Mineral

Vous connaissez sans doute déjà les texans énervés de At The Drive-In, et leur furie jusqu'au-boutiste ? Voici le groupe Mineral, venu aussi du Texas, et autre digne représentant du style emo. Groupe à la carrière certes éphémère, mais marquante. L'écoute de cet album révèle immédiatement un emo plus mélodique, au tempo calme et posé. Les arrangements sont très soignés, avec une tonalité presque pop. Mais nous y retrouvons, grâce au talent du chanteur-guitariste Chris Simpson, ces vocaux flippés, fébriles et sincères, caractéristiques du style, qui suscitent une irrépressible émotion.
Chaque composition est emplie d'une profonde mélancolie qui ne parviendrait pas à étouffer totalement une salutaire rage de vivre. Des sentiments qui s'opposent, bouillonnent, pour atteindre parfois des pics émotionnels, quand les guitares rugissent soudain à l'unisson d'une voix étreinte par l'angoisse, notamment sur les superbes "Palisade" et "Unfinished". Ceci est parfaitement en phase avec des textes qui nous parlent des affres de l'adolescence finissante, de regrets amers et d'amours perdues, de la difficulté d'être jeune et angoissé face à une vie dont on ne sait parfois que faire. La frustration s'y mêle avec la peur de se noyer dans l'océan des possibles. Tout cela sonne comme la plainte d'un cœur en hiver qui attendrait son printemps depuis trop longtemps déjà. Car l'espoir éperdu d'une nouvelle chaleur, d'une nouvelle lumière, d'une libération, semble bien être le thème principal de l'album, comme le suggère la fin de "ForIvadell" : ‘where new weather will fall on you, and all your fears break, like waves folding into themselves, and disappearing into the sea'.
Incontestable réussite, EndSerenading marquera cependant la fin de Mineral. Après le split, Chris Simpson fondera avec son bassiste Jeremy Gomez le groupe The Gloria Record qui poursuivra dans la même veine, tout en allant vers un style plus apaisé.