de la race humaine.
Le confort énoncé par l'inaugural "Sleep", aussitôt violenté par "Paper Hats" et sa structure redoutablement efficace s'achevant sur l'aveu "are our ears beyond words?", va se trouver fort malmené tout au long de l'opus grâce à l'exposition des évènements tel Radio Prague ou Cenotaph: "history repeats itself". Dans cette optique, This Heat emploie également des claviers, une clarinette, un mélodica ainsi que des boucles pré-enregistrées apportant une touche supplémentaire au sombre tableau dépeint.
"A New Kind Of Water" en est le point culminant: "eat, drink and be merry for tomorrow we die eat electricity". Son envolée rythmique n'en est que plus jouissive laissant un arrière-goût de lucidité à la saveur d'une grande musique simplement idéalisée. Le groupe finira par se séparer en 1982 suite à une tournée avec deux musiciens palliant le départ de Gareth Williams; concerts plus tard regrettée par les deux Charles. Ceux-ci entameront alors une carrière solo agrémentée de collaborations. On parlera plus tard du trio comme de précurseurs du post-punk voire de la musique industrielle.
Deceit peut donc être vu comme une vision critique de la société car l'idée de Charles Hayward est d'utiliser la lucarne comme point de convergence, de s'inspirer du focus qu'elle procure pour livrer des textes sur la guerre froide, sa menace alors omniprésente d'un conflit nucléaire apocalyptique symbolisé par le dernier titre, suggestion du néant d'après la fin de la race humaine.
Le confort énoncé par l'inaugural "Sleep", aussitôt violenté par "Paper Hats" et sa structure redoutablement efficace s'achevant sur l'aveu "are our ears beyond words?", va se trouver fort malmené tout au long de l'opus grâce à l'exposition des évènements tel Radio Prague ou Cenotaph: "history repeats itself". Dans cette optique, This Heat emploie également des claviers, une clarinette, un mélodica ainsi que des boucles pré-enregistrées apportant une touche supplémentaire au sombre tableau dépeint.
"A New Kind Of Water" en est le point culminant: "eat, drink and be merry for tomorrow we die eat electricity". Son envolée rythmique n'en est que plus jouissive laissant un arrière-goût de lucidité à la saveur d'une grande musique simplement idéalisée. Le groupe finira par se séparer en 1982 suite à une tournée avec deux musiciens palliant le départ de Gareth Williams; concerts plus tard regrettée par les deux Charles. Ceux-ci entameront alors une carrière solo agrémentée de collaborations. On parlera plus tard du trio comme de précurseurs du post-punk voire de la musique industrielle.
Parfait 17/20 | par Black snow |
Posté le 17 août 2010 à 15 h 27 |
Tentons d'appréhender cette œuvre hors-norme et de comprendre le phénomène :
D'abord il y a This Heat, formation anglaise pour le moins atypique qui voit le jour en fin des années 70, la décennie d'or du rock prog' psyché krautrock etc..., le groupe, dès son premier album (intitulé This Heat sobrement), semble se détacher complètement de ce qui se faisait en matière de rock progressif jusqu'à là, et propose quelque chose à la croisée du rock prog et de l'electro (type bande magnétique) avec un schéma rythmique semblant inspiré d'auteur compositeur contemporain (Philip Glass, Steve Reich, ...), d'ores et déjà This Heat ne visait qu'un public très restraint, fait qui s'accentuera d'autant plus avec son Deceit.
Deceit, parlons-en puisqu'il s'agit bien d'une chronique sur celui-ci et non son prédécesseur, reprenant les bases de leur premier album, le groupe se décide à passer à un palier supérieur (alors que la marche était déjà placée haute), et déchire littéralement toutes frontières, ici ce n'est plus du rock prog ni même de l'electro, du post punk, du folk ou de la world music, c'est tout à la fois !
