Colin Newman
A-Z |
Label :
Beggars Banquet |
||||
Le premier album solo de Colin Newman aurait dû être le quatrième de Wire. Enregistré sans l'aide de Bruce Gilbert et Graham Lewis (seul donc le batteur Robert Gotobed accompagne Colin Newman), A-Z ne pouvait être en toute logique considéré comme tel par le label du groupe anglais.
Pourtant ce n'eut été en aucun cas un crime si l'album avait été incorporé à leur discographie tant la continuité avec 154 est évidente. La majorité des morceaux a d'ailleurs été composé durant les sessions de 154. Les guitares bourdonnantes sont peut-être un peu moins présentes mais la fougue congelée du punk séminal de Wire se ressent dans nombre de titres : "I've Waited For Ages" ou "& Jury" auraient même pu figuré sur un Pink Flag. Les paroles sont dénuées de tout sens logique et sont prétextes pour Colin Newman à utiliser sa voix hautaine et glacée comme d'un instrument qui s'emballe souvent dans un mode épileptique du plus bel effet : la folie hilare de "S-s-s-star Eyes" vous prend à la gorge et en à peine deux minutes vous fait sortir les yeux des orbites. Génial. Colin Newman n'a pas encore incliné son univers musical vers l'expérimentation à la Steve Reich ou Philip Glass et conserve une morgue punk arty qui fit de Wire un des plus grands groupes de la période.
Ce qui ne veut pas dire que notre homme délaisse ces plages electro abstraites tapissées avec l'aide du clavier et producteur Mike Thorne. "Image" ou "Seconds To Last" vous transporte dans une atmosphère cold-wave à la fois obscure et relaxante. Dans un registre plus conventionnel, les fans d'Hannibal Lecter auront les oreilles titillées par "Alone" présente sur la BO du célèbre film de Jonathan Demme. La version CD (3 faces B et 2 démos en bonus) vous gratifiera d'une version instrumentale piano démasquant la sensibilité pop de cette superbe chanson ténébreuse.
Richesse et unicité sont les maîtres mots de ce A-Z aussi réussi que la première trilogie de Wire. Vous êtes donc prévenu. Si vous êtes vous aussi le genre de type à vous agenouiller en écoutant ces trois là, le premier album de Colin Newman vous est absolument indispensable.
Pourtant ce n'eut été en aucun cas un crime si l'album avait été incorporé à leur discographie tant la continuité avec 154 est évidente. La majorité des morceaux a d'ailleurs été composé durant les sessions de 154. Les guitares bourdonnantes sont peut-être un peu moins présentes mais la fougue congelée du punk séminal de Wire se ressent dans nombre de titres : "I've Waited For Ages" ou "& Jury" auraient même pu figuré sur un Pink Flag. Les paroles sont dénuées de tout sens logique et sont prétextes pour Colin Newman à utiliser sa voix hautaine et glacée comme d'un instrument qui s'emballe souvent dans un mode épileptique du plus bel effet : la folie hilare de "S-s-s-star Eyes" vous prend à la gorge et en à peine deux minutes vous fait sortir les yeux des orbites. Génial. Colin Newman n'a pas encore incliné son univers musical vers l'expérimentation à la Steve Reich ou Philip Glass et conserve une morgue punk arty qui fit de Wire un des plus grands groupes de la période.
Ce qui ne veut pas dire que notre homme délaisse ces plages electro abstraites tapissées avec l'aide du clavier et producteur Mike Thorne. "Image" ou "Seconds To Last" vous transporte dans une atmosphère cold-wave à la fois obscure et relaxante. Dans un registre plus conventionnel, les fans d'Hannibal Lecter auront les oreilles titillées par "Alone" présente sur la BO du célèbre film de Jonathan Demme. La version CD (3 faces B et 2 démos en bonus) vous gratifiera d'une version instrumentale piano démasquant la sensibilité pop de cette superbe chanson ténébreuse.
Richesse et unicité sont les maîtres mots de ce A-Z aussi réussi que la première trilogie de Wire. Vous êtes donc prévenu. Si vous êtes vous aussi le genre de type à vous agenouiller en écoutant ces trois là, le premier album de Colin Newman vous est absolument indispensable.
Excellent ! 18/20 | par Sirius |
Posté le 15 septembre 2008 à 00 h 43 |
Avec A-Z, le chanteur-guitariste Colin Newman reprend les choses là où il les avait laissées avec son groupe Wire, fort de trois albums séminaux à la fin des 70's. Arty, intellectuelle, glacée, telle est la réputation dont jouissait ou souffrait la musique de Wire, qui est passée avec aisance du punk au post-punk. Ce premier album confirme ces impressions.
Après un très bon "I've Waited For Ages" et ses éclairs de guitare tranchante et sale, "&Jury" rappelle fortement Wire, mais fait le pont entre la première période et le Wire plus pop de la seconde moitié des 80's. Un des points forts de l'album, c'est un morceau à la fois rageur et mélodique. "Alone" porte bien son titre, il est sombre et inquiétant, porté par une basse menaçante, un chant lointain et désincarné, un synthé et des guitares angoissants, une batterie martiale. Le morceau montre également une facette plus expérimentale de l'album. "Order For Order" est un morceau new-wave presque gothique avec une voix nasillarde, une rythmique robotique et dansante et une nappe de synthé fantomatique. Sur "Image", Colin Newman murmure sur fond de musique minimaliste. Le rythme accélère avec "Life On Deck" et sa très bonne ligne de basse, où Colin Newman est à la limite du hurlement. "Troisieme", répétitif et hypnothique, avec un saxo déjanté et un piano déstructuré nous mène au bord de la folie. Mais arrêtons là la description de chaque morceau, il y en encore dix !
