Brother Danielson
Brother Is To Son |
Label :
Secretly Canadian |
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Le cas Danielson...
Difficile d'aborder cette chronique sans poser le décor.
Et pourtant, j'insiste pour dire d'abord ceci: Daniel Smith est un génie. Un maître en son genre, disons la pop-country-folk joyeusement barrée, pour ne pas dire la Danielson, point. Un extraterrestre, un petit bonhomme traversé par la grâce. Un de ceux qui ont poussé droit dans leurs bottes, qui suivent leur étoile avec une candeur qui rendra jaloux tout musicien en peine de se trouver. J'exagère? Allongez-vous, Plage 8: "Hammers Sitting Still". Trois accords, une sèche, une mélodie toute simple, qui suit la gratte, une voix féminine et un frottis de guitare pour tout arrangement, un texte lumineusement candide, 3 minutes 20 au compteur... et vous êtes loin, et vous êtes bien.
Posons donc le décor.
Deux épines au programme. D'abord, Daniel est chrétien, et il ne parle que de ça. Son papa était pasteur, et la Danielson famile, son groupe, est composé de ses frères, soeurs et proches, une sorte de communauté mystico-poétique pas référencée dans Spirit-mag. De quoi laisser perplexe tout français moyen... Deuxième épine: Daniel peut se targuer d'être un des seuls êtres au monde à pouvoir faire passer Robert Plant pour un baryton. Si les prévisions s'avèrent exactes, 1/3 d'entre vous devraient développer une allergie à son suraigüisme, mais ne fuyez pas, c'est sur cet album qu'il est le plus tempéré...
Mais alors, quid de la magie, me direz-vous? Eh bien, le cocktail Danielson est décalé et détonnant: des idées simples et efficaces, un goût certain de l'expérimentation, des structures imprévisibles, un groove brut et un entrain à toute épreuve, des textes surréalistes et naifs, des ambiances brossant pèle-mèle country à la Neil Young, glam-folk bourré de choeurs et de gens qui se prennent par la main, punk aigü avec un orgue et une sèche, pop côté Beatles, des plages aériennes cousues d'innatendu... Et cette voix... toujours perchée, toujours juste, même fausse, folle, à la limite de plein de choses... entourée de choeurs qui slaloment entre harmonie pure et chorale d'école...
Arrive cette galette. La Danielson famile en est à son 5ème album d'americana-gospel frappadingue, et monsieur Smith s'offre une virée en solo (sauf que tout le monde est resté, dont son pote Suftjan Stevens). C'est plus épuré, moins criard, plus produit, mais ne nous leurrons pas, c'est bien le 6ème Danielson.
Et c'est magnifique. Beaucoup d'afficionados considèrent même que c'est le meilleur. Dix chansons, dix pépites. "Things Against Stuff", un peu sur le mode "Love Is All", ouvre le bal. Simplicité (apparente, car la chose est admirablement composée, pour preuve le départ du refrain), choeurs entrainants, et des breaks si bien sentis qu'on ne les remarque presque pas... On enchaîne illico avec "Cooking Mid-Country", qui change tranquillement de direction au gré d'évidences qu'on ne peut qu'observer, une sorte de Bohemian Rhapsody folk (!). Le sautillant "Animal In Every Corner" est bien entendu un single qui cartonne sur la planète des poulets sous acide. "Daughters Will Tune You" est une leçon. Une leçon d'épure, de lyrisme, d'inventivité... et là encore, trois fois rien (plus un banjo). "Our Givest", ou le glam-folk par excellence. Et là, je tressaille: "Sweet Sweeps". Que dire? chef d'oeuvre total ? Comment une chose aussi belle, aussi bien sentie, peut-elle rester confidentielle ?? Cette chanson est folle, la montée en puissance renvoie jouer Slipknot au hockey sur lave... et en acoustique... c'est inhumain.
Cessons là le catalogue, la suite est du même tonneau. Brother Is To Son est assurément un des plus beaux albums qu'il m'ait été donné de croiser, et croyez-moi, il y a du monde au portillon. Etrangement, c'est à Elliott Smith que je pense. Même évidence, même sensation de beauté inespérée, hors du temps et des modes. Sauf qu'ici point de mélancolie, mais une joie ferme et presque enfantine. Et surtout, de la grande, grande musique, imprévisible et salvatrice. 2004, vous êtes sûrs ?
