Jessamine
The Long Arm Of Coïncidence |
Label :
Kranky |
||||
Basé à Seattle, Jessamine n'a pourtant rien à voir -ni même à envier- à un groupe comme Nirvana. Le Post-Rock Expérimental c'est eux et ce long deuxième album le confirme comme jamais !
Il y a les fameux 'albums du mois', les toujours sympathiques 'sans plus', les pompeux doubles albums, les kitsch 'classiques du rock 'n roll', etc... Bref, c'est la joie ! The Long Arm of Coïncidence lui, ne joue résolument pas dans cette cours 'mainstream' : il appartient au clan restreint des grands disques à part.
Sortis en 1996 pour une durée totale de 74 minutes (!), les dix titres qui le compose font du post-rock le mouvement new wave des années 90 ! Difficile d'émettre une comparaison de style, tant le son de Jessamine est personnel : batterie Jazz-Rock hypnotique sonnant 'live', guitare électrique 'crade' mais jamais 'rockabily', synthétiseur & effets 'vintage', basse sourde hyper présente, chants plaintifs ; le tout dans un esprit de retranchement. Ils n'ont certes pas le son d'époque, mais ils réinventent à leur manière le psychédélisme (le morceau le plus court fait 5 minutes). De plus, ils ont un vrai potentiel de réussite -de part l'efficacité de leur compositions et l'unité au sein du groupe- or, et c'est ce qui m'interpelle, chacun des titres distille du perturbateur, du dépressif.
On est donc loin des jolis petits refrains entraînants à la Placebo / Smashing / REM et cie, vous savez ceux où l'on peut taper tranquillement du pied dans sa caisse au bord de la plage ! Pour peu, Unwood paraîtrait flirter avec l'ennemi 'commercial' ... En fait le plaisir procuré par l'écoute d'un disque de Jessamine est ailleurs, il s'exprime dans un "degré supérieur de l'écoute musicale", enfin, si on me permet l'expression.
Et puis la basse ... la bassiste plutôt ! Ici, on est étranger au coup marketing et/ou sexiste du 'ouais une fille !' proposé depuis deux décennies. Dawn Smithson envoie ainsi la puérile Melissa Auf Der Maur se rhabiller pour 30 piges avec les braves d'Indochine ! C'est tout simple, je la place (Dawn, pas Melissa rhaaa !), aux côtés de son homologue Mick Karn, au rang de 'bassiste de génie de l'espace !' Car la basse chez le quatuor de Seattle est, de mon point de vue, l'élément central ... en tout cas celui qui m'a marqué dès la première écoute. Je m'explique; ce n'est jamais une ligne se contentant de suivre (sorry d'Arcy...) une mélodie principale balancée par une énième guitare rythmique, puisque :
1/ la basse impose son propre 'phrasé' sous un son sourd risqué (par moment ça fait comme des ultrasons qui font mal à l'oreille !)
2/ les compositions sont le fruit d'une écriture décalée issue de l'expérimental concerté. Si ne sait pas trop de qui des quatre musiciens à lancé l'idée, on note en revanche que tout s'imbrique avec la 'perfection des perfectionnistes' ...
Mais ne tardons plus, les titres vite !!! "Say What You Can" - "... Or What You Mean" se révèle être un enchaînement de 2 chansons. Il est amusant de constater que le premier titre passe mieux juste après avoir écouté le dernier ... ça doit être concept ! Avec "Periwinkle", le 'grand jeu' commence véritablement. Une basse quasi à la "Candidate" de Joy Division, mais Dawn apportant son style : glissando dépressif, son sourd, grinçant même, jamais d'effets et toujours à la limite de crasher les lampes d'ampli (cf. la pochette). Le chant est ici un duo où chacun (guitariste et la bassiste) chante son couplet à tour de rôle. Pour donner une idée, on est à l'opposé d'un "Just Say Yes" des Cure : pas d'ambition 'pop candy faussement salace' à l'horizon ! Et durant ce titre en mid-tempo, vient se greffer des bruitages retro tous droits sortis d'une série Z des années 60 -apportant ainsi une touche hard listening très ... classe !