Notons quand même au passage que Bauhaus semble avoir pompé la ligne de basse de "Seconds To Star" pour leur "Hollow Hills".
Par rapport à Wire, on peut trouver à ce premier album de Colin Newman des points communs et des différences. On y retrouve la froideur, la rigueur martiale, la rage contenue. Mais on est ici proche de la folie, et ce n'est certainement pas un hasard si Colin Newman produira les Virgin Prunes. Une folie que l'on aurait cependant aimé voir s'exprimer encore plus. On aurait voulu que Colin Newman se lâche davantage. Dans le même ordre d'idées, l'instrumentation et la production sont un peu trop ordinaires, un peu plates et fades. On les aurait préférées plus flamboyantes et profondes.
Sur certains morceaux ("Image", "Life On Deck", "Inventory") on peut entendre un instrument qui apparaîtra sur l'album If I Die, I Die des Virgin Prunes, produit par Colin Newman. Il s'agit d'une sorte de cithare chinoise.
L'édition CD de l'album est augmentée de cinq morceaux, dont le fameux "Not Me" qui sera repris (dans une version encore meilleure) sur le premier album de This Mortal Coil, projet collectif du label 4AD (Cocteau Twins, Dead Can Dance, X-Mal Deutschland, Modern English,...). "Don't Bring Reminders" sonne comme du Magazine, jusque dans le chant.
Avec A-Z, Colin Newman explore différentes voies, suggère de nombreuses pistes. Le titre de l'album prend alors tout son sens. Mais on aurait aimé qu'il aille encore plus loin. On ne peut cependant pas reprocher à cet album de ne pas être abouti. Il est juste le reflet de l'état de la créativité à un moment donné. Le champ des possibles reste ouvert, il n'est ici que défriché, dans de nombreuses directions. Album méconnu et éclipsé par l'oeuvre de Wire, A-Z est une pierre angulaire de la new-wave ou du post-punk, au même titre que les premiers albums de The Cure, Killing Joke ou autres Bauhaus.
Après un très bon "I've Waited For Ages" et ses éclairs de guitare tranchante et sale, "&Jury" rappelle fortement Wire, mais fait le pont entre la première période et le Wire plus pop de la seconde moitié des 80's. Un des points forts de l'album, c'est un morceau à la fois rageur et mélodique. "Alone" porte bien son titre, il est sombre et inquiétant, porté par une basse menaçante, un chant lointain et désincarné, un synthé et des guitares angoissants, une batterie martiale. Le morceau montre également une facette plus expérimentale de l'album. "Order For Order" est un morceau new-wave presque gothique avec une voix nasillarde, une rythmique robotique et dansante et une nappe de synthé fantomatique. Sur "Image", Colin Newman murmure sur fond de musique minimaliste. Le rythme accélère avec "Life On Deck" et sa très bonne ligne de basse, où Colin Newman est à la limite du hurlement. "Troisieme", répétitif et hypnothique, avec un saxo déjanté et un piano déstructuré nous mène au bord de la folie. Mais arrêtons là la description de chaque morceau, il y en encore dix !
Notons quand même au passage que Bauhaus semble avoir pompé la ligne de basse de "Seconds To Star" pour leur "Hollow Hills".
Par rapport à Wire, on peut trouver à ce premier album de Colin Newman des points communs et des différences. On y retrouve la froideur, la rigueur martiale, la rage contenue. Mais on est ici proche de la folie, et ce n'est certainement pas un hasard si Colin Newman produira les Virgin Prunes. Une folie que l'on aurait cependant aimé voir s'exprimer encore plus. On aurait voulu que Colin Newman se lâche davantage. Dans le même ordre d'idées, l'instrumentation et la production sont un peu trop ordinaires, un peu plates et fades. On les aurait préférées plus flamboyantes et profondes.
Sur certains morceaux ("Image", "Life On Deck", "Inventory") on peut entendre un instrument qui apparaîtra sur l'album If I Die, I Die des Virgin Prunes, produit par Colin Newman. Il s'agit d'une sorte de cithare chinoise.
L'édition CD de l'album est augmentée de cinq morceaux, dont le fameux "Not Me" qui sera repris (dans une version encore meilleure) sur le premier album de This Mortal Coil, projet collectif du label 4AD (Cocteau Twins, Dead Can Dance, X-Mal Deutschland, Modern English,...). "Don't Bring Reminders" sonne comme du Magazine, jusque dans le chant.
Avec A-Z, Colin Newman explore différentes voies, suggère de nombreuses pistes. Le titre de l'album prend alors tout son sens. Mais on aurait aimé qu'il aille encore plus loin. On ne peut cependant pas reprocher à cet album de ne pas être abouti. Il est juste le reflet de l'état de la créativité à un moment donné. Le champ des possibles reste ouvert, il n'est ici que défriché, dans de nombreuses directions. Album méconnu et éclipsé par l'oeuvre de Wire, A-Z est une pierre angulaire de la new-wave ou du post-punk, au même titre que les premiers albums de The Cure, Killing Joke ou autres Bauhaus.
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