Jeffrey Lee Pierce

Wildweed

Wildweed

 Label :     Triple X 
 Sortie :    1985 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Wildweed est à ma connaissance la seule oeuvre solo de Jeffrey Lee Pierce plus connu en tant que leader d'un groupe de légende : le Gun Club.

Ce disque semble profondément humain tant il est authentique. Porté par une sorte de force auto-détructrice qui emportera Jeffrey mais plein de rage, de désespoir mais surtout plein de talent.
Cela commence par un très grand "Love & Desperation", et ça continue avec des titres qui ont tout de standards : le fabuleux "Sex Killer" surtout. Celui-ci est sans doute ce que Jeffrey a enregistré de mieux, meilleur même que tous les titres du Gun Club.
9 chansons, 9 coups de poing mélangeant blues et rock à la perfection.
"Cleopatra Dreams On", "Midnigth Promise" ou le testament musical d'un génie toujours trop méconnu mais à l'énorme influence (occulte).


Bon   15/20
par Mozz


  Editions CD en 1994 sur Triple X et multiples rééditions sur différents labels.


 Moyenne 17.00/20 

Proposez votre chronique !



Posté le 27 septembre 2007 à 20 h 01

Jeffrey Lee Pierce, chanteur abrasif et peroxydé du Gun Club. Le Gun Club au nom parfait, groupe culte et obscur (forcément) dont personne ne parle mais que tout le monde connaît, tant son influence a été décisive (Red Hots, Jack White...). Fruit d'une attirance pour le morbide, la réelle magie, et d'une certaine fascination pour une Amérique poisseuse, ancestrale. Blues, punk, vaudou, ce que l'on voudra, toujours est-il qu'une écoute imbibée de Fire of Love peut traumatiser, descente dans un ailleurs, disons, malsain. Le Gun Club c'est l'essence fiévreuse qui a détruit son leader en lame de rasoir. Le Gun Club n'est pas pour vous.
Gros, mexicain, fan de jazz et du Creedence Clearwater Revival adorant Blondie, Jeffrey Lee s'est transformé à l'aide d'amour, d'alcool et d'opiacés en gourou éviscéré beau et maudit avant de mourir dans l'indifférence quasi totale.
Loser flamboyant ? Étiquette. Jeffrey tirait plus vers le jeteur de sort toxique que vers la figure christique. Damné et transpirant, JLP est la solitude alcoolisée au milieu d'un cimetière, une sorte de sorcier californien qui chante des trucs genre ‘She is like heroin to me, she cannot miss a vein', pourritures vicieuses mais sublimes, éphémères.
Wildweed est son premier album solo. Inspiré par Lou Reed et Dylan, le disque est un orage, une cicatrice électrique et pure un peu éloignée de la pochette " rurale ". On aurait pu croire de la part de ce fan de Delta blues à un album puisant à la source saumâtre des anciens, il n'en est rien. Juste Osiris qui ouvre ses portes. Pour le reste on attendra l'album enregistré dans sa chambre Ramblin' Jeffrey Lee ...
"Love And Desperation", qui introduit le brûlot, est un post-punk bleu , un avertissement qui bien sûr attire comme la voix des fantômes. Toujours mieux que The Cure. Dissimulé involontairement, on comprend le mercure. "Sex Killer". Jeffrey est un des plus grands songwriters américains, chantant la frustration et le désespoir. Un sorcier hululant, dévasté. Sa voix fait trembler tant elle est limpide. Derrière la colère, une âme. Inutile d'essayer de décrire ses chants de liqueur éternelle, sa voix est la grâce même, condamnée à agoniser lentement ("Sensitivity"). Les guitares sont rouillées et tranchantes, les solos dignes d'un Verlaine. L'atmosphère est celle d'un charnier mystique, comme Jeffrey Lee Pierce se débat dans la poussière d'un désert, oiseau seul. L'homme est dans le manque mais possède une substance, une aura ravageuse. Poison Ivy, guitariste des Cramps, craignait le Pierce qu'elle accusait de lui avoir lancé un sort lors d'un concert. Vertigineux, le vague sosie de Marlon Brando (si si) dont l'amour a bu le sang se fait le fossoyeur des sales promesses, ces serments d'avenir non tenus. Loup affamé, il hurle, prêt à payer le prix. Et dans chaque larme un peu de mort. Jeffrey portait en lui la mélancolie de l'électricité. Sacrifice et marécages... ce genre de choses. Qui sait peut-être est-il toujours en proie aux tortures froides, comme sur le poème parlé "Fertility Goddess". L'homme aura tout supporté -même le manque de reconnaissance-, jusqu'à Amsterdam. Wildweed est une scarification. Wildweed est sa plaie métallique. Le sang ne coule plus. Ne reste que l'amertume malade et un nuage.

Et puis, avec sa musique décadente mais sophistiquée sur les bords, Jeffrey Lee aurait pu être un des seuls trucs cool des années 80, ayant contribué à la scène punk underground de l'époque. Mais voilà, Jeffrey Lee Pierce n'est pas cool, sa voix est la matière du désespoir haineux, sa musique un feu chamanique.
Exceptionnel ! !   19/20







Recherche avancée
En ligne
437 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
On vient de te dire que le morceau que tu as encensé est l'œuvre du groupe que tu conchies le plus