"Step Down" est un titre dépressif, 'very gloomy you see ?'. Le chant de la bassiste est encore plus poussé : à l'image d'une Martha Tilson sur l'album Sextet d'A Certain Ratio, la voix est semblable à un soupir constant. On s'imagine bien Dawn tirer la tronche sur un éventuel clip (sic ... et pourtant quel tour de force ! Les titres 5 à 7 quant à eux, sont de véritables improvisations. Cependant il y a un tel esprit de groupe, de savor-faire aussi, qu'il s'avère délicat (faute de notes internes) de différencier une 'improvisation' d'une 'simulation'. En effet, par improvisation, ne vous attendez pas à un tâtonnement bruitiste façon Sonic Youth citant le mouvement Fluxus ou grand père John Cage. L'improvisation c'est avec eux une recherche qui prend son temps (10 minutes), créant une ambiance froide, souvent mélodieuse (aucune fausse note !) pour apparaître finalement construite et maîtrisée.
Le titre éponyme de l'album, placé en avant-derrière position s'avère un 'gros' morceau. Après une parte instrumentale de 5 minutes, le chant arrive enfin comme libérateur d'une angoisse pesante quoique jamais entièrement débarrassée. Le synthétiseur est ici un orgue vintage proche de l'arpeggiateur maladif, pour marquer davantage le coup ... The Long Arm Of Coïncidence se termine (enfin !) par une improvisation de génie. Un module triste aux claviers est rejoint peu à peu par les 3 autres musiciens : une basse lente mais très présente, des 'accords-tests' à la guitare grinçante et une batterie jazzy psychédélique. On note des incessants retours au calme après le tumulte, pour une lenteur finale. Le chant de la bassiste répond bien au titre ( "All The Same" veut dire "après tout..." ) : vain, découragé, écoeuré, dépité, la liste est longue ...
Jessamine, de sa courte carrière (4 années seulement), n'a pas connu le succès escompté ... et pour cause : leur post-rock s'est toujours refusé l'accès radiophonique, de part leur 'mauvaise' tendance à l'expérimentation et aux atmosphères dépressives.
Il y a les fameux 'albums du mois', les toujours sympathiques 'sans plus', les pompeux doubles albums, les kitsch 'classiques du rock 'n roll', etc... Bref, c'est la joie ! The Long Arm of Coïncidence lui, ne joue résolument pas dans cette cours 'mainstream' : il appartient au clan restreint des grands disques à part.
Sortis en 1996 pour une durée totale de 74 minutes (!), les dix titres qui le compose font du post-rock le mouvement new wave des années 90 ! Difficile d'émettre une comparaison de style, tant le son de Jessamine est personnel : batterie Jazz-Rock hypnotique sonnant 'live', guitare électrique 'crade' mais jamais 'rockabily', synthétiseur & effets 'vintage', basse sourde hyper présente, chants plaintifs ; le tout dans un esprit de retranchement. Ils n'ont certes pas le son d'époque, mais ils réinventent à leur manière le psychédélisme (le morceau le plus court fait 5 minutes). De plus, ils ont un vrai potentiel de réussite -de part l'efficacité de leur compositions et l'unité au sein du groupe- or, et c'est ce qui m'interpelle, chacun des titres distille du perturbateur, du dépressif.
On est donc loin des jolis petits refrains entraînants à la Placebo / Smashing / REM et cie, vous savez ceux où l'on peut taper tranquillement du pied dans sa caisse au bord de la plage ! Pour peu, Unwood paraîtrait flirter avec l'ennemi 'commercial' ... En fait le plaisir procuré par l'écoute d'un disque de Jessamine est ailleurs, il s'exprime dans un "degré supérieur de l'écoute musicale", enfin, si on me permet l'expression.
