The Walkmen
A Hundred Miles Off |
Label :
WEA |
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Le 3e opus A Hundred Miles Off signé par The Walkmen est un excellent album. Il projette son auditeur dans un monde singulier et caractéristique, The Walkmen étant parvenus au fil de trois albums, bien que différents les uns des autres, à créer un univers musical n'appartenant qu'à eux. Pourtant les influences ne sont pas gommées, loin de là: Bob Dylan, le punk, et le son vintage servi par des instruments que l'on imagine à l'acabit. C'est là un univers tordu, voire de tordus diront certains, tant il peut sembler a priori improbable de rapprocher la folk dylanienne – que le combo revendique sans complexe – et l'urgence braillarde et dégingandée des punks. Mais les 12 morceaux que compte l'album calmeront très vite les esprits chagrins. Tous sont comme d'énormes claques balancées aux tentatives de classification en genres et sous genres. The Walkmen carburent à l'émotion brute et à l'énergie qui rabote, et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit pas: ce disque n'est absolument pas emocore. Ce qu'ils proposent, c'est un univers incertain en tension permanente, jouant à l'équilibriste entre deux sources d'inspiration a priori aux antipodes l'une de l'autre. C'est du reste cela qui fait la magie de cet album.
D'ailleurs, pour revenir rapidement sur la discographie des New-Yorkais, A Hundred Miles Off se présente comme une synthèse aboutie des différentes facettes du talent qu'avaient données à entendre leurs deux albums précédents; deux albums très contrastés au demeurant et donc forcément assez déroutants placés l'un à côté de l'autre. Des deux, le premier Everyone Who Pretended To Love Me Is Gone s'était révélé le plus original par ses choix en matière de son et de production, comme la spécificité vintage des instruments et l'harmonie étonnante établie entre eux: premiers plans accordés à la superbe voix éraillée d'Hamilton Leithauser et à la batterie de Matt Barrick; la présence de l'orgue de Walter Martin. Le second album Bows And Arrows explorait quant à lui des voies différentes mais déjà plus balisées. Nettement plus nerveux, il revenait vers des schémas plus classiques dans lesquels la guitare ravageuse de Paul Maroon passa aux avant-postes pour insuffler une énergie à l'instrumentation que Leithauser peinait à suivre sur la durée de l'album, sauf à en rajouter sur le chant et finir par paraître poussif, à l'exception notable du morceau qui mit tout le monde par terre à l'époque: "The Rat".
Il y a tout cela finement entremêlé dans ce troisième album. Il débute toutefois par une sacrée surprise: des cuivres sur la première chanson " Louisiana " qui procurent à cette ballade folk sudiste des accents mariachis bienvenus, témoignant au passage de l'ouverture d'esprit du quintette et nous indiquant des contrées qu'il leur resterait à explorer musicalement parlant. Ceci dit, dès le deuxième morceau cette échappée belle cesse et on retrouve la tonalité qui faisait une des grandes qualités du premier album, la sensation d'espace prévalant entre les musiciens, le sentiment que cela respire. Plus, passés les mariachis, la tonalité de l'album va à la sobriété; une sobriété d'effets largement compensée par la variété des rythmes qui se succèdent. La folk dylanienne sur "Good For You's Good For Me" et sur "Emma Get Me A Lemon" avec ses roulements de batterie hypnotiques; l'émotion brute voire sacrée qui nous étreint sur "All Hands And The Cook", morceau sur lequel Leithauser est à chialer, comme habité de l'énergie du désespoir avec son chant que sublime l'orgue accompagnant sa plainte; la folk survitaminée de "Lost In Boston" ; le punk ravageur de "This Job Is Killing Me", etc. Petite déception sur "Always After You", la voix de Leithauser est approximative, et semble comme épuisée d'avoir tellement donné sur les morceaux précédents.
Au final, A Hundred Miles Off s'avère un disque d'exception qui à l'instar de ses deux devanciers est peut-être passé inaperçu. Et pourtant, quelle originalité et quelle dynamisme dans ce groupe, The Walkmen, avec sa distorsion abrasive, ses guitares saturées aux sonorités tenant de l'égoïne stridulante, sa batterie qui tambourine comme c'est pas permis, son orgue venu d'une autre époque caractérisant le son vintage du combo, et surtout cette voix admirable que possède Leithauser, à défaut d'une technique parfaitement maîtrisée, et lui donne de vrais faux airs d'un Dylan passé hardcore.
D'ailleurs, pour revenir rapidement sur la discographie des New-Yorkais, A Hundred Miles Off se présente comme une synthèse aboutie des différentes facettes du talent qu'avaient données à entendre leurs deux albums précédents; deux albums très contrastés au demeurant et donc forcément assez déroutants placés l'un à côté de l'autre. Des deux, le premier Everyone Who Pretended To Love Me Is Gone s'était révélé le plus original par ses choix en matière de son et de production, comme la spécificité vintage des instruments et l'harmonie étonnante établie entre eux: premiers plans accordés à la superbe voix éraillée d'Hamilton Leithauser et à la batterie de Matt Barrick; la présence de l'orgue de Walter Martin. Le second album Bows And Arrows explorait quant à lui des voies différentes mais déjà plus balisées. Nettement plus nerveux, il revenait vers des schémas plus classiques dans lesquels la guitare ravageuse de Paul Maroon passa aux avant-postes pour insuffler une énergie à l'instrumentation que Leithauser peinait à suivre sur la durée de l'album, sauf à en rajouter sur le chant et finir par paraître poussif, à l'exception notable du morceau qui mit tout le monde par terre à l'époque: "The Rat".
Il y a tout cela finement entremêlé dans ce troisième album. Il débute toutefois par une sacrée surprise: des cuivres sur la première chanson " Louisiana " qui procurent à cette ballade folk sudiste des accents mariachis bienvenus, témoignant au passage de l'ouverture d'esprit du quintette et nous indiquant des contrées qu'il leur resterait à explorer musicalement parlant. Ceci dit, dès le deuxième morceau cette échappée belle cesse et on retrouve la tonalité qui faisait une des grandes qualités du premier album, la sensation d'espace prévalant entre les musiciens, le sentiment que cela respire. Plus, passés les mariachis, la tonalité de l'album va à la sobriété; une sobriété d'effets largement compensée par la variété des rythmes qui se succèdent. La folk dylanienne sur "Good For You's Good For Me" et sur "Emma Get Me A Lemon" avec ses roulements de batterie hypnotiques; l'émotion brute voire sacrée qui nous étreint sur "All Hands And The Cook", morceau sur lequel Leithauser est à chialer, comme habité de l'énergie du désespoir avec son chant que sublime l'orgue accompagnant sa plainte; la folk survitaminée de "Lost In Boston" ; le punk ravageur de "This Job Is Killing Me", etc. Petite déception sur "Always After You", la voix de Leithauser est approximative, et semble comme épuisée d'avoir tellement donné sur les morceaux précédents.
Au final, A Hundred Miles Off s'avère un disque d'exception qui à l'instar de ses deux devanciers est peut-être passé inaperçu. Et pourtant, quelle originalité et quelle dynamisme dans ce groupe, The Walkmen, avec sa distorsion abrasive, ses guitares saturées aux sonorités tenant de l'égoïne stridulante, sa batterie qui tambourine comme c'est pas permis, son orgue venu d'une autre époque caractérisant le son vintage du combo, et surtout cette voix admirable que possède Leithauser, à défaut d'une technique parfaitement maîtrisée, et lui donne de vrais faux airs d'un Dylan passé hardcore.
Excellent ! 18/20 | par Adishatz |
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