Entre trip psychédélique, chamanique et musique torturée, complexe et déjanté, l'album fait passer l'auditeur dans un état de non-compréhension totale en premier lieu, puis au fil des écoutes l'album s'ouvre de plus en plus aux oreilles humaines, pour révéler toute sa folie meurtrière et ses délires schizophréniques à l'auditeur.
On peut en effet parler de schizophrénie avec un album tel que Deceit, sinon quoi d'autres ? le terme est totalement justifié, que ce soit en passant d'un "Paper Hats" à "A New Kind Of Water" ou "Cenotaph" à "Makeshift Swahili", mais ce qui reste toujours, c'est cette ambiance résolument post punk qui suit l'album de bout en bout, ce chant hypnotique et possédé, par la folie, la schizophrénie, la paranoïa et très certainement la drogue.
Finalement, j'aurai un peu contourné le problème, en ne vous parlant que brièvement de la musique de This Heat, chose assez compréhensible avec un album aussi inclassable, album que je ne conseillerais qu'à une petite minorité malgré tout, il faut être particulièrement ouvert et indulgent pour pouvoir rentrer dans cette musique, le fameux "on adore ou on déteste", ici c'est totalement le cas, mais si d'avance vous êtes amateurs de post punk ou de rock progressif bien barré (genre Talking Heads, Can, Faust), je ne peux que vous conseiller de plonger dans l'univers si passionnant du groupe, qui, une fois adopté, risque de vous collez à la peau pour longtemps... (je suis là pour en témoigner!).
D'abord il y a This Heat, formation anglaise pour le moins atypique qui voit le jour en fin des années 70, la décennie d'or du rock prog' psyché krautrock etc..., le groupe, dès son premier album (intitulé This Heat sobrement), semble se détacher complètement de ce qui se faisait en matière de rock progressif jusqu'à là, et propose quelque chose à la croisée du rock prog et de l'electro (type bande magnétique) avec un schéma rythmique semblant inspiré d'auteur compositeur contemporain (Philip Glass, Steve Reich, ...), d'ores et déjà This Heat ne visait qu'un public très restraint, fait qui s'accentuera d'autant plus avec son Deceit.
Deceit, parlons-en puisqu'il s'agit bien d'une chronique sur celui-ci et non son prédécesseur, reprenant les bases de leur premier album, le groupe se décide à passer à un palier supérieur (alors que la marche était déjà placée haute), et déchire littéralement toutes frontières, ici ce n'est plus du rock prog ni même de l'electro, du post punk, du folk ou de la world music, c'est tout à la fois !
Entre trip psychédélique, chamanique et musique torturée, complexe et déjanté, l'album fait passer l'auditeur dans un état de non-compréhension totale en premier lieu, puis au fil des écoutes l'album s'ouvre de plus en plus aux oreilles humaines, pour révéler toute sa folie meurtrière et ses délires schizophréniques à l'auditeur.
On peut en effet parler de schizophrénie avec un album tel que Deceit, sinon quoi d'autres ? le terme est totalement justifié, que ce soit en passant d'un "Paper Hats" à "A New Kind Of Water" ou "Cenotaph" à "Makeshift Swahili", mais ce qui reste toujours, c'est cette ambiance résolument post punk qui suit l'album de bout en bout, ce chant hypnotique et possédé, par la folie, la schizophrénie, la paranoïa et très certainement la drogue.
Finalement, j'aurai un peu contourné le problème, en ne vous parlant que brièvement de la musique de This Heat, chose assez compréhensible avec un album aussi inclassable, album que je ne conseillerais qu'à une petite minorité malgré tout, il faut être particulièrement ouvert et indulgent pour pouvoir rentrer dans cette musique, le fameux "on adore ou on déteste", ici c'est totalement le cas, mais si d'avance vous êtes amateurs de post punk ou de rock progressif bien barré (genre Talking Heads, Can, Faust), je ne peux que vous conseiller de plonger dans l'univers si passionnant du groupe, qui, une fois adopté, risque de vous collez à la peau pour longtemps... (je suis là pour en témoigner!).
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