Et puis la basse ... la bassiste plutôt ! Ici, on est étranger au coup marketing et/ou sexiste du 'ouais une fille !' proposé depuis deux décennies. Dawn Smithson envoie ainsi la puérile Melissa Auf Der Maur se rhabiller pour 30 piges avec les braves d'Indochine ! C'est tout simple, je la place (Dawn, pas Melissa rhaaa !), aux côtés de son homologue Mick Karn, au rang de 'bassiste de génie de l'espace !' Car la basse chez le quatuor de Seattle est, de mon point de vue, l'élément central ... en tout cas celui qui m'a marqué dès la première écoute. Je m'explique; ce n'est jamais une ligne se contentant de suivre (sorry d'Arcy...) une mélodie principale balancée par une énième guitare rythmique, puisque :
1/ la basse impose son propre 'phrasé' sous un son sourd risqué (par moment ça fait comme des ultrasons qui font mal à l'oreille !)
2/ les compositions sont le fruit d'une écriture décalée issue de l'expérimental concerté. Si ne sait pas trop de qui des quatre musiciens à lancé l'idée, on note en revanche que tout s'imbrique avec la 'perfection des perfectionnistes' ...
Mais ne tardons plus, les titres vite !!! "Say What You Can" - "... Or What You Mean" se révèle être un enchaînement de 2 chansons. Il est amusant de constater que le premier titre passe mieux juste après avoir écouté le dernier ... ça doit être concept ! Avec "Periwinkle", le 'grand jeu' commence véritablement. Une basse quasi à la "Candidate" de Joy Division, mais Dawn apportant son style : glissando dépressif, son sourd, grinçant même, jamais d'effets et toujours à la limite de crasher les lampes d'ampli (cf. la pochette). Le chant est ici un duo où chacun (guitariste et la bassiste) chante son couplet à tour de rôle. Pour donner une idée, on est à l'opposé d'un "Just Say Yes" des Cure : pas d'ambition 'pop candy faussement salace' à l'horizon ! Et durant ce titre en mid-tempo, vient se greffer des bruitages retro tous droits sortis d'une série Z des années 60 -apportant ainsi une touche hard listening très ... classe !
"Step Down" est un titre dépressif, 'very gloomy you see ?'. Le chant de la bassiste est encore plus poussé : à l'image d'une Martha Tilson sur l'album Sextet d'A Certain Ratio, la voix est semblable à un soupir constant. On s'imagine bien Dawn tirer la tronche sur un éventuel clip (sic ... et pourtant quel tour de force ! Les titres 5 à 7 quant à eux, sont de véritables improvisations. Cependant il y a un tel esprit de groupe, de savor-faire aussi, qu'il s'avère délicat (faute de notes internes) de différencier une 'improvisation' d'une 'simulation'. En effet, par improvisation, ne vous attendez pas à un tâtonnement bruitiste façon Sonic Youth citant le mouvement Fluxus ou grand père John Cage. L'improvisation c'est avec eux une recherche qui prend son temps (10 minutes), créant une ambiance froide, souvent mélodieuse (aucune fausse note !) pour apparaître finalement construite et maîtrisée.
Le titre éponyme de l'album, placé en avant-derrière position s'avère un 'gros' morceau. Après une parte instrumentale de 5 minutes, le chant arrive enfin comme libérateur d'une angoisse pesante quoique jamais entièrement débarrassée. Le synthétiseur est ici un orgue vintage proche de l'arpeggiateur maladif, pour marquer davantage le coup ... The Long Arm Of Coïncidence se termine (enfin !) par une improvisation de génie. Un module triste aux claviers est rejoint peu à peu par les 3 autres musiciens : une basse lente mais très présente, des 'accords-tests' à la guitare grinçante et une batterie jazzy psychédélique. On note des incessants retours au calme après le tumulte, pour une lenteur finale. Le chant de la bassiste répond bien au titre ( "All The Same" veut dire "après tout..." ) : vain, découragé, écoeuré, dépité, la liste est longue ...
Jessamine, de sa courte carrière (4 années seulement), n'a pas connu le succès escompté ... et pour cause : leur post-rock s'est toujours refusé l'accès radiophonique, de part leur 'mauvaise' tendance à l'expérimentation et aux atmosphères dépressives.
Excellent ! 18/20 | par Alanbyond |
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