Difficile d'aborder cette chronique sans poser le décor.
Et pourtant, j'insiste pour dire d'abord ceci: Daniel Smith est un génie. Un maître en son genre, disons la pop-country-folk joyeusement barrée, pour ne pas dire la Danielson, point. Un extraterrestre, un petit bonhomme traversé par la grâce. Un de ceux qui ont poussé droit dans leurs bottes, qui suivent leur étoile avec une candeur qui rendra jaloux tout musicien en peine de se trouver. J'exagère? Allongez-vous, Plage 8: "Hammers Sitting Still". Trois accords, une sèche, une mélodie toute simple, qui suit la gratte, une voix féminine et un frottis de guitare pour tout arrangement, un texte lumineusement candide, 3 minutes 20 au compteur... et vous êtes loin, et vous êtes bien.
Posons donc le décor.
Deux épines au programme. D'abord, Daniel est chrétien, et il ne parle que de ça. Son papa était pasteur, et la Danielson famile, son groupe, est composé de ses frères, soeurs et proches, une sorte de communauté mystico-poétique pas référencée dans Spirit-mag. De quoi laisser perplexe tout français moyen... Deuxième épine: Daniel peut se targuer d'être un des seuls êtres au monde à pouvoir faire passer Robert Plant pour un baryton. Si les prévisions s'avèrent exactes, 1/3 d'entre vous devraient développer une allergie à son suraigüisme, mais ne fuyez pas, c'est sur cet album qu'il est le plus tempéré...
Mais alors, quid de la magie, me direz-vous? Eh bien, le cocktail Danielson est décalé et détonnant: des idées simples et efficaces, un goût certain de l'expérimentation, des structures imprévisibles, un groove brut et un entrain à toute épreuve, des textes surréalistes et naifs, des ambiances brossant pèle-mèle country à la Neil Young, glam-folk bourré de choeurs et de gens qui se prennent par la main, punk aigü avec un orgue et une sèche, pop côté Beatles, des plages aériennes cousues d'innatendu... Et cette voix... toujours perchée, toujours juste, même fausse, folle, à la limite de plein de choses... entourée de choeurs qui slaloment entre harmonie pure et chorale d'école...
Arrive cette galette. La Danielson famile en est à son 5ème album d'americana-gospel frappadingue, et monsieur Smith s'offre une virée en solo (sauf que tout le monde est resté, dont son pote Suftjan Stevens). C'est plus épuré, moins criard, plus produit, mais ne nous leurrons pas, c'est bien le 6ème Danielson.
Et c'est magnifique. Beaucoup d'afficionados considèrent même que c'est le meilleur. Dix chansons, dix pépites. "Things Against Stuff", un peu sur le mode "Love Is All", ouvre le bal. Simplicité (apparente, car la chose est admirablement composée, pour preuve le départ du refrain), choeurs entrainants, et des breaks si bien sentis qu'on ne les remarque presque pas... On enchaîne illico avec "Cooking Mid-Country", qui change tranquillement de direction au gré d'évidences qu'on ne peut qu'observer, une sorte de Bohemian Rhapsody folk (!). Le sautillant "Animal In Every Corner" est bien entendu un single qui cartonne sur la planète des poulets sous acide. "Daughters Will Tune You" est une leçon. Une leçon d'épure, de lyrisme, d'inventivité... et là encore, trois fois rien (plus un banjo). "Our Givest", ou le glam-folk par excellence. Et là, je tressaille: "Sweet Sweeps". Que dire? chef d'oeuvre total ? Comment une chose aussi belle, aussi bien sentie, peut-elle rester confidentielle ?? Cette chanson est folle, la montée en puissance renvoie jouer Slipknot au hockey sur lave... et en acoustique... c'est inhumain.
Cessons là le catalogue, la suite est du même tonneau. Brother Is To Son est assurément un des plus beaux albums qu'il m'ait été donné de croiser, et croyez-moi, il y a du monde au portillon. Etrangement, c'est à Elliott Smith que je pense. Même évidence, même sensation de beauté inespérée, hors du temps et des modes. Sauf qu'ici point de mélancolie, mais une joie ferme et presque enfantine. Et surtout, de la grande, grande musique, imprévisible et salvatrice. 2004, vous êtes sûrs ?
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Emil |
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